Grugé d’environ 150 millions : Comment l’ex-maire de Dakar, Pape Diop, est tombé dans le « piège » de Djadji Sarr
Qui l’aurait
cru ? L’ancien maire de Dakar, Pape Diop, grugé à hauteur de 146
millions de F Cfa par un opérateur économique. Pourtant, les faits sont
constants. L’ancien président du Sénat et son fils Mamadou Diop ont
déposé une plainte contre Birama Dièye Sarr, plus connu sous le nom de
Djadji Sarr, à Saint-Louis, pour escroquerie.
Arrêté
et soumis à un interrogatoire serré, le mis en cause aurait confié aux
gendarmes que l’argent était destiné à la quête de marabouts et
d’offrandes pour Pape Diop. « Les marabouts venaient de partout. En
effet, content de mes actions, il m’a promis 200 millions pour appuyer
mes activités dans l’élevage. À ce jour, il ne m’a rien donné. Toujours
dans l’attente de ses promesses, j’ai continué à l’assister jusqu’à ce
qu’il achète l’hôtel Mame Coumba Bang (Saint-Louis », a servi Djadji Sarr
aux enquêteurs.
« Un jour, il a même fait passer une femme pour la première dame Marième Faye Sall »
Que
nenni ! Si l’on en croit Mamadou Diop. Ce dernier a tenu à « rétablir la
vérité des faits », suite aux déclarations de l’opérateur économique sur
cette affaire pendante devant la justice.
Le
directeur de la société SLP est même revenu sur le début de leurs
relations avec le sieur Sarr. « Nous nous sommes connus en novembre 2020,
par l’intermédiaire d’un de nos entrepreneurs, parce que nous
investissons un peu partout au Sénégal. On voulait qu’il nous aide, afin
qu’on puisse avoir un site. Par la suite, il venait souvent à Dakar.
Mieux, il se présentait comme un membre de la famille lointaine. Birama
Dièye Sarr soutenait que nous appartenons à une famille qui est à
Gandiol, entre autres. C’est comme cela qu’il a réussi à amadouer le
vieux (son père Pape Diop) », a-t-il déclaré.
Avant
de poursuivre : « C’est ainsi que nous avons continué à collaborer et, à
chaque fois qu’on devait faire quelque chose à Saint-Louis – parce que
le déplacement est un peu difficile pour nous – il faisait certaines
démarches pour nous, puisqu’il est déjà sur place. Il nous aidait, en
quelque sorte. »
Toutefois,
de cette collaboration, les deux parties ont à leurs actifs six
dossiers. Lesquels n’ont jamais connu un aboutissement. « Il (Djadji
Sarr) nous disait que certains dossiers sont au niveau des Impôts et
Domaines et d’autres sont au niveau de la direction du Conseil
sénégalais des chargeurs (Cosec) ou celle de l’Agence nationale des
affaires maritimes (Anam). Donc, cela traînait. Et pour chaque dossier,
il prenait de l’argent, prétextant qu’il le donnait aux autorités. Un
jour, il a même fait passer une femme pour la première dame Marième Faye
Sall », révèle Mamadou Diop.
Le
fils de l’ancien maire de Dakar avance que le mis en cause a presque
utilisé beaucoup de personnalités de ce pays pour arriver à ses fins.
« Près de 150 millions de F Cfa pour des marabouts. C’est quel combat qu’on est en train de mener ? »
Poursuivant,
Diop fils dit : « Mais quand nous avons déposé la plainte au niveau de
la gendarmerie, il a nié tous les faits, arguant qu’on ne lui a jamais
remis de l’argent. Ce n’est que lorsque la gendarmerie lui a présenté
les copies des chèques et certaines transactions via Wave, qu’il a fini
par invoquer l’histoire des marabouts. »
Et
de souligner : « Mais je pense qu’au Sénégal, les gens sont assez
intelligents pour savoir que près de 150 millions de F Cfa, personne ne
peut les mettre dans le maraboutage. Autrement dit, c’est quel combat
qu’on est en train de mener ? Nous, nous sommes dans le privé et nous
sommes en train d’y investir, pas plus. »
Selon
le plaignant, c’est lorsque Birama Dièye Sarr a été interpellé et que
l’affaire s’est ébruitée à Saint-Louis « qu’on a eu écho de sa vraie
personnalité et de sa nature ». « Et tout Saint-Louis nous a alertés en
nous disant que c’est un multirécidiviste. C’est quelqu’un qui est connu
du parquet, qui a eu plusieurs condamnations pour les mêmes faits
d’escroquerie », signale Mamadou Diop.
« Djadji Sarr, un multirécidiviste, auteur de plusieurs condamnations pour escroquerie »
Quid
de l’usine de poisson ? La partie civile dans cette affaire affirme
qu’ils ont des preuves des transactions. Pis, renseigne-t-elle, « nous
sommes allés à maintes reprises sur le site avec des techniciens
français pour faire nos installations, alors qu’il n’y avait que le
vide. Je pense qu’il avait juste amadoué le vigile qui était là-bas pour
qu’on puisse rentrer. Mais tout cela sera tiré au clair au procès.
C’est un manipulateur ; il a abusé de notre confiance, parce que nous
pensions qu’il était un membre de la famille qu’on avait perdu de vue.
Mais, apparemment, rien ne nous lie à lui. C’est un beau parleur ».
Quoi
qu’il en soit, Djadji Sarr a été placé sous mandat de dépôt, le 4 août
dernier, à la prison de Saint-Louis, pour escroquerie. Dans cette
citadelle du silence, il pourra réfléchir sur ses solides arguments de
défense, pour se tirer d’affaire.