« Pourquoi Guy Marius Sagna a été mis en cellule punitive »
Placé sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel et acte de nature à troubler l’ordre public, l’activiste Guy Marius Sagna réside, depuis vendredi dernier, à la Maison d’arrêt et de correction du Cap Manuel. Dans un communiqué, le Font pour un Révolution Anti-impérialiste, Populaire et Panafricain (Frapp), dénoncent une situation dégradante. La Directrice de cette MAC s’explique.
«Guy
Marius Sagna a été placé sous mandat de dépôt le vendredi soir. Quand
il est arrivé, il a refusé d’être identifié, il n’a pas répondu au
questionnaire de renseignement. Tout comme il n’a pas accepté d’être
fouillé. Nous l’avons tout de même fouillé parce que ce sont les textes
qui disent que tout détenu, à l’entrée comme à la sortie, doit faire
l’objet de fouille, et c’est par mesure de sécurité. Viennent ensuite
les formalités de prise d’empreintes. Il a traité mes hommes de
manipulés, de traîtres. Mais ils l’ont ignoré, parce que je les avais
préparés avant son arrivée.
J’avais déjà aménagé une chambre pour l’accueillir. Mais quand il
a commencé à nous proférer des insanités, j’ai dit à mes hommes de
l’amener dans la chambre d’accueil, la chambre 1. C’est dans cette
chambre que nous mettons en observation les nouveaux. S’ils ne
manifestent aucun signe, nous les mutons dans les autres chambres. Il se
réveille à 3 heures du matin pour inciter les autres détenus à la
rébellion. C’était le vendredi. Le chef de chambre lui demande de se
calmer et de laisser les gens se reposer.
Mon adjoint et mon chef de cour le convoquent le samedi et le
dimanche. Le lundi, il m’envoie une première lettre dans laquelle il
dénonce les conditions de détention. Dans laquelle aussi il me donnait
des ordres : «Je te demande de réduire le nombre de détenus dans cette
chambre dans les meilleurs délais.»
Alors que lorsqu’il
arrivait, il y avait moins de 80 détenus dans cette chambre qui,
d’habitude, en prenait plus de 100. Dans la lettre, il disait que les
agents de la prison n’ont pas reçu le paiement des heures
supplémentaires pour le mois de janvier et qu’il est notre porte-parole.
Je le convoque dans mon bureau pour lui demander de se comporter en
responsable et de rester tranquille.
Le mardi, il m’envoie une seconde lettre pour répéter les mêmes
plaintes mentionnées dans la première. A la fin, il me dit qu’il a
décidé d’entamer une grève de la faim illimitée, à partir de 11 heures
25. Je le fais venir dans mon bureau. Je lui demande s’il a entamé la
grève de la faim. Il répond par l’affirmative. Je lui dis que c’est son
droit le plus absolu, mais qu’il sera isolé. Il se lève et commence à me
traiter de tous les noms d’oiseaux. Il m’a dit que ma place n’est pas
ici, que je ne suis pas directrice d’une maison d’arrêt, mais d’une
maison d’esclave. Il nous a traités, mes hommes et moi, de voleurs et de
bande de vauriens. J’ai alors demandé à mes hommes de l’amener en
cellule punitive.
Là-bas, la règle est que, de peur que le détenu se suicide, on ne
le laisse qu’avec sa culotte ou son pantalon. Mais il a enlevé sa
culotte, disant qu’on lui a ôté sa dignité en le mettant dans cette
cellule. Il a même refusé que le major le consulte pour voir si son état
lui permet ou non d’aller là-bas. Il a décidé, lui-même, de rester nu.
Nous l’avons amené dans cette cellule hier (mardi) dans la soirée, il
est sorti ce matin (mercredi). Puisqu’il a décidé de continuer sa grève
de la faim, nous l’avons mis en isolement dans une chambre aménagée à
cet effet. Ce n’est pas la même chose que les cellules punitives, mais
c’est une chambre qui est préparée pour surveiller un détenu qui observe
une grève de la faim. De temps en temps, l’infirmier ou le major passe
pour prendre ses constantes et voir l’évolution de sa grève.»
Dans un communiqué, le Font pour un Révolution Anti-impérialiste, Populaire et Panafricain (Frapp), informait que Guy Marius Sagna a entamé une grève de la faim, suite à sa mise en isolement, tout nu, pour avoir relevé la situation dégradante à la chambre 1 de la prison où sont entassés 150 personnes.