Coronavirus: un confinement efficace mais une trop faible «immunité collective»
La revue scientifique américaine Science publie une étude sur l’impact du confinement sur l’évolution de l’épidémie de Covid-19 en France. Cette mesure de près de deux mois a prouvé son efficacité mais sa levée fait peser le risque d’une seconde vague épidémique.
L’étude
des chercheurs de l’institut Pasteur ne se repose pas seulement sur le
nombre d’hospitalisations et de décès signalés chaque jour. Elle prend
aussi en compte le fait que de nombreux Français ne développent pas de
symptômes. Ou si peu qu’ils ne sont pas enregistrés comme des cas avérés
de Covid-19.
Pour comprendre la dynamique des
infections, mêmes bénignes, les auteurs de l’article paru ce mercredi
dans la revue Science se sont penchés sur une enquête détaillée de
l’évolution de la maladie à bord du bateau de croisière, le Diamond
Princess, où le virus avait été détecté. Début février, ses quelque 3
700 passagers avaient été maintenus en quarantaine. Tous avaient été
testés.
Taux de reproduction en très nette baisse
En
recoupant ces données et celles de la France, les chercheurs en
concluent qu’avant le confinement, le taux de reproduction de la
maladie, sur le sol français, était de 2,9. En clair, un malade
transmettait le Covid à près de 3 autres personnes. Après 55 jours de
confinement, ce taux est tombé à 0,67. Quand ce taux de reproduction
baisse en dessous de 1, l’épidémie recule.
L’étude
note aussi que 3,6 % des personnes infectées ont dû être hospitalisées,
et que 0,7 % ont succombé au Covid-19. Des disparités très fortes sont
apparues en fonction de l’âge : la mortalité est de 10,1 % chez les plus
de 80 ans et de 0,001 % chez les moins de 20 ans.
Moins de 5 % de la population infectée
Le
confinement a donc prouvé son efficacité en matière de transmission de
la maladie. Revers de la médaille, il a limité l’immunisation de la
population. Au 11 mai, 2,8 millions de personnes ont été infectées,
estime l’étude, soit 4,4 % des Français. En Île-de-France et dans le
Grand Est, les deux régions les plus touchées par l’épidémie, la
proportion est estimée respectivement à 9,9 % et 9,1 %.
Or,
soulignent les auteurs de l’article, sans vaccin, « il faudrait
qu’environ 65 % de la population soit immunisée pour que l’épidémie soit
maîtrisée par la seule immunité ». Selon eux, pour éviter une seconde
vague de contamination, le pays ne peut donc se passer de mesures de
contrôle efficaces et de distanciation sociale stricte, pour réduire au
maximum les risques de transmission.