La population de l’Afrique pourrait tripler d’ici à 2100
Une démographie mondiale chamboulée. La population de l’Afrique
subsaharienne pourrait tripler d’ici à la fin du siècle, passant de 1 à 3
milliards d’habitants, selon une étude publiée le 14 juillet dernier
dans la prestigieuse revue médicale The Lancet.
D’après
les chercheurs de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME),
l’Afrique subsaharienne devrait durant cette période rester la région
du monde avec le taux de fécondité le plus élevé. Jusqu’en 2063, ce
dernier devrait être au-dessus du seuil de renouvellement des
générations, fixé à 2,1 enfants par femme, avant de décliner.
C’est
le Nigeria qui devrait connaître la hausse de population la plus
vertigineuse. Elle devrait être mutipliée par près de 4 entre 2017 et
2100, passant de 206 millions à 791 millions, faisant du Nigeria le
deuxième pays le plus peuplé de la planète à la fin du siècle, derrière
l’Inde (1,1 milliard) mais devant la Chine (732 millions).
De
deux pays à plus de 100 millions d’habitants en 2017, l’Afrique devrait
en compter pas moins de neuf en 2100 : l’Egypte, la République
démocratique du Congo (RDC), l’Ethiopie, Madagascar, la Tanzanie,
l’Ouganda, le Tchad, le Niger et le Nigeria. Le continent devrait alors
placer quatre Etats dans le top 10 des pays les plus peuplés de la
planète.
Mais l’Afrique est une
exception. Hormis celle-ci et le Moyen-Orient, toutes les régions de la
planète vont voir leur population baisser d’ici à 2100, en raison de la
chute du taux de fécondité. A l’échelle mondiale, il devrait passer de
2,37 à 1,66. D’après les projections de l’IHME, basé à Seattle et
financé par la Fondation Bill et Melinda Gates, 183 pays sur les 195
étudiés auront d’ici à la fin du siècle un taux de fécondité inférieur à
2,1 enfants par femme.
UN DÉCLIN DÉMOGRAPHIQUE MONDIAL À PARTIR DE 2064
En
conséquence, la population mondiale pourrait atteindre son pic en 2064,
à 9,7 milliards d’individus (contre 7,6 milliards en 2017), puis
décliner à partir de cette date. En 2100, il pourrait n’y avoir plus que
8,8 milliards d’êtres humains sur Terre. Certains pays pourraient même
voir leur population fondre de moitié d’ici là, tels que la Chine (de
1,4 milliard à 732 millions), le Japon (de 128 millions à 60 millions),
l’Espagne (de 46 à 23 millions) ou l’Italie (de 61 millions à 31
millions).
Mais ces chiffres
sont à prendre avec précaution. Ce ne sont en effet que des projections
basées sur un modèle mathématique, qui prend seulement en compte les
taux de fécondité, de migration et de mortalité. «2100 est un horizon
très lointain. Autant, pour 2050, dans trente ans, c’est une génération,
les projections sont solides. Mais d’ici à quatre-vingts ans, beaucoup
de choses peuvent se passer», tempère dans Le Monde le démographe Gilles
Pison, qui n’a pas participé à l’étude.
D’autant
plus que ces prévisions ne collent pas avec celles de l’ONU.
L’organisation internationale prédit une hausse continue de la
population mondiale d’ici à 2100. A la fin du siècle, elle atteindra
selon elle 10,9 milliards d’habitants, soit environ 2 milliards de plus
que dans la projection de l’IHME.