Axel Kahn, figure de la lutte contre le cancer, est mort
Le généticien a présidé pendant de longues années la Ligue contre le cancer, tout en combattant lui-même cette maladie.DÉCÈS – La
lutte contre le cancer n’oubliera pas son nom. Le professeur Axel Kahn,
ancien président de la Ligue contre le cancer, est décédé de cette
maladie qu’il a tant combattue pour lui et tous ceux qui en souffrent, a
annoncé la Ligue ce mardi 6 juillet.
Le
17 mai dernier, Axel Kahn avait annoncé être « en train de parcourir
l’itinéraire final de sa vie » dans un message poignant où il expliquait
avoir été « rattrapé » par le cancer. Incroyablement serein et d’une
élégance rare, le généticien avait parlé de la mort comme d' »une vieille
amie » après des décennies de médecine.
« On a pas apprendre à mourir. C’est inné. Apprendre à vivre à proximité de la mort est un superbe défi. Je le relève », avait-il écrit sur Twitter le 20 juin dernier.
Après
avoir fait ses adieux publics, Axel Kahn avait quitté la présidence de
la Ligue le 1er juin. Il occupait ce poste en tant que bénévole depuis
juin 2019.
Auparavant,
le docteur en médecine et docteur ès sciences avait été directeur de
recherche à l’Inserm, directeur de l’Institut Cochin (2002-2007) et
président de l’université Paris Descartes (2007-2011).
Axel Kahn, « brillant » et « inspirant »
La
mort d’Axel Kahn, figure unanimement respectée, a provoqué une vague
d’émotions dans le milieu scientifique auquel il appartenait. Au
HuffPost, le professeur Norbert Ifrah, président de l’Institut National
du Cancer et ami proche d’Axel Kahn, s’est dit « extrêmement bouleversé ».
« C’est très violent pour moi. Et très difficile pour la cancérologie
française. Je ne peux pas en parler au passé. C’est un chercheur de très
haut niveau, inspirant, qui savait avoir du recul, qui avait gardé sa
capacité à s’indigner », a-t-il confié.
Les
représentants politiques de tous bords ont salué un « humaniste » et un
esprit « brillant et intègre. » « Rendre hommage à l’homme c’est d’abord
épouser ses combats, saluer cette vie qui avait valeur d’exemple et
faire nôtres ses engagements. Mes pensées accompagnent sa famille, ses
proches et tous ceux qui ont eu l’honneur de partager un moment de vie
avec lui », a écrit le premier ministre Jean Castex.
Axel Kahn, né le 5 septembre 1944 en Touraine, était le père de quatre enfants, et le frère cadet du journaliste Jean-François Kahn.
Il
était spécialiste des maladies génétiques, notamment hématologiques.
Ses travaux sur le cancer du foie, l’expression des gènes ou encore la
thérapie génique avaient fait l’objet de près de 600 articles dans des
revues internationales ainsi que de nombreux ouvrages. Sans oublier ses
nombreux livres, reflétant sa passion de l’éthique et de la philosophie:
« Et l’Homme dans tout ça ? » (éditions Nil, 2000), « L’homme ce roseau
pensant » sur « les racines de la nature humaine » (même éditeur, 2007) et
« Et le bien dans tout ça » (Stock, 2021).
En
mars 2020, après le scandale provoqué par les conditions indécentes de
conservation des corps donnés à la science au Centre du don des corps de
Paris-Descartes, la radio FranceInter avait assuré que le Pr Kahn avait
été mis au courant de ces graves problèmes quand il présidait
l’université. Il avait contesté ces affirmations. Certains plaignants,
notamment réunis au sein de l’association Charnier Descartes-Justice
Dignité (CDJD), estimaient toutefois qu’il faisait partie de ceux qui
n’avaient pas suffisamment agi.
Sa
dernière « Chronique apaisée de la fin d’un itinéraire de vie » avait été
publiée sur son site internet le 22 juin. « Je requiers mille pardons,
ma priorité a cessé, cessera d’être le sérieux de l’analyse des
situations, elle est la maîtrise de la douleur chez les autres et chez
moi », écrivait-il.