Le Sénégal face à la problématique du Covid-19 en milieu carcéral
Dans le contexte de propagation du Covid-19, la situation est
particulièrement sensible dans les prisons, en raison de la forte
promiscuité. L’observateur national des lieux de privation de libertés
souligne qu’aucun cas n’a été confirmé à ce jour en détention, mais met
en garde contre « une bombe à retardement ».
2036
détenus sur un total d’environ 10 000 ont déjà été graciés par le
président Macky Sall au début du mois, dans le cadre de la lutte contre
la pandémie. Des personnes condamnées à de courtes peines, ou en fin de
détention.
Mais pour Josette Lopez Ndiaye,
observateur national des lieux de privation de liberté, il faut aller
plus loin. « Nous trouvons que ce n’est pas assez. Toutes les maisons
d’arrêt, les établissement pénitentiaires sont surpeuplés. On a noté
qu’il y avait des taux d’occupation supérieur à 120%, voire 150%. Il
suffit que le petit virus entre dans un centre de détention pour que ce
soit une bombe pour la société. »
Tous les
nouveaux prisonniers sous mandat de dépôt sont placés en quarantaine à
la prison du Cap Manuel à Dakar, qui a été vidée pour leur faire de la
place. Autre conséquence : les visites sont suspendues dans les prisons :
les familles ne peuvent donc plus apporter de nourriture.
L’observateur
fait plusieurs recommandations. « On a dit qu’il fallait des
communications téléphoniques gratuites. Ces gens, qui sont dans le
désarroi, ont besoin de rester en contact avec leur famille. Qu’il y ait
plus de savon et lave-main partout. SI on ne s’occupe pas de la
population carcérale, c’est un gros risque pour nous. Je pense qu’il va
falloir que l’Etat voit ça de plus près. »
Concernant
le cas d’Hissène Habré, l’ancien président tchadien considéré comme «
vulnérable », et qui a bénéficié d’une autorisation de sortie de 60
jours, l’observateur estime que la mesure remplit toutes les conditions
prévues par la loi.
Le dernier bilan du
ministère de la Santé sur le front du Covid-19 : le pays enregistre à ce
jour 736 cas positifs, dont 442 sous traitement, 9 décès. Les autorités
sanitaires le reconnaissent : le pays est « dans une phase ascendante
».