États-Unis: Trump et Biden s’affrontent à distance
Joe Biden et Donald Trump étaient censés s’affronter lors d’un second débat télévisé, mais après la contamination du président au coronavirus, le camp démocrate avait proposé un débat virtuel. Proposition rejetée par Donald Trump. Les deux rivaux se sont donc exprimés à la même heure mais chacun de leur coté sur deux chaînes différentes, dans le cadre de « Town Hall », des émissions dans lesquelles les candidats sont interrogés par de simples électeurs.
Alors
que les États-Unis font face à leur troisième pic épidémique et qu’ils
ont franchi le cap des 215 000 morts, et après la contamination du
président en personne, les premières questions posées à Joe Biden sur la
chaîne ABC portent logiquement sur le coronavirus. Une électrice
républicaine devenue indécise lui demande en quoi sa gestion de la
pandémie serait différente de celle de Donald Trump, rapporte notre
correspondant à San Francisco, Éric de Salve.
Trump n’a rien fait, répond son rival démocrate, masque à la main. Il
a paniqué et n’a jamais eu un discours de président. « Les mots d’un
président sont importants. Quand un président ne porte pas de masque ou
se moque des gens comme moi parce qu’ils portent un masque, alors les
gens se disent que le masque n’est pas important. Or, toutes les études
disent que si nous portions tous un masque, nous pourrions éviter près
de 100 000 morts de plus d’ici la fin de l’année », explique le candidat
démocrate.
Et s’il est élu le 3 novembre, Joe Biden promet de guérir l’Amérique
sur un autre front : celui de la division que Donald Trump, dit-il, ne
cesse de creuser à son profit.
« Nous sommes maintenant plus isolés que jamais dans le monde »
Sur l’international, Joe Biden s’est également montré critique sur le
bilan de Donald Trump. « Nous sommes maintenant plus isolés que jamais
dans le monde. Nos alliés sont seuls. Le slogan « America First » signifie
en réalité « L’Amerique seule », a-t-il déclaré. « L’Iran a maintenant
presque assez de moyens nucléaire pour fabriquer une bombe. La Corée du
Nord a plus de bombes et de missiles à sa disposition. Nos alliés de
l’Otan disent publiquement qu’ils ne peuvent plus compter sur nous. Dans
le Pacifique, nous sommes tout aussi isolés. Le Japon et la Corée du
Sud sont en désaccord, la Chine se déploie, donc je pense que nous
sommes moins en sécurité aujourd’hui qu’autrefois. »
Pour qu’un second débat télévisé puisse se tenir en face à face, Joe
Biden pose une condition : que le président fournisse un test Covid-19
négatif.
Le port du masque encore au centre du débat
Sur NBC, le président Trump a de son côté justifié le fait de ne pas
porter de masque malgré la pandémie et a de nouveau assuré qu’un vaccin
contre le coronavirus serait bientôt disponible, rapporte notre
correspondante à Washington, Anne Corpet. « Au sujet des masques, cela
ne me pose pas de problème, je dis aux gens de porter des masques, mais
l’autre jour j’ai entendu dire que 85% des gens qui portent des masques
attrapent le virus, c’est ce que j’ai entendu, a-t-il affirmé. Et, hey,
je suis président, je dois voir des gens. Je ne peux être enfermé dans
une pièce quelque part pour toute l’année prochaine, et rester là à ne
rien faire. J’étais avec les parents de nos soldats tombés au champ
d’honneur, ce sont des gens incroyables, et ces gens sont venus vers moi
et ils m’ont donné l’accolade, ils m’ont touché et je ne vais pas les
empêcher de faire cela. J’aurais pu choisir de ne pas leur parler ou de
les laisser à l’écart, mais en tant que président je me devais d’être
là. Je ne peux pas rester dans un sous-sol, je ne peux pas être enfermé
dans une magnifique pièce quelque part dans la Maison Blanche et je veux
voir ces familles, je veux voir tout le monde. C’est risqué de le
faire. Beaucoup de gens attrapent cette maladie qui nous a été envoyée
par la Chine, tout le monde travaille dur pour débarrasser notre pays de
cette chose, et nous avons fait un boulot formidable. »
Trump poussé dans ses retranchements
Le président américain a tenté de vanter son bilan mais a été
contraint de rester sur la défensive face aux questions d’une
journaliste incisive. « Je dénonce les suprématistes blancs », a-t-il
dit. Donald Trump avait refusé de le faire lors du débat qui l’avait
opposé à Joe Biden et cela lui avait attiré de nombreuses critiques, y
compris au sein de son propre camp. Il s’y est donc résolu cette fois.
Mais pressé par la journaliste de condamner également les thèses
conspirationnistes du mouvement QAnon, il esquive. « Je ne sais rien sur
QAnon, je sais qu’ils sont très contre la pédophilie, ils se battent
très dur et je suis d’accord avec ça », a-t-il réagi.
Opiniâtre, la journaliste relance le président sur un message
conspirationniste qu’il a retweeté. Donald Trump répond sur la
défensive. « C’était l’opinion de quelqu’un et je l’ai retweetée, je
l’ai mise là, les gens peuvent décider. » « Vous êtes le président, vous
n’êtes pas un oncle fou qui retweete n’importe quoi », s’indigne la
journaliste.
Pendant une heure, le président est soumis à rude épreuve et s’agace : il ne dévoile rien de son projet pour un second mandat. Mais l’assure : « Notre économie est forte et l’année prochaine sera la meilleure que nous ayons jamais connue. »