ABC, Ablaye Faye, Awa Diop, Ndiaye PAI… L’émouvant texte de Wade
Nombre de ses camarades de parti, des amis, des compagnons, ont été emportés par la grande faucheuse ces derniers temps. Me Wade leur rend un hommage dans ce texte émouvant que nous vous proposons.
La
troisième vague de Covid-19 qui sévit actuellement dans notre pays est
sans précédent. Elle frappe, parents proches et amis. C’est dans ce
contexte éprouvant que j’ai décidé d’évoquer quelques figures et
regrette par avance, de ne pas pouvoir parler de tous les disparus.
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le rappel à Dieu de
mon petit frère, Ablaye FAYE, Ministre d’Etat, mon ancien compagnon de
lutte. Inspecteur de l’Éducation de son état, Ancien Président du
Conseil Régional de Dakar, il s’est très tôt engagé à mes côtés,
assumant avec fierté l’héritage politique de sa maman, mon amie de
génération mère Thioumbé Thiam, première présidente des femmes du parti.
Militant loyal et courageux, infatigable défenseur de la démocratie
et des libertés, il a été de tous les combats du PDS, de l’UJT à la
Commission de discipline, en passant par l’Administration du Parti. Ce
n’est qu’en 2019 qu’il a passé le témoin à Daouda NIANG pour des raisons
de santé l’obligeant à s’éloigner de la sphère de décision.
Ablaye Faye porte sur son corps les traces des brutalités de la
police, coups de crosse aux côtes et à la tête. Je ne manque jamais de
prier pour lui. Comment ne pas rappeler, une fois de plus, le rappel à
Dieu de ma sœur Awa DIOP, militante de la première heure du PDS,
Présidente des femmes, députée et Ministre. Elle s’est toujours
distinguée par son militantisme et sa pugnacité.
Ndiaga NDIAYE
dit NDIAYE PAI s’est tellement confondu avec les toutes premières
batailles de l’époque coloniale qu’il a été surnommé « Ndiaye PAI », du
nom du premier parti politique qui, en zone francophone, a osé crier
indépendance à haute voix. Aussi, la disparition de celui qui, en lui
seul, était ‘’les archives de toutes les luttes’’. Il était
l’incarnation de la fidélité en politique.
Il aura tout donné au
PDS, son temps, son énergie, ses maigres ressources, et son âme. Il fut
la bibliothèque du Parti. Il faudrait que le parti négocie ce patrimoine
unique auprès de sa famille que sont les archives de Ndiaye PAI.
Le décès brutal de Alioune Badara CISSE, mon fils, qui ne manquait
jamais, chaque année, de venir à mon domicile me souhaiter un joyeux
anniversaire en me récitant un poème qu’il avait composé pour moi, et
avec qui je partage l’idée de la réunification de la grande famille
libérale. En rappelant que c’est moi qui l’ai ramené de l’Université
américaine du Minnesota des Etats-Unis où il enseignait, parce que je
pensais lui confier, un jour, le portefeuille de l’agriculture qu’il
aimait et maitrisait. Cela aurait été un grand apport précieux au
Sénégal et à l’Afrique. Brillant avocat, je lui ai confié la défense de
Laurent Gbagbo, surtout le côté négociations avec Houphouët, ce qui m’a
permis de tester ses talents de diplomate.
Il fut Secrétaire Général de mon Gouvernement. Je retiens de lui le
pieux musulman qui ne manque pas ses prières, un intellectuel de haut
niveau, courtois, véridique et très engagé pour son pays et l’Afrique.
Qu’Allah le Tout Puissant, leur accorde à tous son pardon et les agrée
en son Paradis.
Le Khalife Général de Thiénaba, Serigne Abdou Rahim
SECK, fut mon ami, en plus de liens de parenté. Dès que j’ai appris la
triste nouvelle, j’ai commencé mes prières en sa faveur
S’agissant de
Cherif Abdoulaye THIAW LAYE, Khalife Général des Layènes nous
partagions la même chambre à la caserne, nos lits étaient côte à côte,
ce qui nous permettait de causer très tard la nuit, après l’extinction
de feux. Ce sont des liens ineffaçables.
Serigne Mansour SALL est le fils de Serigne Abbas Sall, mon cousin qui me fut révélé par mon père.
Je
clos cette liste par un autre de mes fils, courageux s’il en est, mon
chauffeur Assane Guèye qui a consacré sa vie pour moi, comme à l’époque,
lorsqu’on savait mépriser la mort pour l’affronter et mourir en plein
jour. Dieu de tous les musulmans, accorde ton pardon à mon fils Assane
Guèye qui incarne les vertus de courage et d’audace en ce qu’elles ont
de plus pure.
Conformément à la tradition, je présente mes condoléances d’abord au
Khalif Général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké à l’occasion du
rappel à Dieu de Serigne Cheikh Fall Djeumb, son talibé, talibé de
Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Khadimou Rassoul, et Khalif des Baye Fall.
Allah,
Allah, Allah, Moi, Abdoulaye Wade, je suis là à genoux devant toi le
Roi de l’humanité et de l’Univers, pour t’implorer et demander ta grâce
pour tous ceux que tu as rappelés à toi pour leur accorder ton Sublime
Pardon et que j’ai cités, pour ceux que je n’ai pas cités par oubli, à
tous les musulmans.
En tant que musulman, nous acceptons la volonté divine et prions
Allah de renforcer notre foi et notre soumission à toi en ces moments de
douleur et de tristesse.
Abdoulaye WADE, Ancien Président de la République