Guinée: la mission diplomatique tripartite a rencontré Cellou Dallein Diallo
Une mission conjointe ONU-UA-Cédéao est à Conakry depuis dimanche pour tenter de trouver une issue à la crise. Après avoir rencontré lundi 26 octobre des responsables de la Céni, du gouvernement, et du corps diplomatique, elle s’est rendue au domicile de l’opposant Cellou Dalein Diallo. Pendant ce temps, un calme précaire règne toujours dans la capitale Conakry. Le bilan des violences post-électorales s’élève désormais à 21 morts selon le gouvernement, une trentaine selon l’UFDG.
Cellou
Dalein Diallo voulait rencontrer la délégation au siège de son parti,
finalement, cela s’est déroulé à sa résidence du quartier Dixinn,
encerclée par des pick-up des forces de défense et de sécurité qui
contrôlent les entrées. À l’intérieur, dans le jardin, une cinquantaine
de gardes et militants vêtus de polos verts, aux couleurs de l’UFDG.
Pendant plus de deux heures, les discussions se tiennent dans le
salon privé de l’opposant. Son entourage indique que le général Francis
Béhanzin, commissaire aux Affaires politiques, paix et sécurité de la
Cédéao n’était pas le bienvenu, il n’est pas présent.
À l’issue, le président de la commission de l’organisation
ouest-africaine Jean-Claude Kassi Brou, fait une très brève déclaration.
« Il s’agit de faire en sorte de ramener un peu plus de confiance entre
les acteurs, ramener un peu de paix, de sérénité, puis surtout arrêter
les violences. Je voudrais saisir l’occasion pour remercier le Cellou
Dalein Diallo et toute son équipe avec qui on a eu une très bonne
discussion, des échanges très francs. Nous allons poursuivre nos
consultations. »
Cellou Dalein Diallo, lui, affirme qu’il « n’attend pas grand-chose
de ces émissaires », qui se sont, dit-il, « toujours rangés du côté
d’Alpha Condé ».
Juste après la réunion, l’UFDG affirme que ses deux vice-présidents,
Fodé Oussou Fofana et Kalemodou Yansané, ont été arrêtés par la police.
La conférence de presse de la délégation, prévue lundi soir pour faire
le bilan de sa mission, a été reportée.
« Scènes criminelles savamment programmées »
Hier, le Front national de défense de la Constitution appelait à des
manifestations pour « protester contre le troisième mandat du président
Alpha Condé » mais dans un contexte où l’armée réquisitionnée pour le
maintien de l’ordre tenait tous les carrefours des quartiers favorables à
l’opposition, aucun rassemblement n’a pu avoir lieu. Le long de la
route Le Prince, qui traverse les quartiers réputés favorables à
l’opposition règne un silence oppressant, troublé de temps à autre par
des tirs sporadiques.
À chaque intersection, des militaires en armes, des gendarmes, des
policiers. Dans les ruelles, on aperçoit au loin des barricades mais pas
de rassemblement, malgré l’appel à manifester du FNDC dont Abdoulaye
Oumou Sow est le porte-parole. « Vous avez vu que la ville est
totalement assiégée, il y a des kalachnikov un peu partout, dit-il. Les
citoyens sont repliés dans les quartiers. Vous remarquez que depuis hier
soir, les gens sont de plus en plus enclins à protéger les minorités
ethniques dans leurs quartiers contre les forces de défense et de
sécurité. »
De l’intérieur des quartiers, les habitants accusent les militaires
d’exactions, d’arrestations arbitraires, de bloquer les accès aux
marchés.
Au cours d’un point presse, le gouvernement a affirmé que des civils
se déguiseraient en militaires pour tirer sur les gens. « Ce ne sont pas
de simples délits qui se commettent mais ce sont de cas avérés de
scènes criminelles savamment et préalablement programmées pour ternir
l’image de marque des institutions de l’État », expose Me Mory
Doumbouya, ministre de la Justice.
À Wanidara La route déserte, jonchées de débris, a des airs de champ de bataille. Des éclats de verre, les carcasses de deux camions incendiés, une famille dans les ruines de sa maison détruite au cours d’affrontements entre partisans des deux camps.