Victoires démocrates, le Congrès s’apprête à entériner la victoire de Biden: mauvaise journée pour Trump
Mauvaise journée pour
Donald Trump: les démocrates se sont rapprochés mercredi du contrôle du
Sénat américain le jour même où le Congrès doit entériner la victoire de
Joe Biden, qui prendra ses fonctions le 20 janvier.
Le
président américain, qui s’exprimera en fin de matinée devant ses
partisans à Washington, devrait une nouvelle fois crier à la fraude,
comme il le fait, sans preuves, depuis le 3 novembre. Mais les résultats
sont là, et ils sont un terrible camouflet pour l’ancien homme
d’affaires, qui refuse toujours de reconnaître sa défaite et est de plus
en plus critiqué dans son propre camp.
Le
candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine
Kelly Loeffler et est entré dans l’histoire en devenant le premier
sénateur noir élu dans cet Etat du Sud. “Ce qui s’est passé hier (mardi)
soir est extraordinaire”, a déclaré sur CNN ce pasteur de 51 ans d’une
église d’Atlanta où officiait Martin Luther King.
L’autre
démocrate en lice, Jon Ossoff, semblait lui aussi en position de créer
la surprise face au sénateur républicain David Perdue. Lors d’une
déclaration mercredi matin, il a revendiqué sa victoire: “Géorgie, merci
pour la confiance que vous m’avez accordée”, a-t-il déclaré lors d’une
brève déclaration. Les grandes télévisions américaines ne l’ont
cependant pas encore désigné comme vainqueur.
Si
sa victoire se confirme, Jon Ossoff deviendrait, à 33 ans, le plus
jeune sénateur démocrate depuis… Joe Biden (en 1973). Les démocrates
auraient alors 50 sièges au Sénat, comme les républicains. Mais comme le
prévoit la constitution, la future vice-présidente Kamala Harris aurait
le pouvoir de départager les votes, et donc de faire pencher la balance
du côté démocrate.
Les
performances démocrates dans ce grand Etat du Sud traditionnellement
conservateur représentent un terrible revers pour le Grand Old Party. Et
si la double victoire se confirme, les républicains, après avoir perdu
la Maison Blanche, verraient la prestigieuse chambre haute leur
échapper.
Trump, pressions sur PenceGalvanisés
par la victoire de Joe Biden dans l’Etat le 3 novembre, une première
depuis 1992, les démocrates ont réussi à mobiliser leurs électeurs, en
particulier afro-américains, clés pour toute victoire démocrate. Signe
des grands enjeux, les présidents élu et sortant avaient fait lundi le
déplacement sur le terrain. Ces élections partielles pourraient être
“votre dernière chance de sauver l’Amérique telle que nous l’aimons”,
avait tonné Donald Trump à Dalton. En vain.
Dans
un étonnant télescopage, le Congrès se réunira mercredi en début
d’après-midi pour enregistrer formellement le vote des grands électeurs
en faveur de Joe Biden. L’issue de cette obligation constitutionnelle ne
fait aucun doute: Joe Biden deviendra président. Mais la croisade de
Donald Trump donne à cette journée une tonalité particulière.
Si
certains poids lourds républicains ont fini par admettre la victoire du
démocrate, des dizaines d’autres parlementaires ont promis d’exprimer
leurs objections mercredi, et de faire résonner les allégations de
fraude au sein même du Capitole. M. Trump a de nouveau fait pression
mardi sur son vice-président Mike Pence, auquel reviendra le rôle
protocolaire de déclarer Joe Biden vainqueur.
“Le
vice-président a le pouvoir de rejeter les grands électeurs choisis de
façon frauduleuse”, a tweeté le président. A tort. Mike Pence présidera
bien la séance conjointe de la Chambre des représentants et du Sénat qui
officialisera le vote de 306 grands électeurs en faveur de Joe Biden
contre 232 pour Donald Trump.
Mais,
selon la Constitution, son rôle consiste à “ouvrir” les certificats
envoyés par chacun des 50 Etats pour transmettre les votes de leurs
grands électeurs. Seuls les élus peuvent contester les résultats dans
certains Etats. Reste que les injonctions présidentielles placent Mike
Pence dans une position délicate, après trois ans et onze mois de loyaux
services. Joe Biden, lui, s’est largement gardé de commenter cette
pression sans précédent autour d’une journée qui relève d’ordinaire
d’une formalité. Mercredi, il a prévu de faire un discours… sur
l’économie.