Banque et assurance : Ces pratiques qui révoltent les Sénégalais
Les services offerts
aux Sénégalais par les banques et sociétés d’assurance ne sont pas
toujours des meilleurs. Les manquements sont listés dans le rapport 2020
de l’Oqsf.
Les
banques ont beaucoup d’efforts à faire pour que le Sénégal puisse
dépasser ses 20% de taux de bancarisation. En effet, les Sénégalais ne
manquent pas de griefs à l’encontre des banques, mais aussi de la
microfinance et des sociétés d’assurance. C’est ce qui ressort du
rapport 2020 de l’Observatoire de la qualité des services financiers
(Oqsf), dirigé par le banquier Habib Ndao. Durant cette année, l’Oqsf a
reçu 503 dossiers de médiation dont 347 pour les banques et Système
financier décentralisé (Sfd) appelé microfinance et 156 pour les
assurances.
Dans
le secteur bancaire, on note, entre autres manquements, l’insuffisance
des informations liées aux droits et obligations du client au moment de
l’ouverture des comptes et durant tout son fonctionnement. Mais il se
pose surtout le problème de la mobilité bancaire des clients. Cette
problématique est liée, d’après le rapport, « au coût jugé élevé de la
délivrance des attestations d’engagement et de non engagement par les
banques et les SFD ; aux pénalités appliquées en cas de remboursement
anticipé de crédit ; aux lenteurs concernant la délivrance aux clients
demandeurs d’attestations d’engagement et d’attestation de non
engagement ».
Autant
d’obstacles que les banques mettent devant les clients pour empêcher
la mobilité, alors que depuis le 1er octobre 2014, la Bceao a rendu
gratuits 19 services bancaires parmi lesquels la clôture de compte. Un
problème de confiance qui pourrait expliquer aussi le faible niveau de
consentement préalable des clients.
Les
dirigeants des banques, quant à eux, se plaignent du « volume
relativement élevé des créances en souffrance » et du « coût jugé
exorbitant des frais de droits de nantissement notamment les formalités
d’actes notariés ».
La mauvaise volonté des assureurs
Dans
les Sfd, c’est surtout le coût exorbitant du crédit et le niveau
d’éducation financière des cibles jugé faible qui posent problème. Il
s’y ajoute le surendettement et le papillonnage chez certains segments
de clients, sans oublier les méthodes de recouvrement des gros calibres
du sous-secteur, jugées inappropriées.
Dans
le secteur de l’assurance, on dirait une mauvaise volonté de la part
des assureurs. Car au-delà de la qualité de l’information avant le
contrat, jugée insuffisante, on note des lenteurs dans la nomination des
experts, « les retards récurrents dans le règlement des demandes de
rachat formulées par les assurés ; le non-paiement à bonne date des
capitaux échus par l’assureur de la rente scolaire ». Le tout sans
compter la contestation des rapports des experts par les assurés et
l’incapacité de l’assureur d’honorer ses engagements au terme du
contrat, « malgré de multiples relances de la part de l’assuré ».
Face
à tous ces écueils, l’Oqsf formule, entre autres recommandations, le
renforcement de la transparence de l’information sur le crédit du côté
des banques, la levée des entraves à la mobilité des usagers, «
l’amélioration de la qualité du réseau des GAB en raison des
défaillances récurrentes notées notamment en période de rush ».La contribution des banques
Habib
Ndao et Cie veulent également la mise à disposition des conditions
tarifaires à l’Oqsf et aux associations de consommateurs ainsi qu’une
meilleure collaboration des banques dans le traitement des conflits.
Quant au secteur de l’assurance, les recommandations se résument en deux
mots : transparence et diligence du fait de l’opacité et des lenteurs
susmentionnées.
Malgré
les manquements, les banques ont joué un rôle important dans
l’accompagnement de l’économie sénégalaise face aux impacts de Covid-19.
Parmi les actions phares des banques, « les mesures de reports
d’échéances pour la clientèle impactée », que ce soit les ménages ou les
entreprises. Un soutien possible grâce aux mesures prises par la Bceao
et l’Etat du Sénégal à travers le fonds force Covid-19 doté de 1000
milliards. L’Etat a accordé des facilités de crédit et procédé à des
remises fiscales, entre autres mesures, pour rendre l’économie
sénégalaise résiliente.
En
outre, souligne Habib Ndao, secrétaire exécutif de l’Oqsf, l’Etat du
Sénégal continue à multiplier les initiatives pour renforcer le secteur
financier. On note à ce point, la « concertation pour l’allégement des
taux d’intérêt débiteurs, élaboration d’une stratégie nationale de
l’inclusion financière, mise en place d’un groupe de travail sur
l’éducation financière de masse, projet de mutualisation de l’offre de
services financiers… ».