Autorisation de sortie de prison pour Habré : Les Nations Unies s’y opposent
L’information est
livrée par le Collectif des victimes de l’ex-homme fort de N’Djaména, ce
16 avril. Selon le collectif, les Nations Unies sont contre une
permission accordée à Hissène Habré. Ses membres soutiennent que pendant
que le juge d’application des peines examine la demande des avocats du
condamné pour une autorisation de sortie de prison de six mois, quatre
rapporteurs des Nations Unies ont rappelé au Sénégal leurs «plus graves
préoccupations» quant à une éventuelle sortie de l’ex-dictateur du
Tchad.
Pour
ces victimes, l’intervention des rapporteurs, publiée pour la première
fois le 8 juillet 2020, et rappelée aujourd’hui, avait exprimé leurs
préoccupations quant à la libération temporaire de Habré en avril 2020,
«en violation des normes internationales» et avait souligné qu’il était
«essentiel» que Habré soit maintenu en détention, étant donné la
gravité des crimes pour lesquels il a été condamné.
De
plus, dans leur lettre au gouvernement du Sénégal, les rapporteurs
sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des
garanties de non-répétition, sur les exécutions extrajudiciaires,
sommaires ou arbitraires, sur le droit à la santé et sur la torture,
avaient exprimé leurs «plus graves préoccupations quant à la libération
temporaire de l’ancien président du Tchad, M. Hissène Habré, dans le
contexte de la pandémie Covid-19, sans justification apparente de santé
publique, en violation des normes internationales concernant la
responsabilité des violations flagrantes des Droits de l’homme. (…) Nous
soulignons que le maintien en détention de M. Habré est essentiel pour
lui permettre de répondre à des graves crimes qu’il a commis et pour
garantir l’accès des victimes à la justice et à la réparation, tout en
assurant l’intégrité physique du détenu».
Pour
rappel, en décembre 2019, alors que les partisans de Habré insistaient
pour qu’il soit remis en liberté, le Comité des Nations Unies contre la
torture a écrit au gouvernement du Sénégal, pour souligner qu’une
«libération prématurée d’auteurs des crimes internationaux les plus
graves n’est pas conforme aux obligations [du Sénégal]» telles que
définies par la Convention de l’Onu contre la torture dont l’obligation
de réprimer les actes de torture et d’autres mauvais traitements par des
peines prenant en compte la gravité de leur nature.
Ainsi,
le rapporteur du comité a mis en garde contre le recours à «une mesure
déguisée d’amnistie» et déclaré que «si, d’aventure, l’état de santé de
Hissène Habré ne permettait pas le maintien en détention de celui-ci, il
fallait que ce soit avéré».
L’ancien
homme fort de N’Djaména, Hissène Habré, est sorti de prison du Cap
Manuel, le lundi 6 avril 2020. Il lui a été accordé une permission de 2
mois, pour des raisons humanitaires, en cette période de coronavirus.
Avant de regagner sa cellule à la prison du Cap Manuel de Dakar, le
dimanche 7 juin 2020.