Attaques contre Gérald Darmanin, 167 parlementaires de la majorité alertent : « La justice ne sera plus rendue si accusation vaut condamnation »
Dans une tribune au « Monde », des parlementaires de la majorité dénoncent les attaques contre le ministre de l’intérieur, qui font fi de la présomption d’innocence. Un principe protégé par la Constitution, rappellent-ils, tout comme celui de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Tribune. Le nouveau gouvernement est l’objet d’attaques particulièrement violentes de la part de manifestantes et manifestants qui dénoncent la nomination de deux ministres régaliens, celui de l’intérieur et celui de la justice, en scandant des slogans aussi indignes et diffamants que « Bienvenue au ministère du viol », « Violeurs en prison, pas au gouvernement » ou encore « La culture du viol En marche ».
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, nous sommes toutes et tous engagés au sein de la majorité présidentielle pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes et pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes.
C’est une grande cause nationale du quinquennat, nous la portons avec force, détermination et constance, et nous en sommes fiers. Si du chemin a été parcouru, nous sommes conscientes et conscients qu’il nous faut continuer à œuvrer en nous rappelant à chaque instant que rien n’est jamais définitivement acquis. Toutefois, nous devons le faire sans renoncer à ce que nous sommes : un Etat de droit.
La présomption d’innocence est protégée par notre Constitution, la même qui consacre le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce ne sont pas des valeurs concurrentes mais bien complémentaires. La liberté est indissociable de l’égalité dans notre pacte républicain.
Un garde-fou contre l’arbitraire
En France, seule l’institution judiciaire peut dire qui est coupable ou non, et c’est un garde-fou contre l’arbitraire. L’histoire nous l’a appris, la justice doit être rendue dans les prétoires dans le respect des droits humains. La vindicte populaire n’est pas la justice. Là où l’arbitraire règne, il n’y a pas de démocratie et les plus faibles sont livrés au sort des plus forts.
Dans les pays où la présomption d’innocence est bafouée, les victimes de violences sexuelles, et plus généralement les femmes, ne sont jamais mieux protégées. Au contraire.Lire aussi « On ne laisse pas passer un truc pareil » : à Paris, la détermination des militantes féministes contre la nomination de Gérald Darmanin
Aussi, lorsqu’un individu, quel qu’il soit et quel que soit son statut, n’a jamais été condamné, il a le droit, comme tout citoyen, à la présomption d’innocence. Le ministre de l’intérieur, qui de surcroît n’est ni mis en examen ni placé sous contrôle judiciaire, ne fait pas exception. Quel que soit le sujet, la justice ne sera plus rendue si accusation vaut condamnation.
De même, tout individu a le droit d’être défendu, quelle que soit la gravité des faits qui lui sont reprochés. C’est un très mauvais signe qu’on puisse aujourd’hui, dans une démocratie, reprocher à un avocat – devenu ministre de la justice ou non – d’avoir assuré cette défense.
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