Emmanuel Macron reçoit une dernière fois Angela Merkel
La chancelière allemande, qui s’apprête à faire ses adieux au
pouvoir, sera reçue jeudi soir à l’Élysée pour un diner de travail.
Emmanuel
Macron reçoit jeudi 16 septembre Angela Merkel à dîner, l’une des
dernières occasions pour les deux dirigeants de mettre en scène la
proximité politique franco-allemande, alors que la chancelière s’apprête
à faire ses adieux au pouvoir. Le président et la chancelière feront
une déclaration à 19 heures, avant un entretien suivi d’un dîner de
travail, a indiqué l’Élysée mercredi . Au menu, un
ensemble studieux de sujets internationaux, «en tout premier lieu
l’Afghanistan», avait annoncé Steffen Seibert, le porte-parole de Mme
Merkel. L’Élysée a évoqué en sus mercredi «l’Iran, la Libye, l’Ukraine,
la Biélorussie» mais aussi «les grands défis européens en matière de
défense, d’asile et migration, et de transition climatique et
numérique».
Les
deux dirigeants veulent aussi préparer ensemble le sommet entre l’Union
européenne et les Balkans occidentaux, à Ljubljana, le 6 octobre
prochain – une date à laquelle il est probable que le successeur
d’Angela Merkel ne sera pas nommé -, et la future présidence française
de l’Union européenne, au premier semestre de 2022. Ce dernier
rendez-vous est d’autant plus crucial pour Emmanuel Macron qu’il
coïncidera – et se mêlera nécessairement pour lui – avec la campagne
électorale en France et l’élection présidentielle des 10 et 24 avril, à
laquelle il sera candidat, sauf énorme surprise.
L’Afghanistan au menu
Dans
l’immédiat, les conséquences de la victoire des talibans à Kaboul
restent l’un des dossiers les plus pressants pour les Européens, et donc
pour la relation franco-allemande. La présidente de la Commission
Ursula von der Leyen a notamment annoncé mercredi qu’un sommet sur la
défense serait organisé par Paris pendant sa présidence de l’UE, alors
que le retrait d’Afghanistan a relancé la réflexion sur l’autonomie des
Européens. La création d’une force européenne de réaction rapide de
5.000 militaires est en discussion depuis plusieurs mois et le retrait
américain d’Afghanistan a relancé le débat en soulignant les carences
militaires du vieux continent.
Au-delà de ces
enjeux, l’invitation d’Angela Merkel à Paris met une dernière fois en
lumière la relation personnelle et de travail entre Emmanuel Macron et
Angela Merkel, qui a considérablement évolué depuis 2017. Au départ,
difficile de trouver beaucoup de points communs entre une chancelière de
67 ans, élevée à l’école de la prudence, et un jeune président de 43
ans qui a érigé l’audace et le mouvement en marqueurs politiques. Mais
au fil du temps, les deux dirigeants ont réussi, selon de nombreux
témoins, à bâtir une solide relation de confiance.
Le
président français s’est longtemps heurté aux réticences allemandes
envers la hausse des dépenses de l’UE. Face au Covid, les deux
dirigeants ont su resserrer leurs liens pour conclure une alliance
aboutissant en mai 2020 à la proposition d’un plan de relance européen
de 750 milliards d’euros, largement financé par des emprunts européens
mutualisés. Ils ont ensuite œuvré ensemble pour arracher un accord
historique sur ce plan.
Emmanuel Macron a reçu
ces derniers jours à l’Élysée les deux favoris pour succéder à Angela
Merkel à Berlin, le social-démocrate (SPD, centre gauche) Olaf Scholz et
le démocrate-chrétien (CDU, centre droit) Armin Laschet. Du côté d’Olaf
Scholz, coartisan du programme de mutualisation de dettes et de relance
européenne post-Covid, Paris peut espérer une moindre orthodoxie
budgétaire, surtout si le social-démocrate gouverne avec une majorité
bien ancrée à gauche. Si Armin Laschet l’emporte, Berlin pourrait garder
le pied sur le frein des dépenses et de la dette.