En évoquant sa fausse couche dans les colonnes du New York Times mercredi, Meghan Markle, a brisé un tabou. Et si elle n’est pas la seule membre de la famille royale britannique à avoir vécu ce drame, elle est la première à en parler publiquement.

Cette déclaration très personnelle est une première pour un membre de la famille royale. C’est également une étape supplémentaire pour Meghan Markle et le prince Harry, qui ont largement pris leur distance avec la famille royale après avoir quitté leurs fonctions en janvier 2020.

L’annonce de la duchesse de Sussex a d’ailleurs amené de nombreuses personnes au Royaume-Uni à se demander dans quelle mesure la famille royale était au courant de cette terrible épreuve traversée par le couple, qui vit depuis quelques mois à Los Angeles. 

“Affaire personnelle” 

Un porte-parole de Buckingham Palace a ainsi déclaré à la presse: “C’est une affaire profondément personnelle que nous ne commenterons pas”. Le commentateur royal de Sky News, Alistair Bruce, a estimé que les autres membres de la famille “n’étaient probablement pas du tout au courant (…) de ce qui se passait”. “L’annonce d’aujourd’hui est tout à fait dans son style… Exprimer ses propres émotions et contrôler sa propre histoire”, a-t-il ajouté.

Selon Katie Nicholl, journaliste pour le magazine Vanity Fair, la famille royale était cependant bien au courant de la situation depuis des mois et qu’elle a soutenu le couple à distance. “Je crois savoir qu’ils l’ont beaucoup soutenu”, a-t-elle déclaré à la BBC. “Ils étaient au courant de ce qu’il s’est passé. Harry était en contact permanent avec eux pendant l’été et ils savaient ce qu’ils vivaient”.

“Ils ne sont pas le premier couple royal à vivre ce traumatisme et ce chagrin, mais Meghan est certainement la première à en parler de manière aussi publique, aussi graphique et aussi émouvante”, a-t-elle ajouté.

Avant Meghan, Zara Tindall,  la petite-fille de la reine Elizabeth II, avait déjà révélé avoir été victime de deux fausses couches, en 2016 et en 2018. Sophie de Wessex avait elle aussi perdu son bébé  en décembre 2001. Enceinte dans le plus grand secret, elle avait été transportée d’urgence à l’hôpital par hélicoptère après s’être effondrée de douleur chez elle.

Courage

La déclaration de la duchesse de Sussex a par ailleurs été saluée par diverses associations. « J’applaudis Meghan pour avoir eu le courage de partager son histoire avec autant de beauté et d’éloquence », a déclaré Zoe Clark-Coates, responsable du Mariposa Trust, qui soutient les personnes ayant perdu un enfant. C’est « un sujet qui n’est pas souvent évoqué », a ajouté Mme Clark-Coates, qui a écrit des livres sur le deuil et la grossesse.

Chaque fois qu’une célébrité parle d’une fausse couche ou qu’une série télévisée évoque le sujet, « nous constatons une forte augmentation du nombre de gens demandant du soutien », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Écrit à la première personne, l’article de Meghan Markle décrit aussi la souffrance de son mari, le prince Harry, et exprime le chagrin du couple, parents d’un enfant de 18 mois, Archie. Harry et son frère William ont souligné à plusieurs reprises la nécessité de parler de santé mentale.

« Cela permet aux gens de se sentir moins seuls », a salué Mme Clark-Coates, expliquant que certains couples ont l’impression qu’ils ne peuvent pas évoquer leur tristesse après une fausse couche s’ils ont un enfant en bonne santé.

Elle a dressé un parallèle entre l’article de Meghan Markle et une publication sur Instagram du mannequin Chrissy Teigen qui la montrait en larmes à l’hôpital après avoir perdu son fils, mort-né. Publié en octobre, ce message a été « aimé » plus de 11 millions de fois, mais a aussi été critiqué, jugé choquant et trop intime.

Une grossesse sur 5 se termine par une fausse couche

Selon l’association Tommy’s, qui finance des recherches sur les fausses couches et les naissances prématurées, une grossesse sur cinq, soit environ 250.000 grossesses chaque année, se termine par une fausse couche au Royaume-Uni.

« C’est un vrai tabou dans la société, donc les mères comme Meghan qui partagent leurs histoires, c’est essentiel pour mettre fin à cette stigmatisation et à cette honte », a déclaré Sophie King, sage-femme de l’association.

« Son honnêteté et sa franchise envoient un message fort à tous ceux qui perdent un bébé: vous pouvez vous sentir terriblement seuls, mais vous n’êtes pas seuls », a-t-elle dit.

La « stigmatisation entourant une fausse couche » empêche de nombreuses personnes de demander de l’aide, a déclaré Karen Burgess, directrice générale de Petals, association qui aide les personnes ayant perdu un bébé. Elle a salué le « récit franc et brut » de Meghan Markle, espérant que « plus de couples sentent qu’ils peuvent faire de même”. 

Source: BBC, AFP