Coronavirus: en France chute historique du moral des ménages en avril
Alors que le Premier ministre doit présenter aux députés le dispositif de déconfinement ce mardi après-midi, on apprend que l’indice de confiance des ménages en France a subi en avril une chute historique après la mise en place des mesures de confinement pour lutter contre le coronavirus, a indiqué l’Insee ce mardi 28 avril.
Le confinement pèse sur le moral des Français. Moins 8 points par rapport à mars. C’est la chute la plus brutale depuis la création de cet indicateur en 1972. Calculé sur la base de soldes d’opinion – la différence entre proportion de réponses positives et négatives -, l’indice de confiance des ménages en France est ainsi passé à 95 points, sous sa moyenne de longue période (100). Cet indicateur retrouve ainsi son niveau de février 2019, à un moment où le mouvement de contestation des « Gilets jaunes » pesait encore largement sur le moral des ménages.
Pour expliquer cette dégringolade, l’Insee souligne que son enquête du mois d’avril a été menée du 27 mars au 18 avril dernier, soit après la mise en place du confinement de la population le 17 mars. « La collecte de l’enquête de mars s’était déroulée essentiellement avant la période de confinement », précise l’Institut. L’enquête reflète ainsi une dégradation marquée de l’opinion des ménages à la fois sur l’évolution du contexte économique global, de leur situation financière personnelle et du chômage dans un pays à l’arrêt en raison du confinement décrété face à l’épidémie de nouveau coronavirus.
Craintes sur le chômage
Dans le détail, le solde d’opinion des ménages sur le niveau de vie futur en France a connu la plus forte baisse jamais enregistrée sur un mois pour se situer à – 71, le niveau le plus bas « jamais atteint depuis le début de l’enquête ».
Les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage ont augmenté, pour leur part, « très fortement en avril », gagnant 42 points pour atteindre « un niveau inégalé depuis juillet 2015 », a souligné l’Insee. De fait, le nombre de demandeurs d’emploi n’exerçant aucune activité a connu une hausse historique de 7,1% en France en mars, soit près de 250 000 personnes, selon les données publiées lundi par le ministère du Travail et Pôle emploi.
Moins d’achats importants, plus d’épargne
Dans ce contexte de crise sanitaire doublée d’une crise économique, la proportion de ménages jugeant opportun d’effectuer des achats importants chute lourdement et atteint son plus bas niveau depuis la création de l’enquête, soit une perte de 43 points. Dans le même temps, les Français se montrent légèrement plus confiants sur leur capacité d’épargne actuelle – une baisse de 5 points en avril -, mais légèrement plus pessimistes sur leur capacité d’épargne future.
En avril, a souligné l’Insee, les ménages ont aussi été plus nombreux qu’en mars à redouter que les prix augmentent au cours des douze prochains mois.
Arbitrage entre épargne et consommation
En dépit des pertes de revenus enregistrées par certains ménages, les économistes s’attendent à une augmentation ponctuelle du taux d’épargne des ménages du fait de la baisse de la consommation pendant le confinement.
Mais une inversion de l’arbitrage entre épargne et consommation – traditionnel moteur de la croissance de l’économie française – nécessitera dans les prochains mois que les Français soient moins attentistes. Ce qui passera donc par une amélioration de la confiance des ménages à l’égard de la situation économique.