Covid-19/Port de masque : Le vrai, le faux et les illusions
La pandémie de coronavirus
(Covid-19) a fait exploser la demande de masques de protection.
Pourtant, il y a beaucoup d’incompréhensions sur ce bout de tissu. Qui
doit l’utiliser, où, quand, comment et pour combien de temps ? Seneweb y
apporte quelques éléments de réponse pour vous aider à « dé-masquer » le
faux et les illusions.
Le
masque de protection, aussi appelé antivirus, est un dispositif médical
destiné à « filtrer les bactéries et à éviter de contracter » un virus,
comme celui de la grippe ou toute autre maladie virale. Il est
généralement utilisé par le personnel soignant, mais peut aussi être
porté par le grand public pour se protéger des micro-organismes dans un
contexte d’épidémie.
À
ce titre, son port sur le visage permet de se protéger contre les
virus, comme celui de la Covid-19. Cependant, est-ce que ce masque, à
lui seul, peut protéger contre le coronavirus ? Selon des spécialistes
de la santé, le port du masque de protection dans la population générale
ne se révèle pas « particulièrement efficace, car il n’est souvent pas
utilisé correctement ».
Mais il peut être « utile » pour une personne exposée à un risque de contamination, à condition d’être « correctement utilisé ».
En
cette période de pandémie de Covid-19, cet accessoire prend encore plus
de valeur, car de nombreux pays, à travers le monde, ont décidé de
l’adopter en masse pour se protéger. C’est le cas au Sénégal.
En
effet, depuis l’apparition du premier cas positif au coronavirus dans
le pays, tout le monde fait recours au masque de protection.
Pourtant,
l’Organisation mondiale de la santé (Oms) recommande son port qu’en cas
de toux, de fièvre et/ou de difficultés respiratoires, ou encore si
l’on prend « soin d’une personne qui pourrait avoir été contaminée » par
la Covid-19. Selon elle, « il n’existe aucune preuve que les masques
protègent les personnes qui ne sont pas malades ».
À
en croire l’Oms, l’utilisation d’un masque ne protège du coronavirus
que s’il est « associé à un lavage des mains fréquent avec une solution
hydro-alcoolique ou à l’eau et au savon ».
Deux types de masque
Mais
déjà, il faut savoir faire la part des choses. En effet, souligne des
spécialistes, il existe différents types de masque qui ont des niveaux
de filtration variables. Les masques chirurgicaux de type 1 filtrent 95 %
des bactéries, alors que ceux du type 2 filtrent plus de 98 % des
bactéries.On distingue les masques de type 2 normaux et ceux de type R
qui sont plus étanches et résistants aux projections. Et dans le cas des
mesures de prévention de la pandémie de la Covid-19, on distingue : les
masques chirurgicaux anti-projections, qui sont réservés aux malades ou
aux personnes en contact avéré avec un malade, et les masques de
protection respiratoire (FFP2), qui ont un « très haut niveau » de
filtration et réservés aux professionnels de la santé.
Selon
un médecin contacté, le masque de protection s’épuise rapidement. Il a
une durée de vie de 3 à 4 heures et doit être jeté dès le retour à la
maison. Parce qu' »il peut, à tout moment, avoir été contaminé » par une
personne extérieure. Pour lui, cet accessoire est à « usage unique et
n’est en aucun cas lavable ou réutilisable ». Et pour « bien protéger » son
utilisateur signale-t-il, le masque doit être adapté à la taille du
visage et doit être bien positionné.
« Si
vous devez utiliser un masque, prenez des précautions, car mal utilisé,
il peut devenir une source d’infection à cause des germes qui peuvent
s’y déposer. Lavez-vous bien les mains avant de le mettre. Le côté
rembourré de la barrette nasale doit être placé sur le nez et faites
attention à ce que le masque recouvre bien votre visage, de la bosse du
nez jusqu’en bas de votre menton. Il ne faut pas toucher le devant du
masque. Si vous le touchez par accident, lavez-vous les mains. Si votre
masque s’humidifie, il faut le remplacer par un nouveau et il ne faut
pas réutiliser des masques à usage unique », a-t-il souligné au bout du
fil. Avant de préciser que le masque de type FFP, quant à lui, a une
durée de 8 heures.
Ce qu’en pense le ministère de la Santé
Toujours
selon notre interlocuteur, une personne suspectée de présenter des
symptômes d’infection respiratoire ou avérée malade peut également
porter un masque chirurgical pour protéger les autres de ses symptômes
(à la maison, dans les lieux publics, etc.). Le masque peut également
servir dans un contexte de prévention de l’exposition au virus. Il a un
« effet barrière » qui va empêcher le passage des particules bactériennes
et virales.
En
effet, le mode de transmission du coronavirus est sensiblement le même
que celui de la grippe, c’est-à-dire qu’il se transmet d’homme à homme
lors de contacts rapprochés (se toucher ou se serrer la main par
exemple) et par voie aérienne en toussant ou en éternuant (gouttelettes
de salive, postillons). Pour tous les autres, inutile de porter un
masque de protection.
