Covid-19 aux États-Unis : un comité consultatif recommande l’autorisation du vaccin de Moderna
Un comité consultatif d’experts a estimé jeudi que le vaccin
contre le Covid-19 de la société de biotechnologie Moderna pouvait être
autorisé aux États-Unis. Le feu vert officiel des autorités sanitaires
américaines devrait suivre rapidement, ouvrant la voie à la livraison de
doses dès ce week-end.
Un pas vers un
vaccin de plus aux États-Unis. Un comité consultatif d’experts a voté,
jeudi 17 décembre, pour recommander l’autorisation d’urgence du vaccin
contre le Covid-19 de Moderna.
Après cet avis
non contraignant, ce sera à l’Agence américaine des médicaments (FDA)
d’accorder son feu vert, ce qui devrait intervenir très rapidement et
ferait de Moderna le deuxième vaccin à être autorisé dans un pays
occidental.
L’avis a été rendu à 20 voix pour,
aucune contre, avec une seule abstention. La question posée était : « Sur
la base de tous les éléments scientifiques disponibles, est-ce que les
bénéfices du vaccin contre le Covid-19 de Moderna l’emportent sur les
risques de son utilisation chez les personnes de 18 ans et plus ? »
Empêcher l’infection
Après
la recommandation de ce même comité d’autoriser un premier vaccin,
celui de Pfizer/BioNTech, la FDA lui avait donné son feu vert le
lendemain.
La décision ne faisait quasiment
aucun doute, la FDA ayant déjà jugé le vaccin sûr et efficace dans une
synthèse des données publiées plus tôt cette semaine. L’analyse publiée
avait confirmé une efficacité moyenne de 94,1 %. Sur 30 400 participants
aux essais cliniques, 196 ont contracté le Covid-19. Parmi eux, 185
avaient reçu un placebo, et 11 le vaccin (au 21 novembre). De plus, les
30 cas de Covid-19 graves recensés se trouvaient tous au sein du groupe
placebo.
Jacqueline Miller, de chez Moderna, a
ajouté jeudi que de nombreux éléments suggéraient que le vaccin, en
plus de protéger contre le développement des symptômes, pouvait
également empêcher l’infection elle-même chez beaucoup de personnes, et
donc la transmission – une information cruciale d’un point de vue de
santé publique.
Les effets secondaires les plus
répandus du vaccin, baptisé mRNA-1273, sont des douleurs à l’endroit de
l’injection, de la fatigue, des maux de tête, des douleurs musculaires
ou articulaires et des frissons.
200 millions de doses
Mais
après deux cas de réactions allergiques en Alaska au vaccin de Pfizer,
qui utilise la même technologie de l’ARN messager, Doran Fink, du bureau
des vaccins de la FDA, a fait savoir jeudi qu’un avertissement
concernant de potentielles réactions allergiques serait émis en cas
d’autorisation du remède de Moderna. Les centres médicaux devront être
prêts à traiter rapidement ces réactions.
Moderna,
jeune société de biotechnologie basée dans le Massachusetts, a déposé
sa demande d’autorisation en urgence il y a seulement deux semaines et
demie. Elle a commencé à travailler sur son vaccin dès janvier 2019, en
collaboration avec les Instituts nationaux de santé américains (NIH),
et a reçu pour ce faire un soutien de 2,5 milliards de dollars d’argent
public. Le gouvernement américain a pré-acheté 200 millions de doses du
vaccin de Moderna (100 millions à Pfizer). Puisqu’il se prend en deux
doses espacées de quatre semaines, cela correspond à 100 millions de
personnes vaccinées.
La logistique pour la
distribution a été pensée depuis des mois. Le but est « d’avoir les
camions qui attendent littéralement juste à côté de l’usine pour pouvoir
les charger et partir dès le OK de la FDA », avait dit à l’AFP Stéphane
Bancel, le patron de Moderna.
La formule de la
jeune société peut être conservée à -20°C, et non -70°C pour le vaccin
de Pfizer, une température bien plus basse que les congélateurs
standards, et qui a forcé le groupe à développer des containers
spécifiques pour le transport.
Moderna a promis
de distribuer 20 millions de doses d’ici la fin décembre 2020, puis 80
millions supplémentaires au premier trimestre 2021, et les 100 autres
millions au deuxième trimestre (soit d’ici fin juin). Les experts
estiment que plus de 70 % de la population doit être vaccinée pour
mettre fin à l’épidémie, soit environ 230 millions de personnes aux
Etats-Unis.