Côte d’Ivoire: 78 détenus libérés, l’apaisement se poursuit
Abidjan – Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé
vendredi la remise en liberté de 78 personnes détenues depuis 2020 pour
leur opposition à son troisième mandat, nouveau signe de l’apaisement
politique perceptible depuis plusieurs mois en Côte d’Ivoire.
Dans
un discours prononcé à la veille de la fête de l’indépendance, le chef
de l’Etat a annoncé « la mise sous contrôle judiciaire ou en liberté
provisoire (…) de 69 inculpés détenus suite aux évènements survenus à
l’occasion de l’élection présidentielle d’octobre 2020 ».
Il
a ajouté avoir accordé « la grâce à neuf personnes condamnées pour des
infractions commises à l’occasion de ces mêmes évènements ». « L’examen de
la situation d’autres personnes encore détenues se poursuit », a-t-il
affirmé.
Alassane Ouattara a été
réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé lors d’une
présidentielle boycottée par l’opposition qui jugeait ce mandat
inconstitutionnel, ce qui avait provoqué une crise ayant fait une
centaine de morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre
2020. La tension est depuis retombée et les
élections législatives de mars se sont déroulées dans le calme, avec la
participation des grands partis d’opposition qui en ont accepté les
résultats donnant la majorité au parti présidentiel. Une exception dans
un pays à l’histoire récente marquée par les violences politiques.
« Je
me réjouis donc que l’opposition ait pris part aux élections
législatives », a d’ailleurs noté le chef de l’Etat. « Nous avons
aujourd’hui une Assemblée nationale plurielle, pour la première fois
depuis deux décennies, comprenant tous les partis politiques
significatifs de notre pays ».
La libération
des prisonniers avait été réclamée par les leaders de l’opposition,
Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, tous deux anciens présidents.
M.
Gbagbo, rentré en Côte d’Ivoire le 17 juin après avoir été
définitivement acquitté de crimes contre l’humanité par la Cour pénale
internationale (CPI) fin mars et grâce au feu vert du président, avait
abordé la question lors de sa rencontre le 27 juillet avec Alassane
Ouattara.
Lors de cette première rencontre
depuis la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts,
il avait transmis au chef de l’Etat une liste de 110 détenus qualifiés
de « politiques ».
– « Se parler, se réconcilier » –
Dans
cette liste figuraient des personnes arrêtées après la crise de
2010-2011, mais aussi des personnes interpellées en 2020 à l’occasion de
la présidentielle et en marge du retour en juin de M. Gbagbo.
La crise de 2010-2011 était née du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle face à M. Ouattara.
Henri
Konan Bédié a quant à lui adressé une lettre au président Ouattara à la
veille de son discours pour lui demander la libération de tous les
prisonniers.
« L’évolution de la situation
socio-politique de notre pays montre que le moment est venu de se parler
et de se réconcilier. La célébration de la fête de l’indépendance le 7
août prochain, offre le cadre idéal pour se surpasser dans le sens du
pardon », a-t-il écrit, ajoutant: « c’est pourquoi je vous demande de
prendre (…) le leadership du processus de réconciliation, par la
libération générale des prisonniers des crises sociales que nous avons
subies ».
Le chef de l’Etat a réaffirmé son
« attachement au dialogue constructif, qui permet d’apaiser davantage
notre pays et d’aller de l’avant, pour son développement ».
« Ce
dialogue, je l’ai poursuivi moi-même avec mon aîné, le président Henri
Konan Bédié, le 11 novembre 2020, et plus récemment, avec mon jeune
frère, le Président Laurent Gbagbo », a-t-il dit.
« Rien
ne doit entraver la marche de la Côte d’Ivoire vers son développement,
et le bien-être de chacun », a-t-il ajouté, et « c’est pourquoi je me
réjouis de toutes les initiatives visant à l’apaisement. Je ne ménagerai
aucun effort pour cela, dans le respect de la loi et des
Institutions ».