Au Sénégal, la terre était, à l’époque précoloniale, répartie selon le droit coutumier. Et à son arrivée, le colonisateur français a pris possession des terres, expropriant de fait les populations qui en étaient les premiers occupants, rappelle l’ancien ministre conseiller, Moustapha Diakhaté.

Successeurs…

Selon Moustapha Diakhaté, pendant plusieurs siècles, la France a exploité le sol et le sous-sol sénégalais jusqu’à son départ dans les années 60. Et à l’indépendance du pays, la terre a été directement cédée au nouvel Etat du Sénégal qui, au lieu de la redonner aux successeurs des propriétaires initiaux, l’a volée en édictant le nouveau principe selon lequel la terre appartenait désormais à l’Etat pour ensuite dire qu’elle appartenait, sans titre de propriété, à celui qui la mettrait en valeur.

Plan juridique…

“Sur le plan juridique, cette mesure équivaut à une véritable expropriation des ruraux de leurs terres. En effet, avec la loi sur le domaine national les terres ne sont plus ni transmissibles, ni aliénables encore moins cessibles. Ce qui veut dire que ceux qui sont considérés comme les propriétaires ne disposent d’aucun droit réel”, déclare Moustapha Diakhaté.

Possession…

D’après l’ancien directeur de cabinet du président de la République, cette perpétuation du système de possession coloniale d’accaparement par l’Etat de l’essentiel des terres, a fini par faire du paysan sénégalais un vrai apatride foncier sur son propre sol et nécessite une grande révolution agraire pour donner la possibilité aux ruraux d’obtenir gratuitement des titres fonciers.

Changement…

“Au delà du littoral, l’urgence pour le Sénégal est de mettre un terme à 60 ans d’usurpation et de restituer les terres aux populations rurales. Ce changement contribuera, sans nul doute, à s’attaquer aux injustices foncières avec un nouveau cadastrage de toutes les terres permettant aux Sénégalais de connaître et de disposer effectivement de leurs patrimoines fonciers”, ajoute M. Diakhaté.