Tabaski : Comment les femmes polygames s’organisent pour la fête
La Tabaski est
considérée comme une grande fête au Sénégal. Au-delà du sacrifice de
mouton, ce sont de belles tenues, de nouvelles coiffures, de nouvelles
chaussures, bref un changement vestimentaire qui sont au rendez-vous.
Chez les polygames, à deux, trois ou quatre épouses, une organisation
s’impose. Et la plupart du temps, le mari et ses épouses se déplacent
pour aller la célébrer chez la grande famille. A défaut de demander aux
autres épouses de se retrouver chez la 1ère épouse (Awo).
Dans
certaines familles polygames, c’est un seul mouton qui est immolé pour
tout le monde. Dans d’autres, il arrive que le père de famille achète un
mouton pour chacune de ses épouses (Awo, niarel, nietel ou nientel).
Ou encore, que l’épouse achète son mouton pour faire le sacrifice.
M.
Ndiaye est gendarme, deuxième dame et habite seule avec sa famille.
Toutefois, elle passe la Tabaski avec la grande famille, chez la
belle-mère en présence de sa coépouse. Elle explique : «Nous avons un
dress-code ou niroleh le matin, mais le soir chacun est libre. Nous
fêtons la tabaski dans la grande famille. On partage la cuisine sans
soucis et celle qui est de tour (ayé) part au marché pour les
accompagnements des moutons. Notre mari achète un mouton pour lui et
pour chacune de ses dames, idem pour sa mère ».
Fatou
Cisse quant à elle, habite avec la première femme. «Je ne me déplace
pas, car nous habitons ensemble dans une même maison. Moi, je n’achète
pas de mouton, c’est mon mari qui en achète. Mais, ma coépouse achète
son mouton. Il n’y a pas de dress-code chez nous. Chacune fait ce
qu’elle veut.
Même
son de cloche chez Sokhna Mbaye Thiam. Elle passe la fête avec sa
coépouse et tout le monde est libre de ses actes le jour-j. «Nous
partageons le domicile conjugal. On passe normalement la fête. Rien
d’extraordinaire chez nous. Notre époux n’immole qu’un seul mouton. Nous
n’avons pas de dress-code, chacune fait selon son feeling. Celle qui
peut, achète son propre mouton pour célébrer la Tabaski comme indiqué
par la religion », a-t-elle affirmé.
Contrairement à elles, d’autres femmes polygames passent la fête de manière différente.
Pour
Mame Fatou Mbaye, une « niarel » résidant en France, la fête se passe
autrement. Car, celle-ci passe la Tabaski toute seule. «Je ne connais
même pas la « awo », (1ere dame) », dit-elle.
Fatou
Kane est une femme polygame, épanouie. Elle estime ne pas être dans les
protocoles qu’exige la polygamie. «Je le passe naturellement possible,
chez moi. Mon mari passe la journée chez l’épouse qui est de tour, mais
va chez la «awo» pour aller prier avec ses enfants. Puisqu’il achète un
mouton pour chaque dame. Je ne suis pas dans les «nirowale». Et je pense
que ce sont des futilités. Je ne me déplace pas et quand j’ai des
invités, je les reçois le plus naturellement possible», fait-elle
savoir.
La
quarantaine, Madame Mbodji vit loin de son époux qui ne vient pas
durant les fêtes. «Mon mari et sa première femme vivent à l’étranger
(Europe). Il ne vient presque pas fêter la Tabaski. Je suis seule dans
ma maison. J’égorge mon mouton et je fais la fête le plus simplement
possible », souligne-t-elle.