Covid-19 : les disparités d’accès aux vaccins creusent les inégalités économiques
Alors que la reprise devrait être plus rapide que
prévu dans les économies développées, celle des pays émergents risque
d’être plus lente, en raison notamment de l’accès inégal aux vaccins
contre le coronavirus, a alerté mardi, le FMI, qui maintient sa
prévision de croissance mondiale de 6 % en 2021.
Une
reprise économique à deux vitesses. Selon le Fonds monétaire
international, le fossé entre les économies développées et les pays
émergents risque de se creuser suite à la pandémie de Covid-19,
notamment du fait des disparités d’accès au vaccin, a prévenu, mardi 27
juillet, l’institution regroupant 190 pays.
« L’accès
aux vaccins est devenu la principale ligne de rupture divisant la
reprise mondiale en deux blocs », souligne le FMI dans ses prévisions
économiques mondiales actualisées et publiées mardi. D’un côté, la
plupart des économies avancées, qui ont accès aux vaccins et « peuvent
s’attendre à une normalisation de l’activité cette année ». De l’autre,
les pays qui n’y ont pas ou peu accès et « resteront confrontés à une
résurgence des infections et à l’augmentation du nombre de décès liés au
Covid-19 ».
Le
produit intérieur brut (PIB) devrait donc progresser plus vite que
prévu dans les économies développées, de 5,6 % en 2021 (0,5 point de
plus que lors des dernières prévisions, en avril). Par contraste, les
marchés émergents et économies en développement devraient connaître une
forte croissance cette année, mais plus lente que précédemment attendu,
de 6,3 % (-0,4 point).
C’est
l’Inde, ravagée par une résurgence du virus à cause du variant Delta,
qui connaît le plus fort ralentissement de ses perspectives économiques,
avec une croissance attendue à 9,5 % (-3 points). La situation se
dégrade aussi pour la Chine, avec une croissance attendue de 8,1 % (-0,3
point).
Un plan de 50 milliards de dollars
Près
de 40 % de la population des économies avancées est entièrement
vaccinée, contre 11 % dans les économies de marché émergentes et une
infime fraction dans les pays en développement à faible revenu, détaille
le FMI, qui a récemment proposé un plan de 50 milliards de dollars pour
vacciner au moins 40 % de la population mondiale d’ici la fin de
l’année. « Je dirais que nous sommes plus inquiets que nous ne l’étions
en avril », a même indiqué à l’AFP Petya Koeva Brooks, directrice
adjointe du FMI.
L’émergence
de variants très contagieux pourrait coûter 4 500 milliards de dollars à
l’économie mondiale d’ici 2025, alerte Gita Gopinath, économiste en
chef du FMI, dans un post de blog également publié mardi. Et « les
divergences dans le soutien politique sont une deuxième source de
l’aggravation du fossé » entre les pays, a-t-elle commenté.
Ainsi,
les États-Unis devraient connaître une croissance de 7 % cette année
(+0,6 point) et de 4,9 % en 2022 (+1,4 point) grâce aux plans
d’investissement massifs dans les infrastructures et les dépenses
sociales qui pourraient être bientôt adoptés au Congrès. Le FMI souligne
que cette vigueur économique devrait avoir des répercussions positives
sur ses partenaires commerciaux.
Idem
dans la zone euro, où le plan de relance « Next Generation » devrait
stimuler la croissance, désormais attendue à 4,6 % en 2021 (+0,2 point).
La situation devrait également être meilleure que prévu au Royaume-Uni,
avec un PIB en hausse de 7,0 % (+1,7 point).
Inflation élevée jusqu’en 2022
Et
« certains marchés émergents comme le Brésil, la Hongrie, le Mexique, la
Russie et la Turquie ont également commencé à relever leurs taux
directeurs pour parer aux pressions à la hausse sur les prix », souligne
Gita Gopinath. Le FMI appelle, en effet, les Banques centrales à
maintenir leur soutien aux économies et à ne pas resserrer leurs
politiques dans l’immédiat, estimant que « l’inflation devrait retourner à
ses niveaux pré-pandémiques dans la plupart des pays en 2022 », malgré
« le risque que des pressions transitoires puissent devenir plus
persistantes ». Le FMI table désormais, pour les économies développées,
sur 2,4 % d’inflation en 2021 (+0,8 point), et 5,4 % (+0,5 point) dans
les pays en développement.
« L’inflation
devrait rester élevée jusqu’en 2022 dans certains marchés émergents et
économies en développement, en partie en raison des pressions continues
sur les prix des denrées alimentaires et des dépréciations monétaires,
créant ainsi un nouveau fossé », a encore commenté la cheffe économiste
du FMI.
Bonne
nouvelle en revanche sur le front du commerce international, il devrait
connaître une croissance de 9,7 % en 2021 (+1,3 point), « malgré des
ruptures d’approvisionnement à court terme ». À plus long terme, pour
2022, la prévision de croissance mondiale du PIB est relevée de 0,5
point, à 4,9 %.