Les entreprises du pétrole de schiste à la peine aux États-Unis
Alors que le prix du Brent poursuit sa chute, lundi, le cours du pétrole WTI, standard américain, est tombé en territoire négatif pour la première fois de son histoire. Chute de la demande due au coronavirus, manque de capacités de stockage, et financiarisation à outrance du secteur expliquent cette plongée dont l’industrie pétrolière américaine n’a pas fini de ressentir les méfaits.
La fête se termine là où elle avait commencé, à Wall Street. Longtemps dopée par le crédit bon marché, l’industrie du pétrole de schiste a emprunté massivement pour financer l’exploration et l’exploitation des champs (par fracturation hydraulique), notoirement dispendieuses. À ses débuts, en 2008, les prix du baril tournaient autour de 150 dollars. Largement de quoi couvrir les coûts de production. Les investisseurs se laissaient facilement séduire même si les rendements n’étaient pas à la hauteur des attentes. Le réveil a été progressif.
Avec la chute des cours à partir de 2016, les revenus de ces entreprises ont commencé à fondre comme neige au soleil. Depuis cette date, des centaines se sont déclarées en faillite. La crise actuelle en annonce d’autres. Whiting Petroleum, avec son milliard de dollars de dettes à rembourser d’ici l’an prochain, est la première à avoir demandé à être placée sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites, le 2 avril dernier. La première d’une longue série ?
Chesapeake Energy, le troisième producteur indépendant du pays, se débat avec ses créanciers. Sa dette est estimée à 9 milliards de dollars. Moody’s estime que pour les secteurs de la production et de l’exploration (l’amont), les dettes arrivant à maturité en 2024 atteignent les 86 milliards de dollars.
Fermetures de puits
Pour faire face, plusieurs entreprises se sont résignées à réduire considérablement leurs dépenses d’investissement. Au Texas, Parsley Energy a réduit la voilure de plus de 40%. L’entreprise a même fermé certains puits, ce qui n’est pas une opération anodine tant elle est longue et coûteuse. Selon les experts de Rystad Energy, les niveaux d’investissement sont au plus bas depuis treize ans. « Nous redoutons des fermetures de puits en plus grand nombre dans les prochaines semaines, une façon radicale de rétablir le marché », explique Artem Abramov, analyste.