La Côte d’Ivoire avance ses pions sur la réforme du franc CFA
L’Assemblée nationale ivoirienne a adopté cette semaine l’accord de
coopération avec la France pour la mise en œuvre de l’eco, la future
monnaie ouest-africaine. Mais les dispositions de cette monnaie censée
remplacer le franc CFA continuent de faire débat. Notamment sur sa
parité fixe avec l’euro garantie par la France.
102
votes pour, 12 contre, et 48 abstentions : c’est à l’écrasante majorité
des députés présents, que la Côte d’Ivoire a lancé la réforme du franc
CFA, devançant les autres États de l’Union monétaire ouest-africaine.
L’accord
avait été signé fin décembre 2019 à Abidjan, lors d’une visite du
président français Emmanuel Macron, et le projet de loi a été entériné
en Conseil des ministres en France le 20 mai 2020. Mais les débats
subsistent en Côte d’Ivoire sur les modalités de sa mise en œuvre.
Pour
le député RHDP Famoussa Coulibaly qui dirige la Commission chargée
d’examiner le projet de loi ratifiant l’accord de coopération avec la
France, la réforme marquera la fin de la présence française dans les
instances de gouvernance monétaires ouest-africaines. Selon l’élu,
l’ancienne puissance coloniale doit accompagner les États de la
sous-région dans cette phase transitoire, qui doit mener à terme au
lancement de la monnaie eco dans toute la zone de la Communauté des
États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) d’ici à 2027.
C’est
justement sur le rôle de la France que s’interroge les opposants à
cette réforme. Jean-Gervais Tchéidé, député EDS proche de Laurent
Gbagbo, dénonce surtout la parité de l’eco avec l’euro garantie par
l’État français.
« Premièrement, l’euro est
une monnaie forte. Et lorsque vous avez une parité avec une monnaie
forte, les spécialistes nous disent que – à terme -, cela pénalise vos
exportations, donc la balance extérieure va fatalement être déficitaire.
Deuxièmement, dans l’accord, il est stipulé « se réserve le droit de
revenir dans la gouvernance, si d’aventure une crise pointe à
l’horizon », ce qui revient au même. »
La loi doit maintenant être adoptée au Sénat, avant sa promulgation par le président Alassane Ouattara.