Docteur Baïdy Birame Touré sort un livre de 288 pages sur l’aéronautique au Sénégal.
De jeunes cadres sénégalais bien formés, on en trouve de plus en plus dans la diaspora. Parmi ces experts, certains sont dans la technologie de pointe comme l’aéronautique dans des entreprises internationales. On les pêche comme des oiseaux rares.
Parmi
ces perles, figure en bonne planque, Docteur Baïdy Touré qui évolue
chez Mitsubishi Aerospace. Cet ancien enfant de troupe de vient de
publier un livre intitulé: « L’industrie aéronautique: enjeux et
opportunités pour le Sénégal ». Il nous explique dans cet entretien son
parcours élogieux, comment persévérer pour arriver à ce niveau et les
opportunités de l’aéronautique à explorer que pour le hub aéroportuaire
du Sénégal soit porteur d’une croissance dans la sous-région ouest
africaine et dans le monde.
Docteur Baïdy Birame Touré, vous êtes ingénieur aérospatial à
Mitsubishi Aerospace, une firme japonaise, présentement vous êtes en
vacances à Montréal, pouvez-vous, vous présenter davantage ?
Merci Monsieur Mamadou pour cette interview. Je complète pour me
présenter rapidement suis sénégalais, ingénieur de conception et je
travaille sur les avions, précisément dans la conception des avions que
ça soit des avions commerciaux ou bien des avions privés. Je suis formé
au pays, ancien enfant de troupe (Prytanée militaire Saint-Louis).C’est
ça mon parcours professionnel présentement. J’ai travaillé aussi pour
Bombardier (canada), en ce moment je travaille au Japon.
Vous êtes spécialiste de l’aviation, ingénieur en
aérospatiale est-ce que simplement une persévérance doublée de longues
études ou de la technicité tout court ?
Je dirai les deux. C’est de la persévérance, de la technicité c’est
des études. Ça prend une spécialisation, un diplôme d’ingénieur si on
veut faire de l’ingénierie mais il faut se spécialiser pour devenir
ingénieur chef de la conception. Cependant si on veut persévérer,
s’impliquer dans de grands à grande envergure ça prend du temps, de
longues études.
Le Sénégal étant un hub aéroportuaire avez-vous des avis de développement de cette infrastructure ?
À mon avis c’est un atout majeur. Nous savons qu’au Sénégal on a
beaucoup à proposer au niveau de l’aéronautique. Avec le nouvel aéroport
de Diass, à mon humble avis le Sénégal vient de se doter d’un aéroport à
point nommé. D’abord, une performance pour faire de ce pays un hub
Aerospace. Ensuite, il faut savoir les exploiter à profit, c’est-à-dire,
il faut savoir se positionner par rapport à la concurrence qui est
vraiment transversale et rude. Le Sénégal est bien parti en jetant les
bases de ce secteur qui a des niches de richesses malgré la féroce
concurrence.
En termes de croissance, un expert comme vous que recommandez à l’état et aux acteurs ?
Pour des recommandations, il faut le Sénégal oser. Regarder qu’est-ce
qui se fait à l’extérieur parce qu’il ne faut pas qu’on reste cloisonné
sur ce domaine mais qu’on benchmark (veille sur les autres) pour faire
mieux que ce qui se passe en Afrique de l’Est, ou en Afrique du Nord.
C’est-à-dire trouver une flotte d’avions qui répondrait mieux à nos
réelles préoccupations. Savoir sur quel segment ou type de courrier se
positionner ? Les longs trajets ont leurs avantages et leurs
inconvénients. Là, où les compagnies Air France, Air Maroc, sont
présentes depuis longtemps, cela ne nous favorise pas assez à mon avis,
mais plutôt faire du régional serait une bonne voie d’exploitation, sans
lâcher le long courrier dans un futur mieux planifié, cela pourrait
marcher comme suggestion.
Le Sénégal compte une constellation d’aéroports régionaux (aéroports secondaires) comment les valoriser ?
