Afghanistan : Les évacuations reprennent à l’aéroport de Kaboul après des scènes de chaos
Le département
américain de la Défense a annoncé lundi que le tarmac de l’aéroport de
Kaboul avait été rouvert, quelques heures après la suspension des vols
en partance ou à destination de la capitale afghane due au chaos après
la prise du pouvoir par les Taliban.
Après
la panique, le retour au calme. Le trafic de vols civils et militaires a
repris à l’aéroport de Kaboul, a annoncé tard lundi 16 août, le général
américain Hank Taylor depuis le Pentagone. La situation à l’aéroport,
dont les pistes ont été envahies par des milliers de personnes tentant
désespérément de fuir l’Afghanistan tombé aux mains des Taliban, avait
empiré au point que tous les vols avaient dû être suspendus plusieurs
heures lundi après-midi.
Un
représentant du Pentagone a déclaré à des journalistes à Washington
qu’un appareil C-17 de l’armée américaine avait atterri à Kaboul et
qu’un autre y était attendu plus tard dans la journée.
Le
fulgurant triomphe final des insurgés dimanche a déclenché des scènes
de panique monstre à l’aéroport de la capitale afghane. Une marée
humaine s’est précipitée vers ce qui est la seule porte de sortie de
l’Afghanistan, pour tenter d’échapper au nouveau régime que le mouvement
islamiste, de retour au pouvoir après 20 ans de guerre, promet de
mettre en place.
De
l’autre côté de l’Atlantique, le président Joe Biden a défendu lundi
coûte que coûte le retrait américain d’Afghanistan, malgré la prise de
contrôle des Taliban et les scènes de désespoir à l’aéroport de Kaboul.
« Après
20 ans, j’ai appris à contrecœur qu’il n’y avait jamais de bon moment
pour retirer les forces américaines », a affirmé Joe Biden lors d’une
adresse à la nation, très attendue en raison du mutisme présidentiel
durant ce week-end historique qui a vu le président Ashraf Ghani fuir
l’Afghanistan.
« La vérité est que tout cela s’est déroulé plus rapidement que nous l’avions prévu », a toutefois concédé le démocrate.
Face
au chaos régnant à l’aéroport de Kaboul, le locataire de la Maison
Blanche a par ailleurs menacé les Taliban d’une réponse militaire
« rapide et puissante » si ces derniers venaient à perturber les
opérations d’évacuation en cours.
Débâcle totale pour les forces afghanes
Ils ont aussi assuré que des milliers de combattants convergeaient vers la capitale pour en assurer la sécurité.
Le désormais ex-président Ashraf Ghani a reconnu dimanche soir que les Taliban avaient « gagné ».
Dans
une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le mollah Abdul Ghani
Baradar, co-fondateur de ce mouvement islamiste, a appelé ses troupes à
la discipline.
Le
Conseil de sécurité des Nations unies a lui mis en garde les Taliban
contre toute volonté de faire du pays une base pour de futures attaques
terroristes. Il a demandé aux nouveaux maîtres de l’Afghanistan de
mettre en place un nouveau gouvernement représentatif incluant notamment
une « participation pleine, entière et significative des femmes ».
La
débâcle est totale pour les forces de sécurité afghanes, financées
pendant vingt ans à coups de centaines de milliards de dollars par les
États-Unis.
En
dix jours, le mouvement islamiste radical, qui avait déclenché une
offensive en mai à la faveur du début du retrait des troupes étrangères,
a pris le contrôle de quasiment toute l’Afghanistan.
Et
en 20 ans après en avoir été chassé par une coalition menée par les
États-Unis en raison de son refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama
Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.
Les
États-Unis ont affirmé lundi qu’ils ne reconnaîtraient un gouvernement
mené par les Taliban en Afghanistan qu’à condition que ces derniers
respectent les droits des femmes et rejettent les terroristes.
Notre position « dépendra du comportement des Taliban », a résumé le porte-parole du département d’État, Ned Price.
La Chine avait été le premier pays à dire lundi vouloir entretenir des « relations amicales » avec les Taliban.
Le
ministère russe des Affaires étrangères a estimé que « la situation en
Afghanistan et en particulier à Kaboul se stabilisait. Les Taliban
procèdent au rétablissement de l’ordre public ».
A
contrario, le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a jugé
que ce n’était « pas le moment » de reconnaître le régime taliban. Le
Premier ministre Boris Johnson a appelé à organiser une rencontre
virtuelle des dirigeants du G7 « dans les prochains » jours.
« Initiative » européenne pour « protéger contre les flux migratoires importants »
Le
président français Emmanuel Macron a pour sa part déclaré dans la
soirée que l’Afghanistan ne devait « pas redevenir le sanctuaire du
terrorisme qu’il a été » et appelé à « une réponse (internationale)
responsable et unie ».
Lors
d’une allocution télévisée consacrée à la situation en Afghanistan,
tombé aux mains des Taliban, le chef de l’État français a dit lundi
vouloir porter une initiative européenne visant à « anticiper » et
« protéger contre des flux migratoires irréguliers importants » qui
« nourrissent les trafics de toute nature », alors que de nombreux Afghans
tentent l’aventure de l’émigration clandestine et que la prise du
pouvoir par les Taliban risque d’accentuer le mouvement.
« Nous
porterons donc, en lien avec la République fédérale d’Allemagne et
d’autres Européens, une initiative pour construire sans attendre une
réponse robuste, coordonnée et unie », a poursuivi le président français,
en appelant à « la solidarité dans l’effort, l’harmonisation des
critères de protection et la mise en place de coopérations avec les pays
de transit ».
De
son côté, Washington a envoyé 6 000 militaires pour sécuriser
l’aéroport et faire partir quelque 30 000 Américains et civils afghans
ayant coopéré avec les États-Unis qui craignent les représailles des
Taliban.
De nombreux autres diplomates et ressortissants étrangers ont également été évacués à la hâte de Kaboul dimanche.