NOURRITURE À DÉSIRER, PRISE EN CHARGE MÉDICALE INCOMPLÈTE… Des malades dénoncent leur situation de précarité, leurs familles interpellent le chef de l’Etat et le ministre de la Santé
En
chef de guerre, le président de la République Macky Sall, après la
fermeture des frontières, a enchainé «les bonnes décisions» pour éviter
au pays de sombrer dans une situation ingérable. Aidé en cela par une
classe politique et une société civile conscientes de la gravité de
l’heure, le chef de l’État déroule et semble jusque-là être sur la bonne
voie. A côté de lui, le ministre de la Santé se démène jour et nuit
pour donner la bonne information et s’occuper des malades.
Mais
tout ce bon travail ne servirait plus à rien si la situation des
malades ne s’améliorait pas ou venait à empirer. Pourtant, c’est le
risque qu’on est en train d’encourir au regard de ce qui se passe dans
certaines structures sanitaires chargées de recevoir des malades du
Covid-19. Et une chose est sûre, il est plus que temps pour les
autorités, au premier rang desquelles le président de la République, le
ministre de la Santé et tout le gouvernement, de réagir pour éviter une
complication d’une situation déjà très grave.
DES CONDITIONS DÉPLORABLES À DIAMNIADIO ET DALAL DIAMM
En
effet, ce qui se passe dans certaines de ces structures de santé fait
peur et ne milite point pour la bonne gestion de l’épidémie dans notre
pays. Il s’agit principalement de l’hôpital Dalal Diamm et celui de
Diamniadio. Selon nos informations, dans ces deux structures de santé,
les conditions dans lesquelles évoluent les malades laissent à désirer.
Placés dans des chambres où il n’y a que le lit, les malades n’ont droit
ni au téléviseur, ni au moindre confort. Et ils sont obligés de faire
avec les caprices du climat, faute de climatiseur dans les chambres.
LA NOURRITURE SANS QUALITÉ, INSUFFISANTE, NON CHAUFFÉE ET SERVIE À DES HEURES TARDIVES
Cette situation de précarité se
vérifie également au niveau des repas qui sont servis aux malades.
«Pour ce qui est de la nourriture, il faut dire que c’est la catastrophe
!», s’indigne le parent d’un patient. En effet, en plus du grand retard
accusé dans le service, les repas sont insignifiants, sans qualité et
pas chauffés. Tout cela a poussé certains malades à déplorer leur
situation de précarité à leurs familles respectives, espérant le mini-
mum nécessaire pendant leur hospitalisation. En effet, le petit déjeuner
est servi à 10h ou bien après, le déjeuner est servi vers 16h et le
dîner vers 21h ou 22h. Alors que dans la fiche qui leur est remise, il
est indiqué que le petit déjeuner est servi à 9h, le déjeuner à 14h et
le dîner à 20h.
C’est
d’ailleurs dans ce cadre que certaines familles ont proposé aux
autorités des hôpitaux de livrer eux-mêmes les repas de leurs malades. A
charge pour eux de tout contrôler et désinfecter les plats s’il y a
lieu, mais là aussi, c’est sans compter avec les responsables au niveau
de ces structures sanitaires qui ont opposé un niet catégorique à la
proposition des familles.
LES MALADES NE VOIENT LE PERSONNEL SOIGNANT QU’UNE OU 2 FOIS PAR JOUR
L’autre
chose que certaines familles déplorent, c’est le fait de ne voir le
personnel soignant que très rarement. Et encore, déplorent des malades
contactés, ce ne sont pas les médecins qui viennent. Ce sont des
infirmiers qui viennent les voir, qui prennent leurs constantes, leur
donnent un médicament avant de disparaître.
Mais
le plus grave, c’est l’absence de réponse aux appels d’urgence. En
effet, le dispositif de suivi des malades est établi de sorte que quand
un malade arrive, il lui est remis deux numéros d’urgence sur lesquels
il peut appeler quand il a besoin de voir un spécialiste.
«ON A COMME L’IMPRESSION QUE LE PERSONNEL SOIGNANT A PEUR DE NOUS»
Mais
il arrive que des malades appellent plus de 30 minutes ces numéros sans
que personne ne décroche. Et quand, après des dizaines de minutes
d’attente, quelqu’un décroche, il vous répond sans tact. Et quand on
vous envoie quelqu’un, il ne sait même pas quoi faire. Il est même
arrivé qu’un patient qui souffrait de maux de tête et de diarrhée
appelle le numéro, mais en réponse, son correspondant lui dise que ce
n’est pas cela leur priorité. Un autre patient interrogé, raconte : «on a
comme l’impression que le personnel soignant a peur de nous. Il
s’approche difficilement quand on les appelle et certains se mettent à
trembler quand ils nous touchent. Cela augmente la pression à notre
niveau. C’est comme s’ils avaient peur qu’on les contamine. Et pourtant,
ils portent le matériel d’équipement qu’il faut. On lance un appel au
chef de l’Etat et au ministre de la Santé pour venir voir ce que nous
vivons». Le patient de lâcher : «c’est grâce à Dieu si nous sommes
encore en vie, mais ce n’est pas le suivi médical. Nous sommes à 100 et
quelques cas, quand la situation explosera, ça va être la catastrophe».
De leur côté aussi, les familles, impuissantes devant la précarité de leurs malades et ne voulant pas que le pire se produise, interpellent le chef de l’État et le ministre de la Santé.
S. DAKAR ACTU