Les Taliban veulent s’adresser à l’Assemblée de l’ONU au nom de l’Afghanistan
Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement des Taliban a
demandé, dans une lettre, à prendre la parole devant l’Assemblée
générale de l’ONU à New York au nom de l’Afghanistan, à l’instar de
l’ambassadeur de l’ancien gouvernement déchu. Les Nations unies doivent
trancher.
La représentation de
l’Afghanistan devant l’Assemblée générale annuelle de l’Organisation des
Nations unies (ONU) est disputée. Le ministre des Affaires étrangères
du gouvernement nommé par les Taliban, Amir Khan Muttaqi, a demandé à
s’exprimer au nom de l’Afghanistan lors de cette réunion, tout comme
l’ambassadeur de l’ancien gouvernement déchu.
Les
Nations unies n’ont pas encore tranché qui représenterait ce pays dans
la réunion qui s’est ouverte mardi 21 septembre pour une semaine,
explique le porte-parole de l’organisation, Stéphane Dujarric.
Les
deux demandes concurrentes sont dans les mains de la « commission des
accréditations », a-t-il ajouté, sans préciser si celle-ci se réunirait
avant lundi, dernier jour de la semaine d’interventions des dirigeants
des pays de la planète à la prestigieuse tribune new-yorkaise de l’ONU.
Deux lettres reçues par l’ONU
Le
secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a d’abord reçu le 15
septembre une lettre de l’actuelle représentation permanente de
l’Afghanistan, signée de son ambassadeur Ghulam Isaczai. Ce dernier est
présenté comme « chef de délégation » pour l’Assemblée générale, a
rapporté Stéphane Dujarric.
Ensuite, le 20
septembre, Antonio Guterres « a reçu une lettre à en-tête du ministère
des Affaires étrangères de l’Émirat islamique d’Afghanistan », signée par
le chef de la diplomatie désigné par les Taliban après leur arrivée au
pouvoir mi-août.
Amir Khan Muttaqi « demande à
participer » au grand rendez-vous diplomatique mondial, a ajouté le
porte-parole, sans préciser s’il entendait parler en personne à New York
ou par vidéo enregistrée, comme c’est autorisé cette année en raison du
Covid-19.
Dans sa lettre, le ministre Taliban
souligne qu’Ashraf Ghani a été « renversé » et que les pays à travers le
monde « ne le reconnaissent plus comme président » de l’Afghanistan.
Un porte-parole des Taliban à Doha, Suhail Shaheen, est désigné ambassadeur d’Afghanistan à l’ONU, selon cette lettre.
Des décisions souvent soumises au vote
La
plupart des gouvernements de la planète n’ont pas encore reconnu le
gouvernement nommé par les Taliban, exigeant auparavant qu’il remplisse
plusieurs conditions, dont le respect des droits des femmes et son
engagement à laisser partir d’Afghanistan ceux qui le souhaitent.
La
commission des accréditations est composée de la Russie, la Chine, les
États-Unis, la Suède, l’Afrique du Sud, le Sierra Leone, le Chili, le
Bhoutan et les Bahamas.
Dans le cas de deux
demandes de représentation diplomatique pour un État-membre, les membres
de la commission se sont souvent abstenus dans le passé de trancher sur
le fond en renvoyant la question à l’Assemblée générale pour qu’elle se
prononce lors d’un vote, précise à l’AFP une source diplomatique.