Guerre commerciale avec Boeing: Airbus et l’Union européenne entre apaisement et menace
C’est un conflit qui dure depuis seize années. Il oppose les avionneurs Airbus et Boeing, et à travers eux l’Union européenne et les États-Unis. En jeu : des accusations mutuelles de subventions déloyales et de concurrence faussée, qui ont mené à l’instauration d’une guerre des taxes. Ce 24 juillet 2020, Airbus fait un pas et annonce renoncer à certaines aides pour se mettre en conformité avec les règles internationales de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Les gouvernements français et espagnol proposaient à l’avionneur européen Airbus des avances remboursables à des taux d’intérêt très avantageux. Pour les États-Unis, ce procédé était synonyme d’aides publiques déguisées et donc de concurrence faussée vis-à-vis de Boeing, le constructeur américain.
Le litige s’éternisait, depuis 2004, mais en octobre dernier l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avait autorisé les États-Unis à répliquer et à imposer des taxes sur près de 7 milliards d’euros d’importations européennes.
Depuis, Washington inflige des tarifs douaniers punitifs de 25% sur certains produits : le vin, le fromage ou encore les olives. En mars, ce sont les taxes douanières sur les avions Airbus qui ont été relevées de 10 à 15%.
Une procédure européenne également en cours devant l’OMC
L’Union européenne accuse, réciproquement, les États-Unis de subventionner Boeing, et demande elle aussi, devant l’OMC, le droit d’infliger des taxes punitives.
C’est pour mettre un terme à cette guerre douanière coûteuse qu’Airbus et l’Union européenne ont donc décidé de renoncer à cette pratique des avances remboursables avantageuses.
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Un geste d’apaisement, incontestablement, mais les dirigeants européens adoptent pour le présenter un ton impérieux : dans la foulée de cette annonce, ce matin, le commissaire européen au Commerce Phil Hogan a exigé que les Etats-Unis lèvent « immédiatement » leurs mesures de représailles. Et il prévient : « En l’absence d’un règlement, l’Union européenne sera prête à faire pleinement usage de ses propres droits de sanction. »