C’est
pourquoi d’ailleurs, dans sa stratégie, le ministère de la Santé
relègue le port du masque presque en dernière position. Contacté par
Seneweb, Dr Aloyse Waly Diouf, directeur de cabinet du ministre de la
Santé, fait savoir que les priorités sont ailleurs. « Le port de masque
n’est pas une barrière sur laquelle on doit baser notre prévention. La
meilleure prévention est de respecter les gestes barrières. Le port de
masque, à la limite, c’est pour les personnes infectées. On ne veut pas
utiliser des mesures trompe-l’œil pour se détourner de l’essentiel »,
tranche-t-il.
La demande supérieure à l’offre
Aujourd’hui,
avec la propagation de la Covid-19, la demande de masques devient de
plus en plus croissante. Beaucoup de pays, à travers le monde, sont à la
recherche de masques pour leur personnel soignant notamment. C’est le
cas de la France, qui a commandé récemment « plus d’un milliard » de
masques de protection, à la Chine singulièrement.
Selon
le ministre français de la Santé, 10 millions de masques venant de
Chine sont arrivés en France, ce lundi 30 mars. Et ces masques seront
distribués aux soignants, d’abord.
Plus de 54 000 masques disponibles à la Pna
Le
Sénégal, aussi, affirme que son personnel soignant est pour le moment à
l’abri car, la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna), qui
assure l’approvisionnement des structures publiques de santé du pays,
dispose encore de stocks dans ses locaux.
En effet, selon sa directrice, Dr Annette Seck Ndiaye, 54 000 masques ont été livrés à la Pna à la date du 26 mars dernier.
Le
chargé de la communication, Yathé Nara Ndoye, quant à lui, a renseigné
que la Pna dispose, à ce jour, d’un « très grand » stock de matériel
médical. Il s’agit de 65 000 masques chirurgicaux, 54 476 masques FFP2,
173 831 gants d’examen et 14 116 gants stérilisés (chirurgie).
« En
tant que chargé de la communication, je peux rassurer les Sénégalais
qu’aujourd’hui, la Pharmacie nationale d’approvisionnement est en mesure
d’assurer l’approvisionnement correct en médicaments et produits
essentiels et consommables (masques, gants, gels hydro-alcools, entre
autres). La Pna n’a pas attendu que la Covid-19 soit là pour faire son
travail. Au contraire, il n’a fait que renforcer son activité », a laissé
entendre Yathé Nara Ndoye au bout du fil.
Si
la Pharmacie nationale d’approvisionnement dispose encore de stocks de
masques pour le personnel soignant, les populations sénégalaises, quant à
elles, éprouvent d’énormes difficultés pour avoir cet accessoire dans
les officines, dans les régions comme à Dakar.
En
effet, aucune pharmacie dans les quartiers de la capitale n’en dispose à
ce jour. Un tour dans quelques-unes à Grand-Dakar nous a permis de
faire le constat. Et selon ces pharmaciens trouvés sur place, il y a une
pénurie « notoire » de masques sur le marché. Une situation qui, selon
eux, s’explique par la propagation de la pandémie de Covid-19.
Introuvables dans les pharmacies
Interpellé
sur la question, le secrétaire général du Syndicat des pharmaciens
privés du Sénégal, Dr Assane Diop, a rappelé que, dans le circuit
normal, les pharmacies privées ne sont pas approvisionnées par la
Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna).
En
fait, au Sénégal, il y a deux circuits d’approvisionnement pour le
médicament et les produits pharmaceutiques. La Pna approvisionne les
structures publiques de santé et les grossistes-répartiteurs. Il
appartient à ces derniers, qui sont au nombre de quatre, de ravitailler
les officines privées. Et vu que ces grossistes-répartiteurs n’ont plus
de stocks disponibles, du coup, cela a eu des répercussions au niveau
des pharmacies privées du pays, à Dakar notamment.
Face
à la demande qui ne cesse de s’accroître en cette période de pandémie,
le syndicaliste tempère. « Nous avons exprimé le besoin auprès du
directeur de la Pharmacie et du Médicament pour que la Pharmacie
nationale puisse dépanner ces grossistes-répartiteurs afin que les
masques se retrouvent au niveau des officines dans les quartiers »,
a-t-il rassuré au bout du fil.
Spéculation sur le marché extérieur
En
plus de cette nécessité, Dr Assane Diop ajoute que ses collègues et lui
sont en train d’activer également d’autres circuits pour avoir les
masques en nombre suffisant. Sur ce, il renseigne qu’il y a même des
grossistes, sur le marché externe, qui proposent le même produit. Mais,
dit-il, les prix sont « excessivement chers ».
Par
exemple, pour les masques, ils proposent aux pharmaciens entre 18 000
et 25 000 F Cfa le paquet, alors qu’en temps normal, il est vendu entre 3
000 et 4 000 F Cfa. Ce qui n’est pas rentable, car les pharmacies ne
peuvent pas revendre l’unité à 500 F Cfa.
Apparition de masques en tissu
Face
à la demande qui ne cesse de s’accroître, à Dakar en particulier, des
tailleurs se sont lancés dans la fabrication de masques de protection en
tissu. Mais si d’aucuns jugent que ce genre de masque ne respecte pas
les normes, d’autres, par contre, les achètent parce qu' »ils n’ont pas
le choix ».
Selon
des spécialistes de la santé, ce masque fabriqué en tissu est
réutilisable à condition de le nettoyer « tous les jours à 30°C avec du
détergent classique ».