Vaccins anticovid: Amnesty accuse les laboratoires de délaisser les pays pauvres
Dans un rapport publié mercredi , l’ONG estime que les
fabricants, qui ont reçu «des milliards de dollars» d’aide publique,
font obstacle à la fabrication du vaccin dans les pays les moins
avancés.
L’ONG Amnesty international a
accusé mercredi 22 septembre les groupes pharmaceutiques qui produisent
les vaccins contre le Covid-19 d’alimenter une «crise des droits humains
sans précédent», réclamant l’octroi de deux milliards de doses aux pays
pauvres. Dans un rapport intitulé «Une double dose d’inégalité: les
compagnies pharmaceutiques et la crise des vaccins contre le Covid-19»,
l’ONG affirme que la plupart d’entre elles ne donnent pas la priorité
aux pays les plus pauvres. Cette publication intervient alors qu’un
sommet mondial sur les vaccins est prévu mercredi. Le président
américain Joe Biden a promis d’annoncer des engagements supplémentaires
pour la vaccination des pays les moins avancés.
«Vacciner
le monde est notre seule voie pour sortir de cette crise. Il devrait
être temps de saluer ces entreprises, qui ont créé ces vaccins si
rapidement, comme des héros», a déclaré dans un communiqué la secrétaire
générale d’Amnesty, Agnès Callamard. «Au lieu de ça, à leur grande
honte et notre chagrin collectif, le blocage intentionnel du transfert
de connaissances par Big Pharma et leurs manœuvres en faveur des États
riches ont engendré une pénurie de vaccins tout à fait prévisible et
tout à fait dévastatrice pour tant d’autres.»
L’ONG
a passé en revue la politique d’AstraZeneca, Pfizer, BioNTech, Moderna,
Johnson & Johnson et Novavax – dont le vaccin n’est pas encore
approuvé – en matière de droits humains, fixation des prix, propriété
intellectuelle, partage de connaissances et de technologie, allocation
de doses et transparence. Elle a conclu qu’«à divers degrés, les six
développeurs de vaccins n’ont pas respecté leurs responsabilités en
matière de droits humains». Sur 5,76 milliards de doses administrées,
seules 0,3% l’ont été dans des pays à «faibles» revenus, 79% allant dans
des pays aux revenus «moyens supérieurs» et «élevés», souligne l’ONG.
Pfizer,
BioNTech et Moderna prévoient de dégager au total 130 milliards de
dollars de profits d’ici à fin 2022, selon Amnesty, pour qui «les
bénéfices ne devraient jamais passer avant les vies». Si la plupart des
groupes ont reçu «des milliards de dollars de financements
gouvernementaux, les développeurs de vaccins ont monopolisé la propriété
intellectuelle, bloqué les transferts de technologie et limité de
manière agressive les mesures qui permettraient d’étendre la fabrication
dans le monde de ces vaccins», accuse Amnesty.
L’ONG
appelle entreprises et gouvernements à «changer de cap» pour fournir
deux milliards de vaccins aux pays à faibles et moyens revenus.
Contactées par l’ONG avant publication du rapport, toutes ces
entreprises sauf Novavax lui ont répondu et ont reconnu qu’une
distribution juste et équitable, particulièrement dans les pays à
faibles revenus, est essentielle, et mis en avant leurs efforts en ce
sens, sans convaincre Amnesty.