Burkina Faso : L’extradition de François Compaoré suspendue par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH)
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a
suspendu provisoirement, ce vendredi 6 août 2021, l’extradition de
François Compaoré de la France vers le Burkina Faso. Le frère de
l’ancien président Blaise Compaoré est mis en cause dans l’affaire de
l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo, en 1998. La
CEDH, qui avait été saisie par les avocats de l’accusé, précise que
c’est une mesure provisoire, le temps qu’elle examine le dossier.
Dans
un bref communiqué, la Cour européenne des droits de l’homme explique
que ce type de mesures provisoires ne s’applique que lorsqu’il y a un «
risque imminent de dommage irréparable », mais qu’elle ne présage pas de
ses décisions ultérieures sur le fond de cette affaire.
La
décision est en tout cas immédiatement contraignante, selon les
juristes consultés par RFI : elle suspend provisoirement le décret
d’extradition de François Compaoré, initialement signé en mars 2020 par
l’ex-Premier ministre français Édouard Philippe.
Cette
décision de la Cour européenne des droits de l’homme ne surprend pas
les avocats de la famille Zongo, selon notre correspondant à
Ouagadougou, Yaya Boudani. Selon Me Ambroise Farama, la Cour européenne
ne fait qu’appliquer la procédure après sa saisine par les avocats de
François Compaoré. Dans les rues de Ouagadougou, certains Burkinabè
accusent les avocats du frère cadet de Blaise Compaoré de vouloir faire
traîner le dossier en justice. Un avis que partage Me Ambroise Farama
qui ne doute pas de la tenue d’un procès pour situer toutes les
responsabilités sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses
trois compagnons.
Selon
un cadre du ministère burkinabè de la Justice, la principale décision
qui est attendue, c’est le verdict de la CEDH à la fin de la procédure
suite à sa saisine par les avocats de François Compaoré.
Le recours devant le Conseil d’État rejeté
Depuis,
la défense du frère de l’ancien président burkinabè avait multiplié les
recours en France, estimant que son client serait victime de
traitements inhumains ou dégradant à Ouagadougou. Le dernier de ces
recours, déposé devant le Conseil d’État, la plus haute entité
administrative du pays, avait été rejeté vendredi 30 juillet. François
Compaoré aurait donc dû partir pour le Burkina Faso dans les prochaines
semaines.
Mais
avec cette décision de la CEDH, son avocat Me Pierre-Olivier Sur estime
qu’une éventuelle extradition pourrait au moins être retardée de
plusieurs mois, ou de plusieurs années. Le temps que le fond du dossier
soit examiné. Il précise également que le contrôle judiciaire de son
client devait être automatiquement levé et son passeport rendu.
»
La Cour européenne reprend l’analyse à partir de zéro de ce dossier
puisqu’il va y avoir maintenant de très nombreux mois, même quelques
années, d’instruction du dossier à Strasbourg pour que la justice puisse
dire et juger s’il y a lieu d’extrader M. François Compaoré »