Brexit : Boris Johnson va se rendre à Bruxelles pour tenter de débloquer la négociation
Le Premier ministre britannique se rendra à Bruxelles « dans les prochains jours » pour une mission de la dernière chance auprès de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, afin de débloquer les négociations post-Brexit, toujours dans l’impasse.
Alors
que les négociations sur l’après-Brexit sont toujours au point mort, le
Premier ministre britannique, Boris Johnson, a annoncé lundi 7 décembre
qu’il se rendrait à Bruxelles « dans les prochains jours » pour y
rencontrer la cheffe de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen. Une
mission de la dernière chance, la période de transition s’achevant le 31
décembre prochain.
« La situation semble très
compliquée et il y a toutes les chances que nous n’y arrivions pas », a
cependant averti un responsable britannique. « Bien que nous ne
considérions pas le processus comme fini, les choses semblent très
délicates et il y a toutes les chances que nous ne parvenions pas » à un
accord, a par ailleurs affirmé une source gouvernementale.
À
l’issue d’un entretien téléphonique très attendu, lundi, Boris Johnson
et Ursula von der Leyen n’ont pu que constater, à nouveau, « que les
conditions » pour finaliser un accord n’étaient « pas réunies ».
Le
jour de la venue du Premier ministre britannique n’est pas encore fixé,
mais il ne participera pas, dans tous les cas, au sommet européen prévu
jeudi et vendredi dans la capitale belge.
Les
deux dirigeants ont souligné que les discussions achoppaient toujours
sur les trois même sujets : l’accès européen aux eaux britanniques, la
manière de régler les différends dans le futur accord et les garanties
exigées à Londres par l’Union européenne (UE) en matière de concurrence
en échange d’un accès sans droits de douane ni quotas à son immense
marché.
Pression inexorable du calendrier
Au
cours d’une rencontre, lundi matin, avec les ambassadeurs des
Vingt-Sept, le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, n’avait pas
caché l’absence de progrès sur ces trois sujets.
Il
avait ensuite estimé, lors d’un autre point avec des eurodéputés,
qu’une décision sur la possibilité de conclure ou non un accord devait
être prise d’ici mercredi, à la veille du sommet européen. Avant de
reprendre les échanges avec son homologue britannique, David Frost.
En fonction du résultat des
tractations, les 27 dirigeants de l’Union européenne pourraient être
invités, jeudi lors du sommet, à examiner les grandes lignes d’un
accord, ou à acter un échec, exigeant ainsi la préparation de mesures
d’urgence face au choc de la rupture.
Les
négociateurs travaillent sous la pression inexorable du calendrier
puisqu’un éventuel accord commercial – de plus de 700 pages – devra
encore être ratifié par les parlements britannique et européen avant
d’entrer en vigueur le 1er janvier prochain, ce qui apparaît de plus en
plus hypothétique avec cette nouvelle prolongation des négociations.
Un porte-parole de Boris Johnson a cependant rejeté l’éventualité de continuer à négocier en 2021.
Le Royaume-Uni prêt à renoncer à des clauses controversées
L’accès
des pêcheurs européens aux eaux britanniques, un sujet qui ne semble
toujours pas avoir progressé, reste hypersensible pour certains États
membres, France et Pays-Bas en tête. Paris a d’ailleurs menacé le
brandir son veto si l’accord ne lui convient pas.
Mais
le point le plus compliqué reste les conditions de concurrence
équitable, destinées à garantir une convergence en matière d’aides
publiques, de normes sociales ou environnementales. La difficulté étant
de trouver un système qui respecte la souveraineté retrouvée de Londres,
tout en protégeant les intérêts européens.
Signe
d’apaisement, le gouvernement britannique s’est dit toutefois dit
disposé, lundi, à renoncer aux clauses controversées d’un projet de loi,
adopté lundi soir par la chambre basse, remettant en cause le traité
encadrant le départ du Royaume-Uni de l’UE, une concession à Bruxelles
pendant cette dernière ligne droite. Les Européens étaient en effet
furieux de voir les Britanniques remettre en cause cet accord.
Depuis
son départ officiel de l’UE, le Royaume-Uni continue d’appliquer les
règles européennes. Ce n’est qu’à la fin de cette période de transition,
le 31 décembre, qu’interviendra sa sortie du marché unique et de
l’union douanière.
Faute d’accord, les échanges
entre Londres et l’UE se feront dès le 1er janvier selon les seules
règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits
de douane ou de quotas, au risque d’un nouveau choc pour des économies
déjà fragilisées par le Covid-19.