«Je ne l’ai jamais vue sans un livre à la main» : sur les traces de Diary Sow au Sénégal
LE PARISIEN WEEK-END. Si la brillante étudiante est sortie de son silence, invoquant le besoin de s’accorder un répit salutaire, rien ne laissait présager sa disparition. Reportage au Sénégal, dans les pas d’une jeune femme qui portait tous les espoirs de son pays.
Pour rejoindre la maison des Sow, située à Malicounda, un petit village à 85 kilomètres au sud de Dakar, il faut s’écarter de la route principale en travaux, encombrée par de vieilles Peugeot rouillées et rafistolées et par des charrettes surchargées tirées par des chevaux. Puis s’enfoncer dans les ruelles sablonneuses d’un quartier résidentiel endormi, et pousser un lourd portail en fer forgé, pour pénétrer dans le patio de cette bâtisse inachevée.
Là, au pied d’un citronnier, jouent insouciants, un gamin au t-shirt rouge trop grand et une petite fille aux nattes dressées sur la tête, la benjamine de la famille Sow. A l’intérieur de cette habitation au confort moderne, tout rappelle Diary, l’enfant chérie, l’élève brillante partie étudier à Paris, au prestigieux lycée Louis-Le-Grand. Comme, près d’un siècle auparavant, le poète Léopold Sédar Senghor, premier président de la République sénégalaise.
En plus de combler de joie sa mère, Bineta Sow, cette brillante élève, deuxième d’une fratrie de six, fait, depuis plusieurs années, la fierté de son pays tout entier. Comme en témoignent les deux grandes photos exposées au mur de l’entrée de part et d’autre d’un petit écran plat, où Diary pose aux côtés du président du Sénégal, Macky Sall.
mportement de Diary ne laissait imaginer « que quelque chose n’allait pas ».
Après avoir laissé ses proches inquiets sans nouvelles pendant plusieurs jours, la jeune femme, retirée dans un endroit qu’elle garde secret, est enfin sortie du silence. Dans des échanges non datés, publiés par son parrain et mentor Serigne Mbaye Thiam sur Twitter le 21 janvier, l’étudiante explique son geste. « Bonjour tonton. Je tiens à te préciser que je t’écris aussi librement que je suis partie, précise-t-elle d’emblée. Je suis consciente de l’audace, de la cruauté même de ma démarche. Je sais à quels tourments me livre ma décision, je pressens les conséquences qu’elle va engendrer, qu’elle engendre déjà […] », peut-on lire sur le compte Twitter de Serigne Mbaye Thiam, par ailleurs ministre de Macky Sall.