Civisme : Le cleaning day, un projet mort-né
Lancé le 4 janvier 2020 par le
chef de l’Etat, le cleaning day avait suscité un engouement populaire.
Le président Macky Sall avait donné le ton en descendant dans son
quartier de Mermoz armé d’un râteau et d’une pelle pour nettoyer les
rues. Il donnait ainsi le coup d’envoi du « Set Setal » sur l’ensemble
du territoire. Mais cette ferveur est vite retombée au fil du temps
plongeant ce projet au cimetière de projets désuets.L’image
était belle, le président de la République et son épouse s’activant
ardemment avec la population pour nettoyer leur quartier de Mermoz. Par
ce geste, le couple présidentiel voulait inciter l’ensemble du peuple
sénégalais à entretenir leur cadre de vie. Cette initiative devait se
répéter un samedi de chaque mois. Un projet qui est la matérialisation
de l’une de ses promesses tenue lors de son investiture en 2019. «
C’est par une mobilisation générale que nous forgerons l’image d’un
nouveau Sénégal : plus propre dans ses quartiers, plus propre dans ses
villages, plus propre dans ses villes ; en un mot un Sénégal « Zéro
déchet » déclarait le président Macky Sall le 2 avril 2019. Et la
population a répondu favorablement à l’appel du président Macky Sall
pour la première édition du cleaning day le 4 janvier 2020. En témoigne
l’engouement dans les différentes artères de Dakar et dans l’intérieur
du pays. Une euphorie qui a baissé d’un cran après deux éditions. Cette
initiative qui était censé changer les habitudes et rendre plus
reluisants les quartiers du Sénégal a fait long feu. Bien que
l’intention du chef de l’Etat fût bonne, l’approche de ce projet pose
problème. « Il fallait impliquer la base. C’est à dire une gestion
collégiale. Car, le cleaning day est avant tout un art de vivre. Un
comportement de tous les jours. Le cleaning day est un projet de société
et dans ce pays, personne ne peut te dire c’est quoi le projet sociétal
», pense Maxime Diassy, habitant de Keur Massar. Invité de l’émission
‘’Toc Toc Sénégal’’ sur ITV en mars 2021, Abou Ba l’actuel Directeur du
Cadre de vie et de l’Hygiène publique, a assuré que le cleaning day
devait reprendre au mois de mai. Six mois plus tard, on est toujours au
point mort.
Les raisons d’un échec
Mais
alors, pourquoi ce projet n’a pas pu être pérennisé dans le temps ?
L’une des causes semble être le Covid-19 qui a fait son apparition en
mars 2020. En effet, le gouvernement avait instauré des mesures
restrictives pour contrer l’avancée du virus. C’est l’argument évoqué
par Oumar Ba, ancien Directeur du Cadre de vie et de l’Hygiène publique
dans les colonnes du ‘’Témoin’’ : « On a fait la première édition à
Dakar en janvier et une deuxième à Kaolack au mois de février. C’est au
moment de faire la 3ème à Thiès qu’il y a eu le Covid-19 et les
interdictions de rassemblements ». L’autre raison de cet échec est la
politisation de cette journée. Les différents mouvements soutenant le
président Macky Sall se sont livrés une guerre sans merci. On pouvait
voir plusieurs groupes de jeunes arborer des t-shirts mettant en exergue
leur parrain. Le but de cette manœuvre était de montrer la capacité de
mobilisation de ces mouvements de soutien dans leurs différentes
localités. Ces guerres fratricides ont failli dégénérer dans certains
coins du pays. C’est le cas à Mbour où les soutiens du Directeur de
l’administration générale et de l’équipement (DAGE) Abdou Lahad Sarr et
ceux du Directeur général de l’Agence de développement municipal (ADM)
Cheikh Issa Sall se sont crêpé le chignon. L’origine de cette dispute
est que Cheikh Issa Sall et Cie avaient empiété sur la zone des soutiens
du DAGE. C’est la police qui a mis un terme à cette querelle entre ces
rivaux de l’APR.