Abdou Mbow : « Dire que Macky est le responsable de cette 3e vague est une fable politicienne »
Ces dernières
semaines, face à la vague de cas de coronavirus qui touche le Sénégal,
le gouvernement, à travers le chef de l’Etat et le ministre de la santé,
fait face à de vives critiques de l’opposition, de Ousmane Sonko en
particulier. Sans oublier celles liées au calendrier électoral dont la
période de révision des listes s’ouvre à peine et laisse déjà des
critiques et des accusations de fraude être affirmées par certaines
franges de cette même opposition, augurant d’un climat é peu propice à
des élections départementales et municipales sereines. C’est dans ce
cadre que l’honorable député Abdou Mbow, 1er vice-président de
l’Assemblée nationale et porte-parole adjoint de l’Apr, a tenu à monter
au créneau pour affirmer certaines choses et éclairer l’opinion sur
certaines contrevérités diffusées dans le landernau médiatique par des
opposants selon lui « prêts à faire feu de tout bois ».Les
Echos : Honorable député Abdou Mbow, la situation sanitaire est
complexe et les Sénégalais sont inquiets. Et pourtant ils n’ont pas
l’impression que le gouvernement sur ce point est au travail pour
empêcher l’aggravation de cette situation qui nous mènerait vers une
3ème vague meurtrière et déstabilisatrice pour notre économie. Qu’en
dites-vous ?
Abdou
Mbow : D’abord, je tiens à exprimer toute ma compassion et celle du
gouvernement sénégalais dirigé par son Excellence Macky Sall à
l’intention des familles et des Sénégalais touchés par cette maladie qui
trouble notre époque et le monde qui la traverse. J’exprime aussi toute
ma solidarité avec les personnels soignants des hôpitaux publics et
privés, qui mènent un combat épique pour faire face à cette pandémie, et
qui nous prouvent à chaque instant que notre système de santé est
conduit par des compétences dont le Sénégal peut être fier. Cependant,
nul n’ignore que sur toute la planète, le combat est ardu et difficile.
Tous les pays et non des moindres sont sujets à cette vague, avec un
variant aux caractéristiques nouvelles et pas encore maîtrisées par la
communauté scientifique internationale, ce qui devrait inciter les
cassandres nationaux à un peu plus de modestie dans les solutions
hasardeuses qu’ils avancent en guise de programme politique sur cette
question. En fait de quoi parlons-nous ? Nous parlons d’une maladie qui a
laissé l’économie du monde en désastre et que nous avons su traverser
au Sénégal avec énormément de résilience et de solidarité. Notre système
de santé s’est montré solide et nos soignants efficaces dans les deux
premières vagues, malgré les décès qu’évidemment nous regrettons. Comme
dans tous les pays, il y a eu un certain relâchement, dû aux progrès que
la communauté scientifique internationale croyait avoir accomplis, et à
la politique vaccinale généralisée, dont nous avions tous cru qu’elle
nous mettrait à l’abri d’une nouvelle vague.
Face
à cette nouvelle donne, que doit faire le chef de l’Etat pour que les
Sénégalais soient mieux protégés et ne cèdent pas à la panique comme on
peut le voir dans certains centres de santé où les vaccins sont
administrés et dans certains hôpitaux qui sont complètement remplis de
malades ? Doit-il reprendre la parole pour une nouvelle politique de
mesures protectrices ?
Son
Excellence Macky Sall est allé rendre visite aux scientifiques de
l’Institut Pasteur de Dakar, qui sont une référence mondiale de par
leurs qualifications. Déjà, dans le but de les encourager dans leur
tâche rendue encore plus difficile face à l’augmentation des cas de
contamination, mais aussi pour les rassurer quant aux moyens que le
Sénégal mettra bientôt à leur disposition pour qu’ils participent à la
découverte d’un vaccin « made in Sénégal », ce qu’assurément nous somme en
capacité de proposer au monde. Le chef de L’Etat a parlé et dit ce que
les Sénégalais devaient faire, certains en ont rigolé quand il a exhorté
les populations à aller se vacciner ; les soi-disant savants de
l’opposition ont ironisé sur la comédie des vaccinations auxquelles se
soumettaient certains d’entre nous, que ce soit les ministres ou même le
Président, laissant croire que ce n’était pas le même vaccin qui allait
être inoculé aux Sénégalais. Ces gens-là sont-ils crédibles aujourd’hui
lorsqu’ils donnent des leçons de « il y avait qu’à » ou « il faudrait
que », aisées à dire lorsqu’on n’est pas en responsabilité autre que le
« ministère de la parole » ? Ce qui se passe dans le monde entier doit
nous inciter à plus de modestie et de circonspection face aux nouveaux
développements de la pandémie. Et ce que le président de la République
fait, c’est-à-dire être présent sur le terrain pour encourager les
soignants et réconforter malades et familles endeuillées, est fortement
appréciable et nous le savons, apprécié des populations.
