À Abidjan, la France souhaite former 10 000 enseignants africains
Les autorités ivoiriennes viennent d’inaugurer le
Centre de développement professionnel (CDP), une nouvelle institution
créée par la France qui doit permettre de former 10 000 enseignants de
quinze pays d’Afrique francophone les cinq prochaines années. Objectif :
muscler le système éducatif des pays africains.
La
France vient de créer à Abidjan un centre qui a pour but de former en
cinq ans plus de 10 000 enseignants de 15 pays d’Afrique subsaharienne
francophone, où plus de la moitié des élèves débutent le secondaire sans
savoir ni lire ni écrire.
Les
autorités ivoiriennes ont inauguré la semaine dernière ce Centre de
développement professionnel (CDP), saluant « une véritable aubaine ».
« Compte
tenu de la très grande proximité de nos systèmes scolaires, il nous a
semblé important de créer ce CDP », explique Jean-Christophe Deberre,
ancien directeur de la Mission laïque française, à l’initiative de ce
projet. Il s’agit, selon lui, d’une « brique de plus dans la coopération
entre la France et les pays d’Afrique francophone ».
Le
CDP doit former le personnel de l’enseignement public français en Côte
d’Ivoire et dans la sous-région, ainsi que ceux de l’enseignement privé.
Le lycée international Jean-Mermoz à Abidjan, le plus grand
établissement français du pays, abrite ses locaux.
Pendant
une semaine, conférences, ateliers, journées portes ouvertes et tables
rondes ont rassemblé plusieurs centaines de personnes, venues
« s’informer et se former » aux métiers de l’éducation.
Le
but est de former « en cinq ans plus de 10 000 enseignants et étudiants
pour relever le défi de la qualité de l’enseignement », affirme François
Clauzel, directeur du CDP.
« Nous
voulons mettre un terme à une vielle méthode qui consistait à réunir
des enseignants, leur donner une formation théorique et les renvoyer
dans leur classe », dit-il, promettant un suivi tout au long de leur
carrière professionnelle.
La
ministre ivoirienne de l’Éducation, Kandia Camara, s’est réjouie de
l’installation de ce centre « dans un environnement de plus en plus
concurrentiel ».
« Ce
centre innovant vient à point nommé pour combler des besoins pressants
en matière d’ingénierie pédagogique, de formation initiale et de
renforcement continu des capacités », a-t-elle souligné lors de la
cérémonie inaugurale.Analphabétisme
Le
CDP doit permettre de relever le système éducatif des pays africains,
de plus en plus critiqué pour la piètre qualité de ses acteurs et sa
mauvaise gouvernance.
« Plus
de la moitié (55 %) des élèves de 15 pays d’Afrique francophones
débutent leur scolarité dans le secondaire sans savoir écrire, ni lire »,
souligne un récent rapport du Programme d’analyse des systèmes
éducatifs (Pasec) des ministres de l’Éducation d’Afrique francophone.
« Ces
élèves éprouvent des difficultés d’apprentissage (…) relativement
importants dans le déchiffrage de l’écriture et la compréhension des
mots », indique ce rapport financé notamment par l’Agence française de
développement (AFD).
Une
question récurrente en Côte d’Ivoire, essentielle à la fois pour les
institutions et pour les parents d’élèves, est la qualité de
l’enseignement et donc la qualité de la prestation des enseignants,
selon un expert.
« Le
facteur qui a le plus d’influence sur la réussite des élèves, c’est
l’enseignant. Un bon enseignant, c’est celui qui va faire progresser
très vite ses élèves », note Julie Higounet, responsable ingénierie
formation à la Mission laïque française qui pilote le projet.
« Je
souhaite vivement que ce Centre de développement professionnel nous
aide à écrire ensemble de belles pages de l’histoire de notre école
(…) », a poursuivi la ministre ivoirienne de l’Éducation.
Pour
Théodore Gnagna Zadi, à la tête d’une plateforme qui regroupe une
cinquantaine de syndicats du public et du privé, en majorité
d’enseignants, « notre pays a commencé à régresser dans la qualité de
l’enseignement, nos camarades ont besoin de cet instrument pour stopper
l’hémorragie et relancer le système ».