Pour pérenniser cette relance, il faut booster le tourisme,
l’aviation, et l’économie pourrait passer par la valorisation de ces
aéroports secondaires qui sont très importants. Saint-Louis, Ziguinchor
sont des aéroports importants qui devraient être mieux exploités pour ce
faire il faut des avions commerciaux, une flotte dynamique au sein de
la communauté ouest aérienne capable de jouer son rôle véritable
aéroportuaire par des échanges réguliers. Ce qui marche moins bien
évidemment ce sont le manque de moyens financier et/ou logistique pour
en faire une priorité nationale à court, moyen ou long terme. Le Sénégal
part du bon pied. L’Aerospace est un pourvoyeur de richesses. Après les
moyens, il faut faire la formation les gens en veulent, pour que ces
aéroports décollent. C’est possible pour le bien de notre patrie.
Vous êtes dans le triangle Dakar-Tokyo-Montréal, en tant
qu’ingénieur Aerospace c’est beaucoup de cultures et une envie dans
l’écriture ?
Effectivement, oui. C’est un mélange (hein) ! On arrive au moment où
on reçoit beaucoup d’expériences, depuis le Sénégal, où je suis natif,
en passant par la France où j’ai poursuivi mes études, après mon
baccalauréat obtenu au Prytanée Militaire de Saint-Louis, en europe,
(France) où, j’ai fait l’école préparatoire, mon doctorat, ensuite j’ai
travaillé dans la compagnie Bombardier au Canada, ensuite aux Usa, et
maintenant au japon. C’est des influences, un multiculturalisme.
Cependant, je suis resté sur mes principes, de sénégalais, de bon fils
de Kaolack, de « saloum-saloum ».
Indéniablement, ce bouillonnement nous pousse à vouloir partager, à
écrire, pour transmettre des expériences des enseignements à des
générations. Une raison pour nous d’écrire notre premier livre de 288
pages.
Dr Baïdy Touré, parlez-nous de ce livre sur l’aéronautique ?
Oui, j’ai écrit récemment ce livre qui se veut une contribution dans
ce domaine. Le titre est : « L’industrie aéronautique, enjeux et
opportunités pour le Sénégal » paru aux éditions universitaires
européennes en juin 2020. Le débat sur l’aéronautique devrait être plus
approfondi, au lieu de discuter sur des légèretés. Le bouquin est bien
apprécié par des collègues ingénieurs, par des experts par des
politiques, des investisseurs qui apprécient l’ouvrage.
Nous essayons à travers cet ouvrage mettre en valeur les clusters
aéronautiques du Sénégal et l’espoir est permis. Autrement, nous avons
étayé par des vécus et faits que l’aéronautique en Afrique et
particulièrement au Sénégal n’est pas un secteur impénétrable, ce qui
n’est pas le cas, c’est parce qu’on manque d’informations, de
stimulation pour nos élèves et étudiants. Au Canada, où au Japon dès le
bas âge les écoliers sont imprégnés dans ces secteurs technologiques de
pointe. Il faut que le changement continue dans la voie des curricula
éducatifs et de nouveaux paradigmes. Vous savez que le Sénégal était un
champion de l’aéronautique avec les St-Exupéry, Jean Mermoz, beaucoup de
bons pilotes aviateurs sénégalais, des astronautes, il faut motiver les
élèves pour redorer le blason de l’aviation commerciale partie de la
France qui s’est développée au Sénégal.
« Redorer le blason de l’aéronautique comme du temps de l’aéropostale ».
Donc, former d’autres aviateurs, d’autres techniciens, d’autres
gestionnaires c’est quelque chose qui me tenait à cœur. Le vrai débat
est posé dans ce livre car depuis dans les années 1940 le Sénégal était
ce porte étendard. C’est pour moi une contribution ce serait bien
d’apporter une certaine expérience vécue encore plus poussée de
l’aéronautique de la construction (conception) technique ou
technologique, l’exploitation, le financement, du dimensionnement de la
flotte et des problématiques du secteur au Sénégal. Ce qui devrait être
corrigé, maintien des acquis, ou des outils qui aident dans la prise de
décision.
