Afghanistan : les Américains mettent fin à la guerre la plus longue de leur histoire
Le pont aérien mis en place en catastrophe le 15 août dernier,
après que Kaboul soit tombée aux mains des talibans, s’est achevé avec
24 heures d’avance sur la date fixée par le président Joe Biden.
Le
dernier avion militaire américain a décollé de l’aéroport de Kaboul
lundi soir, une minute avant minuit, heure locale, mettant fin à la plus
longue guerre de l’histoire des États-Unis. Le pont aérien mis en place
en catastrophe le 15 août dernier, après que Kaboul soit tombée aux
mains des talibans, s’est achevé avec 24 heures d’avance sur la date
fixée par le président Joe Biden. 1200 personnes ont été évacuées au
cours de la journée de lundi, et quelque 116.000 personnes depuis le
début de l’opération. Les Marines chargés de protéger l’évacuation ont
été les derniers à embarquer à bord d’un C-17 de l’US Air Force. Après
leur départ, les talibans ont pris le contrôle de l’aéroport, la
dernière enclave américaine sur le sol afghan. «Notre pays est à présent
totalement indépendant, grâce à Dieu», a commenté sur Twitter l’un des
porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid.
Le
général Frank McKenzie, chef du Centcom, l’état-major chargé des
opérations, qui avait dû négocier avec les talibans la protection du
périmètre de l’aéroport, a ajouté qu’un certain nombre de citoyens
américains, probablement des centaines, ont été laissés sur place,
estimant qu’ils pourront encore quitter le pays. Les Américains laissent
aussi derrière eux au moins 100.000 Afghans qui pouvaient avoir droit à
un visa américain, mais qui se trouvent maintenant dans un Afghanistan
entièrement contrôlé par les talibans. Nombre d’entre eux sont d’anciens
interprètes de l’armée américaine, dont la procédure d’attribution d’un
visa spécial est en cours, mais qui craignent les représailles des
anciens insurgés.
Une intervention sans gloire
L’opération
américaine en Afghanistan s’achève moins de 15 jours avant le 20e
anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, qui avaient fait près
de 3000 morts aux États-Unis, et suscité l’intervention. Après son
investiture, Joe Biden, qui s’exprimera mardi, avait repris la promesse
de Donald Trump de mettre fin à une guerre interminable, selon le slogan
de son prédécesseur.
La longue
intervention américaine en Afghanistan s’est achevée sans gloire et dans
une confusion largement évitable, soulevant des doutes quant à la
crédibilité des États-Unis, et sur leurs capacités d’organisation.
Une
commission du Congrès doit examiner les mécomptes et l’impréparation
d’un retrait pourtant annoncé depuis des mois. Le plan initial était de
maintenir l’ambassade des États-Unis à Kaboul, protégée par une force
d’environ 650 soldats américains, dont un contingent chargé de protéger
l’aéroport. Washington prévoyait de continuer son aide au gouvernement
afghan et son armée. Mais l’effondrement des forces afghanes et du
gouvernement d’Ashraf Ghani, et la rapidité avec laquelle les talibans
ont pris Kaboul le 15 août a contraint les États-Unis à changer leurs
plans. Contraints de fermer leur ambassade, ils ont dû exécuter dans
l’urgence un extraordinaire pont aérien.
«Guerre de 20 ans»
Commencée
dans la confusion, avec des Afghans tués en tentant de s’accrocher aux
avions en train de décoller, cette évacuation a été ensanglantée par un
terrible attentat le 26 août, lorsqu’un kamikaze de l’État islamique
s’est fait exploser à une porte de l’enceinte de l’aéroport, tuant au
moins 169 Afghans et 13 Américains.
S’exprimant
peu après cette attaque, Biden a maintenu que la fin de la guerre était
la bonne décision, déclarant qu’il était grand temps pour les
États-Unis de se concentrer sur les menaces émanant d’autres régions du
monde. «Mesdames et messieurs, il était temps de mettre fin à une guerre
de 20 ans», a insisté Biden. L’autre volet du plan américain, visant à
empêcher al-Qaida de se réimplanter en Afghanistan et à contenir les
menaces posées par d’autres groupes extrémistes tels que la filiale
afghane de l’État islamique, semble aussi un peu compromis. Si les
Talibans sont les ennemis de l’État islamique, ils conservent des liens
étroits avec al-Qaida. Le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre
coïncidera avec la victoire des talibans et de leurs alliés
djihadistes.