Professeur décapité en France: 7 personnes présentées à un juge antiterroriste
Sept personnes dont deux mineurs sont présentées ce mercredi à un juge antiterroriste en vue de l’ouverture d’une information judiciaire et d’éventuelles inculpations après l’assassinat vendredi près de Paris du professeur Samuel Paty. Ce mercredi 21 octobre, un hommage national lui sera rendu à la Sorbonne. Emmanuel Macron a annoncé la dissolution en conseil des ministres du collectif Cheikh Yassine.
Parmi
les sept personnes qui doivent être présentées à un juge antiterroriste
en vue d’une éventuelle mise en examen, figure Brahim C. Ce parent
d’élève a lancé la mobilisation contre l’enseignant Samuel Paty après
deux de ses cours sur la liberté d’expression dispensés les 5 et 6
octobre dans son collège de Conflans-Sainte-Honorine, à une vingtaine de
kilomètres au nord-ouest de Paris.
À la recherche d’éventuelles complicités, les enquêteurs
antiterroristes s’intéressent notamment à des messages échangés sur
WhatsApp entre ce père de famille et l’assaillant, Abdoullakh Anzorov,
18 ans, un réfugié d’origine tchétchène.
Le sulfureux militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, qui avait
accompagné ce parent d’élève dans sa mobilisation, sera également
présenté à un juge mercredi. Il avait notamment diffusé il y a quelques
jours sur Youtube une vidéo dans laquelle il dénonçait le professeur
assassiné, qualifié de « voyou ».
Neuf gardes à vue levées
Également déférés, deux mineurs sont soupçonnés d’avoir reçu de
l’argent de l’assaillant en échange de renseignements sur la victime.
Une source proche du dossier avait expliqué lundi à l’AFP que
l’enseignant décapité avait été « désigné » à l’assaillant « par un ou
plusieurs collégiens, a priori contre une rémunération ».
Enfin, trois amis de l’assaillant, qui s’étaient livrés spontanément à
la police vendredi soir, doivent eux aussi être présentés à un juge.
Selon une source proche du dossier, l’un d’entre eux est soupçonné
d’avoir convoyé l’assaillant, tandis qu’un autre est suspecté de l’avoir
accompagné lors de l’achat d’une arme qui a servi lors de son attentat.
Les gardes à vue de neuf autres personnes ont en revanche été levées
mardi soir, sans que ces personnes ne fassent l’objet de poursuites à ce
stade. Parmi elles figurent trois collégiens, les parents, le
grand-père et le petit frère du meurtrier, mais aussi la compagne
d’Abdelhakim Sefrioui ainsi qu’un homme déjà condamné pour terrorisme et
qui a été en contact avec l’assaillant.
Le collectif pro-palestinien Cheikh Yassine bientôt dissous
Ne laisser aucun répit aux islamistes radicaux, c’est la directive
qu’Emmanuel Macron a donné aux services de l’État. Depuis vendredi, la
pression est très forte, explique-t-on dans l’entourage du président,
qui a voulu venir en Seine Saint-Denis pour s’assurer en personne de
pleine mobilisation des agents de l’État, et faire passer un message.
Emmanuel Macron a ainsi promis ce mardi « d’intensifier » l’action du
gouvernement contre les partisans de l’islamisme politique, plus que
jamais dans le collimateur des autorités. « Il ne s’agit pas de faire de
nouvelles déclarations, […] ce sont des actes qui sont attendus par
nos concitoyens. Ces actes s’intensifieront », a déclaré le chef de
l’État à Bobigny, avant d’annoncer la dissolution dès ce mercredi du
collectif pro-palestinien Cheikh Yassine, fondé par Abdelhakim Sefrioui.
Un collectif « directement impliqué » dans l’assassinat de Samuel Paty,
selon le président français.
« Des décisions de ce type à l’encontre d’associations, de
groupements d’individus, suivront dans les prochains jours et les
prochaines semaines », a ajouté Emmanuel Macron. Une cinquantaine
d’associations, soupçonnées d’accointances avec l’islam radical, sont
dans le collimateur des autorités, notamment le Collectif contre
l’islamophobie en France (CCIF) et l’association humanitaire BarakaCity,
qui contestent les accusations portées contre elles.
Les autorités ont aussi ordonné la fermeture de la mosquée de Pantin
en Seine-Saint-Denis, qui doit être effective ce mercredi, pour avoir
relayé sur sa page Facebook une des vidéos dénonçant le cours sur les
caricatures de Samuel Paty.
Egalement abordée en conseil des ministres, la création d’un « délit
de mise en danger de la vie d’autrui » sur les réseaux sociaux.
Hommage national à la Sorbonne
Ce mercredi vers 17h30 (15h30 TU), un hommage national sera organisé
dans la cour de la Sorbonne, temple de l’éducation qui, depuis des
siècles, incarne et promeut « la liberté de conscience et de pensée ».
Un lieu symbolique choisi en accord avec la famille de l’enseignant pour
saluer la mémoire de ce professeur « humble et dévoué qui servait la
République ». Samuel Paty sera décoré de la légion d’honneur à titre
posthume par le président de la République, dans un cadre intime avant
la cérémonie officielle. Une cérémonie « à hauteur d’homme », que le
chef de l’État veut tout en « sobriété » et en « émotion ».
Le discours d’Emmanuel Macron s’inscrira dans cette expression des libertés. Le président devra trouver les mots pour honorer le professeur martyr devenu le symbole de la France attaquée par l’obscurantisme. Trouver les mots également pour rassurer des Français toujours saisi d’effroi devant la barbarie de cet assassinat. Mais pas question de mélange des genres, pas de politique politicienne, fait valoir l’entourage du président. Ce mercredi à la Sorbonne, l’heure sera au recueillement.