Le logiciel israélien Pegasus utilisé au Maroc pour espionner des journalistes français
Des services
marocains ont utilisé le logiciel d’espionnage Pegasus pour surveiller
une trentaines de journalistes et personnalités des médias français,
dont Edwy Plenel.MÉDIAS – Un
service de sécurité marocain a utilisé un logiciel-espion mis au point
par une société israélienne pour viser une trentaine de journalistes et
de patron de médias français, selon une enquête publiée ce dimanche 18
juillet dans plusieurs médias, dont Le Monde, The Guardian et The
Washington Post.
Le
logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO Group, s’il est
introduit dans un smartphone, permet d’en récupérer les messages, les
photos, les contacts, et même d’écouter les appels de son propriétaire.
NSO, régulièrement accusée de faire le jeu de régimes autoritaires, a
toujours assuré que son logiciel servait uniquement à obtenir des
renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes.
Il a été vendu au Maroc, juste avant le rétablissement de ses relations diplomatiques avec Israël, précise Le Monde.
Selon
cette vaste enquête, de multiples journalistes et patrons de médias
français figurent sur la liste des cibles de Pegasus, dans les
rédactions du quotidien Le Monde, du Canard enchaîné, du Figaro ou
encore de l’Agence France-Presse et de France Télévisions.
« À
plusieurs reprises, le consortium Forbidden Stories et le Security Lab
de l’ONG Amnesty International ont pu techniquement déterminer que
l’infection avec Pegasus avait été couronnée de succès », écrit Le Monde,
notamment dans le cas d’Edwy Plenel, le fondateur du site
d’informations en ligne Mediapart, de Dominique Simonnot, ancienne
enquêtrice du Canard enchaîné et désormais contrôleuse générale des
lieux de privation de liberté, mais aussi d’une journaliste du Monde »,
qui a souhaité rester anonyme.
« L’ADN d’un régime dictatorial »
« L’espionnage
de mon téléphone et de celui de ma consœur @LenaBred mène directement
aux services marocains, dans le cadre de la répression du journalisme
indépendant et du mouvement social », a réagi Edwy Plenel sur Twitter en
évoquant également sa consœur Lénaïg Bredoux. responsables des questions
de genre et des violences sexuelles au sein de la rédaction de
Mediapart.
Le
cofondateur estime avoir été visé parce qu’il n’a pas hésité à
critiquer la répression policière au Maroc mais aussi parce que son
médias est partenaire de Desk, un un média marocain indépendant.
Mediapart
a porté plainte ce lundi auprès du Procureur de la République. « Pendant
plusieurs mois, l’appareil répressif du royaume chérifien a ainsi violé
l’intimité privée de deux journalistes, porté atteinte au métier
d’informer et à la liberté de la presse, volé et exploité des données
personnelles et professionnelles. Aucun autre téléphone d’un membre de
l’équipe de Mediapart n’a été espionné », a précisé le journal en ligne.
D’autres
journalistes ont également évoqué leur surveillance par le Maroc, à
l’instar de la journaliste de L’Humanité, Rosa Moussaoui. « Je découvre
que mon nom figure, parmi ceux d’autres confrères français, parmi les
cibles du pouvoir marocain à surveiller via le logiciel Pegasus. Viol de
l’intimité, vol de données personnelles, attaque frontale contre le
secret des sources : l’ADN d’un régime dictatorial », dénonce-t-elle..
Certains
journalistes dont les numéros ont retrouvés ne traitent pas du tout de
questions relatives au Maroc mais leurs carnets d’adresse ont pu fournir
les contacts d’autres confrères.
Amnesty
International avait déjà dénoncé en 2020 l’infection du téléphone du
journaliste marocain d’investigation Omar Radi par le logiciel espion
Pegasus. La société NSO a démenti les allégations « mensongères » publiées
dimanche par le collectif Fordidden Stories.