Zoss: J’ai ma société de Btp, Import-export, que j’ai créée depuis des années
Zoss: J’ai ma société de Btp, Import-export, que j’ai créée depuis des années
Comment est-ce qu’il vit sa retraite anticipée de la lutte avec frappe ? Aurait-il envie de renouer le «Ngimb», le désormais ex lutteur Zoss se confie à L’Observateur. Il a aussi porté le costume de consultant pour analyser les combats ficelés pour la saison à venir.
Vous avez mis fin à votre carrière de lutteur depuis 3 ans maintenant. Comment vivez-vous cette retraite anticipée ?
La limite d’âge en lutte avec frappe est fixée à 45 ans, mais j’ai préféré arrêter plus tôt. C’était une décision murement réfléchie. Pourquoi cette décision ? J’avoue que j’étais trop fatigué à cause du mystique. Il semble que dans la lutte avec frappe, pour accéder au plus haut niveau, il faut vraiment être intraitable sur ce plan. Quand je vais voir un marabout et qu’il me dit qu’il faut faire tel sacrifice pour gagner ce combat, parfois j’ai peur. Je ne suis pas capable de faire du mal à un humain. Pendant ce temps, les autres n’hésitent pas à faire des choses pour accéder au haut niveau. J’ai très souvent été victimes des pratiques mystiques. C’est pratiquement la raison pour laquelle j’ai décidé d’arrêter. Je pensais faire carrière dans une autre discipline comme la boxe où le mystique n’a vraiment pas sa place. Vous savez, le mystique parfois ça te déstabilise. Si le marabout te dit cette bouteille-là, tu te l’asperges en dernière position avant le combat et par inadvertance tu fais le contraire, mentalement tu es sonné. Ça peut te faire perdre toute la concentration qu’il faut pour faire un bon combat. C’était ça mon souci avec la lutte.
Il ne vous arrive pas de regretter et d’avoir parfois envie de revenir dans l’arène ?
Certains supporters, surtout les plus jeunes, me demandent toujours de revenir. Il y a des fans qui ne me pardonnent toujours pas ma décision. Mais, aujourd’hui cet arrêt m’a permis de m’investir dans d’autres entreprises. Je ne regrette rien parce que je suis dans des projets qui me permettent d’aider les gens. La lutte m’a donné une certaine notoriété, donc il faut rendre la monnaie. Je suis dans le social, aider le Centre de transfusion sanguine (Cnts) dans la collecte de poches de sang. On m’a fait savoir que le Sénégal n’a jamais atteint l’objectif des poches de sang. Et selon l’Oms, on a besoin de 1% de notre population de donneurs par an. Ça fait 150 000 à 200 000 poches de sang par an pour sauver des vies. Selon les renseignements avec le Coronavirus, des centaines de femmes ont perdu la vie en la donnant parce que les gens ont peur d’aller donner du sang. J’ai été sensible à ce problème et depuis ma retraite de l’arène, je me suis engagé dans la sensibilisation pour pousser les Sénégalais à aller donner leur sang.
Pour un lutteur qui a mis fin à sa carrière, est-ce que vous avez toujours l’aura pour drainer des foules et faire adhérer les Sénégalais dans votre combat pour le don de sang ?
Par la grâce de Dieu, je suis quelqu’un de très aimé dans ce pays. La popularité que j’ai eue dans l’arène me poursuit jusqu’à présent. Je touche du bois, j’ai du charisme. Je suis né pour être une star. Mon succès est venu naturellement et aujourd’hui je m’en sers pour la bonne cause. Récemment, le 11 avril dernier, j’ai organisé une cérémonie de don de sang à la Cnts et on a récolté plus de 100 poches de sang. On a fait beaucoup de cérémonies du genre dans le passé. Ça veut dire que je suis écouté dans ce pays. Je ne regrette pas d’avoir engagé ce combat qui est vraiment noble. Je ne suis pas dans ce projet pour gagner de l’argent, mais pour aider mon pays. Je le dois bien aux Sénégalais qui m’ont aimé et soutenu durant ma carrière de lutteur.
Qu’est-ce que l’argent de la lutte vous a permis de réaliser dans la vie ?