Êtes-vous êtes prêt à porter un projet de renaissance de l’aéronautique au Sénégal ?
(Rire). Je pense que c’est une bonne question. Je dirais que je suis
à l’accompagner parce que c’est un projet qui m’intéresse beaucoup, ça
prend beaucoup d’énergie et ça demande de moyens et une seule personne
ne peut pas gérer cela.
A-t-on cherché à te débaucher ou te faire changer de nationalité par exemple (fuite de cerveau).
Vous savez quand on est dans des sphères stratégiques ces occasions
ne manquent pas. Pour moi, mon pays (le Sénégal) m’a tant donné je lui
reste reconnaissant. Des compagnons, autres collègues du monde ont fait
des choix moi que j’ai eu à travailler avec plusieurs compagnies de
construction ou d’exploitation mais je garde ma nationalité étant le
seul noir souvent, j’ai gardé mes valeurs, cette volonté de préserver
partout où j’ai occupé de hautes responsabilités. Cette rigueur adossée à
la foi est dans mon ADN. Je pense que c’est important surtout dans les
domaines de pointe. Que l’on soit ingénieur, journaliste, gestionnaire
un bon travail nécessite des efforts soutenus, une rigueur pour
l’atteinte des objectifs que l’on se fixe.
Ingénieur dans une firme aéronautique internationale handicap
ou avantage, comment vous conciliez attentes professionnelles et vie de
famille ?
Travailler avec dans ces structures internationales, comme
Bombardier, Airbus, Mitsubishi Aerospace, implique des charges de
travail, des objectifs à atteindre. Comme vous le posez, ça demande
beaucoup beaucoup de temps. Maintenant tout dépend de plusieurs
facteurs, de l’environnement professionnel, de la famille, pour
apprécier les avantages ou les contraintes en termes de handicap. Pour
moi c’est mon métier, un plaisir de servir et je me donne gaiement dans
un équilibre. Certes, la fonction d’ingénieur de conception qui
travaille sur les projets qui sont parfois prenants, peut être
diversement appréciée. J’essaie d’être sur les deux registres mais ce
n’est pas facile.
On fait des semaines de 50 heures à 55 heures, c’est une des raisons
qui fait que ma famille basée au Canada ne s’est déplacée au Japon. Ce
n’est pas évident mais on a choisi ce métier, derrière il y a forcément
le prix à payer, mais on essaie quand même de gérer ça en alliant vie
professionnelle et responsabilité familiale.
Dans un contexte d’inondations ou de catastrophe naturelle (fortes
pluies au Sénégal) quand vous prenez les nouvelles du pays que
ressentez-vous en citoyen ?
Ohlala, dans ce contexte là c’est vraiment la fibre citoyenne qui
prédomine avec un pincement au cœur. Je regarde ce qui se passe au pays
les inondations sont préoccupantes. Cela me rappelle mon quartier à
Dakar, il y a vraiment un problème d’assainissement dans des quartiers.
Je pense qu’il y a beaucoup à faire, parce que nous sommes en 2020,
c’est inconcevable que les problèmes de 1999-2000 perdurent encore,
avoir ces difficultés dans nos municipalités, il faut qu’on performe,
qu’on agisse pour bouter des dysfonctionnements aussi bien dans
l’assainissement dans la gestion foncière, dans l’éducation, dans la
santé, car le Sénégal a un standing et nous devons le préserver.
Dr Baïdy Touré, quel est votre mot pour boucler cette interview ?
Je vous remercie Mamadou aicha Ndiaye pour cet entretien qui m’a permis de faire comprendre les tenants de mon livre sur l’aéronautique : « enjeux et opportunités pour le Sénégal » une contribution pour un déclic de mise à jour dans cette dynamique de hub aéronautique commercial pour reprendre les propos du Président Macky Sall.