Coronavirus: ces pays asiatiques qui sont à la traîne face au Covid-19

Coronavirus: ces pays asiatiques qui sont à la traîne face au Covid-19
Des touristes portent des masques lors de leur visite du temple d'Angkor Wat au Cambodge, le 6 mars 2020.

Comment les pays d’Asie ont-ils géré la crise sanitaire depuis le début de l’épidémie de coronavirus ? L’immensité du continent qui accueille plus de la moitié de la population mondiale est aussi une mosaïque de pays, riches ou pauvres, démocratiques ou autoritaires, dotés de moyens plus ou moins efficace pour faire face à l’épidémie.

Différentes mesures ont été mises en œuvre à travers le monde pour lutter contre la propagation du virus. Politique de dépistage massif, traçage et isolement des malades, mesures de confinement ou encore fermeture des commerces non essentiels, la réactivité a été déterminante dans le contrôle de l’épidémie. Certains pays asiatiques ont pourtant pour des raisons économiques ou politiques tardé à réagir.

Le premier cas de coronavirus au Japon a été confirmé à la mi-janvier auprès d’un résident de la préfecture de Kanagawa de retour du foyer originel de l’épidémie, Wuhan. Depuis, au moins un cas a été confirmé dans les 47 préfectures japonaises, à l’exception d’Iwate. À ce jour, l’archipel compte 13 736 cas de contaminations au Covid-19 et 394 décès sur une population de près de 127 millions d’habitants, soit le nombre de cas de Covid-19 le plus élevé en Asie après la Chine et l’Inde.

Alors qu’il figurait parmi les premiers pays touchés par le Covid-19 dans le monde et sans imposer de mesures drastiques pour combattre le virus, l’archipel a affiché pendant plusieurs semaines une progression lente et stable des cas de contaminations suscitant l’interrogation ou l’incrédulité des experts. La stratégie japonaise a consisté à prendre des mesures non contraignantes. Le pays n’a pas non plus confiné sa population ni imposé des pratiques de distanciation sociale. Malgré la possibilité d’exercer en télétravail de nombreux Japonais ont continué à se rendre sur leur lieu de travail, à prendre les transports en commun bondés, les parcs sont restés ouverts, comme la grande majorité des magasins et des restaurants. Le nombre limité de tests (130 000) n’a pas permis d’obtenir des statistiques fiables sur l’étendue réelle de l’épidémie. Les établissements scolaires n’ont fermé que près d’un mois et demi après l’apparition du 1er cas de Covid-19 dans le pays. Enfin après des semaines de pressions, le gouvernement nippon s’est résigné le 24 mars à reporter les JO de Tokyo 2020 à l’an prochain.

Des Japonais piquent-niquent dans le parc de Ueno pour fêter les cerisiers en fleur, à Tokyo le 19 mars 2020.

Des Japonais piquent-niquent dans le parc de Ueno pour fêter les cerisiers en fleur, à Tokyo le 19 mars 2020. Behrouz MEHRI / AFP

À partir de là, tout s’accélère. Moins de 48 heures après le report des JO d’été, le nombre confirmé de personnes atteintes du SARS-CoV-2 augmente de manière vertigineuse. Les services d’urgence sont au bord de l’asphyxie. Le gouvernement est accusé d’avoir tardé à réagir. De nombreux Japonais doutent des statistiques officielles et s’inquiètent désormais de l’incapacité des autorités sanitaires à remonter les sources d’infection. Pour tenter d’endiguer les contaminations, le gouvernement se résout le 7 avril à décréter l’état d’urgence à Tokyo et dans 6 autres préfectures les plus touchées par le virus. La mesure est étendue le 16 avril à tout le pays pour au moins un mois.

Indonésie

Même si le premier cas d’infection au coronavirus sur le sol indonésien a été signalé le 2 mars, les autorités de Jakarta ont suspendu dès le début du mois de février les vols en provenance et en direction de la Chine. Malgré cette mesure anticipée, le pays a fait l’objet de nombreuses critiques sur sa gestion de la crise, jugée trop lente, opaque et privilégiant les intérêts économiques à la santé de sa population. Jakarta a en effet laissé ses frontières grandes ouvertes aux étrangers, dépensant au passage des milliards de roupies pour promouvoir son secteur touristique. Ce n’est que début mars que le gouvernement de Joko Widodo décide d’interdire l’entrée aux touristes chinois, iraniens, italiens et sud-coréens. Les liaisons aériennes et maritimes sont désormais suspendues jusqu’au 1er juin, sur l’archipel qui copte 17 000 îles.

Le gouvernement n’a pas voulu imposer de confinement strict, pas même dans la capitale Jakarta, mégapole de 30 millions d’habitants qui concentre la grande majorité des cas. En raison du manque d’équipements, de nombreux médecins et personnels médicaux ont été contaminés ou sont morts du virus. Le nombre de tests très limités jusqu’ici devrait augmenter dans les prochains jours, notamment pour éviter un engorgement des hôpitaux sous-équipés et qui n’ont pas les capacités de faire face à une vague soudaine de patients. De l’avis de nombreux experts, les cas d’infections en Indonésie semblent largement sous-estimés.

Afin de freiner la propagation du virus, en particulier en cette période de Ramadan, le gouvernement a imposé des restrictions à grande échelle, comprenant la limitation des déplacements, des événements religieux, des activités socioculturelles et la fermeture des écoles et des lieux de travail. Cette mesure de distanciation sociale est entrée en vigueur dans tout le pays le 24 avril et devrait s’appliquer jusqu’à début mai pour la plupart des grandes villes et jusqu’au 22 mai pour la province de Jakarta. Ces mesures peuvent être prolongées par les autorités locales.

Philippines

Le premier cas de contaminations est apparu à Manille le 30 janvier, soit un mois après le premier cas signalé en Chine le 31 décembre 2019. À ce jour, 7 958 cas confirmés et 530 décès ont été rapportés dans l’archipel. Les vols reliant les Philippines à la Chine ont été suspendus le 1er février, au lendemain de la découverte du premier cas d’infection respiratoire aiguë causé par le nouveau coronavirus. Le président philippin Rodrigo Duterte décide alors d’interdire l’entrée aux Philippines à tous les Chinois venus de Wuhan, foyer de l’épidémie, ou d’autres villes chinoises touchées par le coronavirus. Il faudra attendre le 12 avril pour voir décréter les premières mesures de confinement. La quarantaine concerne environ 55 millions de Philippins, soit près de la moitié de la population de l’archipel. Initialement prévu jusqu’au 30 avril, le confinement a été prolongé jusqu’au 15 mai.

Thierno

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Si vous souhaitez recevoir votre revue de presse par email chaque matin, abonnez ici !