Je ne cesserai de rendre hommage à la lutte qui a fait de moi une personne influente. Tout ce que j’ai pu réaliser dans la vie, je le dois à la lutte. Aujourd’hui, j’ai eu beaucoup de biens, je ne vais pas les citer, grâce à l’argent que j’ai gagné dans la lutte. Je pouvais réussir ma vie dans un autre secteur, mais le destin a voulu que ce soit dans la lutte.
Les millions de la lutte ne vous manquent pas ?
J’ai ma société de Btp, Import-export, que j’ai créée depuis des années. Je n’ai pas croisé les bras depuis que j’ai décidé de me retirer de l’arène. C’est vrai que beaucoup de lutteurs se retrouvent dans de difficiles situations après leurs carrières, Dieu merci, je ne suis pas dans ce cas.
«Ce que je pense des combats déjà ficelés»
La prochaine saison se prépare déjà avec des affiches alléchantes dont Balla Gaye-Gris, Bombardier-Eumeu Sène… Que vous inspirent ces combats ?
Effectivement, de belles affichent sont montées, ou sont en train d’être ficelées. Ça nous met déjà l’eau à la bouche. Mon seul souci, c’est par rapport aux promoteurs qui mettent leur argent sans savoir à quand la reprise de la compétition. C’est aussi difficile pour les lutteurs. Pour moi, il faut voir comment s’adapter à la situation occasionnée par le Coronavirus. Est-ce qu’il faut rester toujours les bras croisés et laisser le «Sport de chez nous» souffrir ? Il faut réfléchir à des solutions. Aujourd’hui, le football est en train de reprendre un peu partout en Europe. La Nba continue sa compétition sous un autre format. Aujourd’hui, le pay-per-view est une alternative. Avec ce système, on n’a pas forcément besoin d’attendre l’argent de la billetterie pour réussir son événement. On ne peut pas arrêter toutes les activités et rester là, sans chercher une solution. Surtout que les promoteurs ont concocté de bons combats. Balla Gaye-Gris Bordeaux est une revanche très prometteuse. Lors de leur première confrontation, la victoire a été donnée à Balla Gaye 2 qui avait moins d’avertissements, mais le public est resté sur sa faim. On a bien besoin de savoir qui est le meilleur entre les deux.
Bombardier-Eumeu Sène, vous trouvez que c’est aussi un combat qui va tenir ses promesses ?
Tous les deux sortent d’une défaite et veulent la victoire pour se relancer. Bombardier qui est à une saison de la retraite, ne voudra perdre ce combat pour rien au monde. C’est dommage pour Bombardier qui va tomber sous le coup de la loi sur la limite d’âge, alors qu’il est capable de lutter encore. La preuve, il démarre une nouvelle carrière au niveau international avec le MMA (Arts martiaux mixtes). Je pense que le débat mérite d’être posé. Pour moi, tant qu’un athlète se sent apte, il faut le laisser continuer.
Comment trouvez-vous le combat devant opposer Tapha Tine à Boy Niang, deux lutteurs que vous avez affrontés ?
C’est l’un de combat les plus alléchants. J’ai affronté les deux (Tapha Tine l’a battu et il a terrassé Boy Niang), j’avoue que ça va être un combat techniquement de haut niveau. N’attendez pas que je vous dise ce que je connais de chacun d’eux. Avant d’affronter Boy Niang, je l’avais bien étudié et j’ai pu exploiter ses failles. Mais ça, je les garde pour moi. Tapha Tine m’avait asséné un coup à la nuque, c’est irrégulier, mais les arbitres n’avaient rien dit. Ce sont ces choses-là qui font parfois mal. Bref, le combat Tapha Tine-Boy Niang sera très technique avec beaucoup de calcules. Ça va être un combat très alléchant.
Quid du duel qui va opposer votre jeune frère Garga Mbossé à Sa Thiès ?
Je me garderai de rentrer dans les détails. Mais retenez que ce sont deux jeunes espoirs qui ont le même challenge : rejoindre la cour des grands. Donc ils feront, tous les deux, preuve de courage et de bravoure. On a vraiment de belles affiches pour la prochaine saison. Le seul souci que j’ai, c’est par rapport à la reprise des compétitions.
IDRISSA SANE