Souleymane Jules Diop: “Nous sommes une Nation fragile …”
“Nous sommes une Nation fragile, bâtie sur des plaques dont le ciment reste mou, sujet à des mouvements continus jusqu’à son édification compète. L’histoire a voulu que nous soyons une Nation carrefour, avec deux influences majeures, chacune porteuse de la violence qui la caractérise, avec ses sous-entendus hégémoniques et racistes”, estime Souleymane Jules Diop.
Culture…
D’après Souleymane Jules Diop, l’une arabo-berbère, porteuse d’une culture arabophone et d’une religion à vocation universalisante, l’Islam, avec, naturellement, ce que l’arabité (à distinguer de l’islam) porte de dominateur, de condescendant, d’esclavagiste à bien des égards.
Raison…
L’autre, occidentale, elle-même dominatrice qui, en raison du blocage de la Route de la soie par les Ottomans, s’est cherchée des nouvelles routes vers l’Ouest, à la découverte des Nouvelles Indes, bientôt la mise en place des premiers comptoirs sur la côte ouest africaine et la funeste traite négrière.
Malheur…
Selon M. Diop, nous avons eu le malheur de nous trouver, nous populations d’Afrique occidentale, à la pointe la plus rapprochée de cette Amérique nouvellement découverte et serons bientôt le lieu de transit des esclaves achetés pour servir de main-d’œuvre à l’Amérique. Les navires marchands ont remplacé les caravanes, mais les cargaisons, elles, n’ont pas changé : des épices, des étoffes contre des esclaves.
Dispersion…
En réalité, par quelque bout que l’on prenne la chose, cette dure réalité s’est traduite par une extraversion de nos valeurs fondatrices, l’expansion de nouvelles religions par la force du sabre ou de la gamelle ; la dispersion de nos grands empires et la déperdition de notre héritage civilisationnel. Nous nous sommes mis à nous appeler comme des catholiques d’occident ou comme des musulmans du Moyen-Orient, avec une fierté qui devrait plutôt interroger notre authenticité et ce que nous sommes profondément”, poursuit Souleymane Jules Diop.