Décision de la Cour d’appel sur l’affaire de 94 milliards: Ce qu’en dit Sonko
La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar a confirmé l’ordonnance du Doyen des juges qui avait estimé qu’il ne pouvait pas instruire la plainte de Sonko sur l’affaire des 94 milliards. Le leader de Pastef vient de réagir sur la décision. Pour lui, dans cette affaire, la « justice est complice d’une vaste entreprise d’escroquerie ». Ci dessous sa tribune.
UNE JUSTICE COMPLICE D’UNE VASTE ENTREPRISE D’ESROQUERIE
Chers
compatriotes, on peut vous voler des milliards de francs de vos impôts
avec la bénédiction d’une certaine justice aux ordres de Macky Sall.
Sur
l’affaire des 94 milliards, la chambre d’accusation vient de confirmer
le refus d’informer rendu par feu le doyen des juges. De quoi s’agit-il
?
1- Nous avions déposé une série de plaintes et de dénonciations pour escroquerie portant sur des deniers publics auprès :
– du Procureur de Macky Sall ;
– du Doyen des juges ;
– de l’OFNAC ;
– de l’Inspection Générale d’État.
L’OFNAC
a établi un RAPPORT D’ENQUÊTE N° 03 /2019, transmis au Procureur de
Macky Sall depuis octobre 2019, dans lequel il recommande l’ouverture de
poursuites judiciaires contre les mis en cause pour les délits :
– d’association de malfaiteurs, fait prévu et réprimé par les articles 238 à 240 du Code Pénal ;
– d’escroquerie portant sur des deniers publics, fait prévu et réprimé par les articles 152 à154 du Code Pénal;
– de tentative d’escroquerie portant sur le montant résiduel;
– et de complicité de ces faits.
L’OFNAC
ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a mis en lumière 26 autres
dossiers qui se présentent de la même manière et qui ont permis aux
mêmes acteurs de siphonner des dizaines et des dizaines de milliards du
Trésor public.
2- Le procureur de Macky Sall, qui a sur sa table
notre plainte datée de 2017 et l’excellent rapport de l’OFNAC de 2019,
refuse de lever le plus petit doigt pour la simple raison que les
escrocs sont affiliés à l’APR et qu’il s’agit d’un butin partagé à
plusieurs niveaux par le biais des ”ristournes”. Rien de vraiment
étonnant avec cet homme ;
3- Le doyen des juges, après avoir
enregistré notre plainte et nous avoir entendu, a préféré refuser
d’informer arguant que nous n’avions pas qualité à agir lorsque l’argent
de 15 millions de sénégalais est volé par une poignée de personnes.
Rien de surprenant là aussi : feu le doyen des juges m’avait avoué
devant mes avocats et son greffier, lors de notre dernier face à face le
3 mars 2021, qu’il s’était fait taper sur les doigts par toute la
hiérarchie étatique pour m’avoir simplement entendu en 2019 en qualité
de partie civile ;
4- La chambre d’accusation, avec un zèle et
une précipitation inexplicables, vient de confirmer ce refus d’informer.
On n’en attendait pas plus de ce juge : quand on est pressenti au
remplacement du procureur de Macky Sall, il faut bien donner des gages à
ce dernier qui considère que les postes de procureur, doyen des juges,
présidents du Conseil constitutionnel et de la Cour suprême, entre
autres, lui appartiennent et leurs occupants lui doivent docilité et
obéissance. À surveiller dans les semaines à venir !
5- Nous
considérons avoir largement rempli notre rôle de citoyen et de vigie
dans cette affaire. Toutefois, pour épuiser la procédure, et sans
illusion aucune, nous avons demandé à nos avocats de saisir la Cour de
Cassassion.
Sénégalaises, Sénégalais, pour faire simple :
–
le procureur de Macky Sall vous dit qu’il lui est égal que des
milliards de vos impôts soient subtilisés par des caciques du régime.
Lui est beaucoup plus préoccupé par la traque des opposants à son maître
;
– le doyen des juges et la chambre d’accusation vous disent
que oui, certainement il y a eu escroquerie, mais il ne revient pas à
Ousmane Sonko, citoyen sénégalais et député représentant du peuple de le
dénoncer : “Xaalisu réew mi la, yoonam nekku ci”
Voilà à quoi une partie importante de notre justice est réduite.
Triste
pour tous ces magistrats encore debout et fiers qui souffrent plus que
tous de ce spectacle désolant de soumission volontaire à l’exécutif.