Mais
ne pensez-vous pas que si le chef de l’Etat ne s’adresse pas aux
Sénégalais, ce n’est pas pour éviter de les exhorter à plus de
responsabilité et de se voir accusé d’avoir lui-même manqué de
responsabilité en organisant cette tournée « économique » qui serait,
selon de nombreux observateurs, responsable de la recrudescence de la
pandémie et de cette redoutable et meurtrière 3ème vague ?
Il
est temps d’arrêter de diffuser cette fable politicienne. En quoi cette
tournée économique qui a servi à faire prendre conscience aux
populations concernées par ces réalisations destinées à l’amélioration
de leurs conditions d’existence, était politicienne ? De plus,
l’épicentre des contaminations est à Dakar et à un degré moindre, à
Touba, et dans ces endroits-là, je ne pense pas que le chef de l’Etat
ait déplacé des foules pour l’applaudir. Cependant, il n’est pas
irresponsable, au contraire, de pouvoir dire et redire autant de fois
qu’il sera nécessaire qu’il ne faut pas abandonner les gestes barrières
et continuer à redoubler d’hygiène corporelle, avoir à l’esprit que les
rassemblements sont causes possibles de contamination et qu’en ces
occasions, il convient d’être et vigilant et responsable, notamment des
personnes âgées de nos entourages. Est-ce néanmoins suffisant ? Bien sûr
que non. Il nous faut poursuivre les incitations à aller se faire
vacciner, d’autant que nous avons, au Sénégal, été parmi les premiers
pays africains à avoir cette démarche d’acquisition de tous les vaccins
possibles et à avoir concouru à l’éligibilité de l’avoir en priorité et
de le diffuser de manière universelle, sans restriction de catégorie ni
d’âge. Alors, que certains opposants, comme Monsieur Sonko, fassent
commerce politique de la détresse des populations, en affirmant contre
toute vérité que les mille milliards avaient été détournés de circuits
de santé censés faire face à cette pandémie, relève de la plus vulgaire
démagogie, mais chez cet homme, cette habitude est une seconde nature.
Justement,
en ce moment, commence la révision des listes électorales en vue des
élections départementales et municipales de janvier 2022. Déjà la
polémique enfle sur une possibilité de fraude concernant les
primo-votants. On crie au loup, alors que la bergerie n’est pas encore
ouverte ?
C’est
de bonne guerre, sauf que c’est indécent en ces moments où nous devons
être concentrés sur les solutions sanitaires devant nous permettre de
sortir de cette impasse pandémique, de faire naître une polémique de
plus alors que toute l’opposition participe au déroulement du processus
électoral, notamment à cette étape de révision des listes pour laquelle
j’encourage toute la jeunesse, mais pas seulement elle, notamment celles
et ceux qui ont changé d’adresse, de statut matrimonial et bien sûr
celles et ceux de nos jeunes qui viennent d’avoir 18 ans et qui les
auront en janvier 2022, comme c’est écrit dans la loi, à aller
s’inscrire. C’est leur devoir et jamais le patriote et républicain que
je suis n’encouragerait une personne à se soustraire à cette nécessité
de faire son devoir électoral. Mais il est risible que ces partis qui
crient à la fraude avant la bataille n’aient pas critiqué ce même code
électoral qui était en vigueur lorsque, ensemble, en 2012, nous avons
gagné les élections présidentielles et les municipales qui ont suivi.
Mais l’incohérence est leur marque distinctive. La mauvaise foi et la
malhonnêteté leur servent d’armes politiques. Ne détournons pas les
Sénégalais du combat à la vigilance sanitaire qui s’impose à tous et
dont nous sommes tous responsables, celui d’aller se faire vacciner et
de faire attention à son prochain. Il n’est pas l’heure de jouer aux
apprentis-sorciers. C’est une injure aux personnes touchées et à leurs
familles de propager le déni. Mais c’est plus aisé pour ces cassandres
que de proposer des solutions.
Je voudrai aussi
préciser que toutes les évaluations et missions d’auditeurs après la
refonte du fichier électoral ont recommandé d’abandonner la pratique
d’inscription avec un extrait et un certificat de résidence en ce
qu’elle favorise davantage le piratage du fichier. Cette opposition est
prise dans son propre piège. Elle a toujours demandé une transparence au
niveau des opérations électorales et aujourd’hui, c’est cette même
opposition qui demande le contraire. Messieurs les opposants, dites ce
que vous voulez au lieu de rester dans un imbroglio qui n’a pas de non.