Covid-19 : Le vaccin BioNTech/Pfizer a « une chance » d’être distribué en décembre 2020
Une demande d’autorisation va être déposée vendredi à l’Agence américaine des médicaments.VACCIN –
Le directeur du laboratoire allemand BioNTech, qui travaille avec
l’Américain Pfizer sur un vaccin contre le Covid-19, a estimé ce jeudi
19 novembre « possible » son autorisation et sa distribution d’ici la fin
de l’année aux États-Unis ou dans l’Union européenne.
« Nous
travaillons d’arrache-pied », a expliqué Ugur Sahin à l’AFP dans une
interview en visioconférence, précisant que la demande d’autorisation
allait être déposée vendredi à l’Agence américaine des médicaments
(FDA).
« Il
y a une chance pour que nous puissions encore obtenir cette année
l’autorisation aux États-Unis ou en Europe ou dans les deux régions »,
assure le chercheur, spécialiste en immunologie. « Il est possible que
nous puissions livrer des vaccins en décembre « , précise-t-il.
L’agence
européenne du médicament (EMA) mène actuellement une évaluation
continue du produit en vue de son autorisation et des données
supplémentaires lui seront transmises « la semaine prochaine ».
Le
régulateur européen pourrait lui donner son feu vert à partir de la
mi-décembre pour commercialiser les vaccins développés par
Pfizer/BioNTech ainsi que la startup américaine Moderna, a annoncé ce
jeudi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
L’Agence
européenne des médicaments (EMA) est « en discussions quotidiennes » avec
son homologue américaine, la FDA, pour « synchroniser leurs
évaluations », et l’EMA pourrait « donner l’autorisation conditionnelle de
mise sur le marché des vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna dès la
deuxième moitié de décembre, si les procédures se passent sans
problème, », a indiqué la chef de l’exécutif européen à l’issue d’un
sommet des Vingt-Sept en visioconférence dédié à la pandémie.
Protection « d’au moins un an »
Le
projet des laboratoires Pfizer/BioNTech est, avec celui du laboratoire
américain Moderna, le plus avancé dans les essais cliniques à grande
échelle qui ont montré dans les deux cas une efficacité comparable, de
95% pour celui de l’alliance américano-allemande.
Des
centaines de millions de doses ont déjà été réservées à travers le
monde. Mais plusieurs gouvernements ont annoncé que les injections
seront d’abord destinées au personnel hospitalier et aux personnes les
plus vulnérables. Le reste de la population devra attendre encore
plusieurs mois.
Si
« tous les acteurs, dont les gouvernements, les entreprises
pharmaceutiques et la chaîne logistique, font du bon travail, nous
pouvons vacciner 60% à 70% de la population d’ici l’hiver 2021 », a noté
Ugur Sahin lors de cet entretien.
« Si
nous y arrivons, nous pourrons avoir un hiver normal, sans nouveau
‘confinement' », a ajouté le scientifique, co-fondateur de BioNTech, basé
à Mayence (ouest de l’Allemagne).
Pfizer/BioNTech a déjà signé plusieurs contrats, notamment avec l’UE et les États-Unis, et discute actuellement « avec 30 pays ».
Les
laboratoires parlent également avec « plusieurs organisations », dont les
Nations unies, dans l’objectif de « rendre le vaccin disponible partout
dans le monde » et de réduire son coût pour le rendre accessible aux pays
pauvres.
Ugur
Sahin, 55 ans, et sa femme Özlem Türeci, directrice médicale et
co-fondatrice de l’entreprise, se feront « bien évidemment » vacciner dès
que possible.
Ugur
Sahin se dit « très confiant » dans la sûreté du vaccin. La question de
l’acceptation d’un vaccin par les populations, dans un contexte de
défiance grandissante, est l’une des questions qui va se poser aux
autorités.
Jusqu’ici,
« aucun effet secondaire grave » n’a été constaté lors des essais à
grande échelle, ont annoncé Pfizer et BioNTech mercredi lors de la
publication de données supplémentaires de leurs tests.
« Deuxième génération »
La chancelière allemande Angela Merkel a estimé ce jeudi qu’il fallait « désormais autoriser ces vaccins sans prendre de risque ».
La durée de la protection conférée par une injection reste l’une des questions à préciser lors des études qui se poursuivent.
« De manière raisonnable, je dirais que le vaccin protègera au moins un an, voire beaucoup plus », a indiqué Ugur Sahin.
Autre
enjeu: la distribution de ce produit qui implique d’être conservé à
très basse température, -70 degrés Celsius, et pas plus de cinq jours à
une température de réfrigérateur.
L’entreprise
estime être « bien préparée » pour une première phase de distribution
selon ces modalités de grand froid pour lesquelles des conditionnements
spéciaux existent.
En
parallèle, BioNTech travaille déjà sur une « deuxième génération » de
vaccin qui puisse se conserver à des températures moins basses.
« Nous
sommes en train d’identifier des conditions qui permettent un transport
à -20 degrés ou un stockage plus longtemps au réfrigérateur », a
détaillé Ugur Sahin.
Inconnus
du grand public jusqu’à peu, les fondateurs de BioNTech ont aussi
attiré l’attention par leur parcours d’enfants d’immigrés turcs, formés
en Allemagne. Le couple a créé l’entreprise en 2008 dans le but de
développer une nouvelle génération de thérapies individuelles pour les
patients atteints de cancer.
Cette
recherche se poursuit: la technologie innovante de l’ARN messager, sur
laquelle est basé leur projet contre le Covid-19, permet d’envisager
l’aboutissement d’autres vaccins ou thérapies, « notamment contre le
cancer », explique le PDG.