France: la réouverture des écoles contestée malgré un protocole très strict
Lavage de mains à répétition, port du masque obligatoire ou
recommandé, récréations échelonnées : des règles d’hygiène très strictes
régissent le protocole sanitaire, publié dimanche, qui encadrera dès le
11 mai la réouverture des écoles en France. Ce jour même, des maires
d’Île de France ont demandé dans une lettre ouverte le report de la date
déplorant des délais intenables pour assurer la sécurité sanitaire des
enfants.
Avant l’arrivée à l’école, les
parents sont invités à prendre la température de leur enfant. Les
personnels procèdent de la même manière. L’arrivée et le départ à
l’école peuvent être étalés dans le temps.
Les
salles de classe doivent être organisées de manière à respecter une
distance d’au moins un mètre entre les tables et entre les tables et le
bureau du professeur. Dans le second degré, il est recommandé de
privilégier le déplacement des professeurs plutôt que celui des élèves
et donc d’attribuer une salle à une classe.
Le
port du masque anti-projection pour les personnels est recommandé. Pour
les élèves des écoles maternelles, il est « à proscrire », pour les
autorités sanitaires. Pour ceux des écoles élémentaires, il n’est pas
recommandé mais les enfants peuvent en être équipés s’ils le souhaitent.
Dans le second degré, le port du masque est « obligatoire dans toutes
les situations où le respect des règles de distanciation risque de ne
pas être respecté ». Lorsqu’ils seront accessibles aisément à l’ensemble
de la population, les parents devront équiper leurs enfants. En
attendant, le ministère de l’Education va en fournir aux collèges et
lycées.
Les gestes barrières doivent être appliqués « en permanence, partout et par tout le monde ».
Pour
les locaux, nettoyage habituel et désinfection doivent avoir lieu selon
un protocole de « nettoyage approfondi ». Les échanges manuels de
ballons, jouets, crayons, etc. doivent être « évités ou accompagnés de
modalités de désinfection après chaque utilisation », indiquent les
autorités.
Les récréations doivent être
organisées par groupes de classes, en tenant compte des recommandations
relatives à la distanciation et aux gestes barrière. Il s’agit d’éviter
les croisements de classes et d’élèves. Les jeux de contact et de ballon
doivent être proscrits.
Pour la restauration,
l’organisation du temps et des accès doivent permettre de limiter au
maximum les files d’attente et les croisements de groupes d’élèves dans
les couloirs. La restauration pourra aussi se faire en salle de classe
sous la surveillance d’un adulte.
Les maires d’Ile-de-France demandent le report de la réouverture
Dans
une lettre adressée au président de la République, 316 maires
d’Île-de-France (soit un sur quatre) déplorent des délais intenables
pour assurer la sécurité sanitaire des enfants. Ils appellent l’État à
assumer ses responsabilités.
Les maires
demandent donc au chef de l’État de repousser la réouverture des écoles.
Pour eux, « la préparation du déconfinement se fait dans un calendrier à
marche forcée, alors que, disent ils, nous n’avons pas encore toutes
les informations et que les directives sont mouvantes. »
En
tous cas, elles existent puisque le document sanitaire qui leur a été
envoyé par le gouvernement fait 54 pages. Mais comment voulez vous,
expliquent-ils, que l’on puisse mettre en œuvre sérieusement ce qui nous
est demandé dans les 4 prochaines jours (vendredi étant férié). Qui
plus est quand on sait que la carte de France en rouge ou vert faisant
foi pour le déconfinement ne sera publiée que jeudi. Bref, pour les
élus, « ce calendrier est intenable et irréaliste » et les pousse à
improviser.
Et puis, pour eux, les consignes ne
sont pas claires. Comment, par exemple, choisir entre les enfants que
les parents souhaitent remettre à l’école, ceux dont les parents doivent
reprendre une activité professionnelle, et les autres enfants en
situation de décrochage scolaire ? Ce n’est pas à nous de faire ce
choix disent les maires, mais à l’État.
Et puis
il y a la question des moyens. Ce sont les mairies qui vont devoir
payer pour que le protocole sanitaire soit respecté. Déjà, nombreuses
d’entre elles pallient le manque de masques en en distribuant
gracieusement aux professeurs qui n’en ont jamais reçu du ministère de
l’éducation.
À sept jours de l’échéance du 11
mai, l’exécutif a encore de nombreuses questions auxquelles il va devoir
répondre : sur les départements qui seront déconfinés, sur la date même
de ce déconfinement ou encore sur le périmètre de la réouverture des
écoles. Des questions qui ne manqueront pas d’être posées dès ce lundi.
La semaine à haut risque du gouvernement commencera dès lundi après-midiavec
l’examen au Sénat du texte prolongeant de deux mois l’état d’urgence
sanitaire. Un texte critiqué par l’opposition et notamment par la droite
qui est majoritaire à la chambre haute.
Absence
de protection juridique des élus, non anonymisation des données de
santé, atteinte aux libertés… Les Républicains pourraient même saisir
le Conseil constitutionnel. Un bras de fer entre le gouvernement et les
oppositions qui rythmera la semaine politique puisque mercredi, le texte
sera présenté aux députés
Autre dossier
délicat à gérer cette semaine : la date du déconfinement. Fixée au 11
mai par Emmanuel Macron, soit lundi prochain, elle pourrait être
repoussée si les indicateurs ne sont pas au vert – comprendre, si le
risque sanitaire est encore trop haut. Le verdict tombera jeudi. Une
décision très attendue par les Français. Des Français qui sont également
nombreux à s’interroger sur la reprise de l’école fixée là aussi au 11
mai. Ce week-end, les oppositions ont multiplié les appels à repousser
l’échéance.