L’économie américaine ravagée par la pandémie de coronavirus
L’administration Trump a de nouveau échoué ce lundi 23 mars, à se mettre d’accord avec les élus démocrates et républicains du Sénat sur un très attendu plan de soutien massif à l’économie américaine, fortement touchée par l’épidémie de coronavirus qui a des effets sur de nombreux secteurs dans le pays.
Les
élus démocrates ont, comme dimanche 22 mars, rejeté les mesures
proposées par les républicains, et la motion, qui aurait permis un vote
rapide sur le texte, n’a recueilli que 49 voix sur les 60 nécessaires.
Ce projet de loi vise à mobiliser près de 2 000 milliards de dollars.
Les
démocrates ont déclaré qu’il contenait trop peu d’argent pour les
hôpitaux et pas assez de restrictions sur un fonds destiné à aider les
grandes entreprises. Les républicains ont alors accusé les démocrates
d’obstruction dans une période d’urgence nationale.
Chute brutale du PIB
L’épidémie
de coronavirus se répand avec ses effets économiques dans tout le pays.
Sur le plan de l’emploi et de l’activité commerciale et industrielle,
les premiers chiffres sont attendus dans la semaine. Mais déjà, les
premières tendances sont là.
Alors que les
États-Unis s’étaient habitués depuis plus de dix ans à une croissance
ininterrompue, la crise du coronavirus va mettre un coup d’arrêt à cette
belle histoire. Les entreprises étant paralysées, le PIB va connaître
une chute brutale : 1 500 milliards de dollars de production vont être
perdus, selon le Wall Street Journal.
De
nombreux secteurs, comme le textile ou le commerce, craignent de ne
pouvoir se relever. Selon l’économiste Thomas Philippon de l’université
de New York, le phénomène le plus préoccupant reste le chômage. À ses
yeux, les autorités américaines n’ont pas pris les mesures nécessaires à
temps. Le chômage partiel par exemple n’a pas été organisé. Des
millions de travailleurs précaires vont se retrouver sur le carreau. Le
chiffre de 5 millions de chômeurs supplémentaires circule.
Pour
les analystes de l’assureur Allianz, le taux de chômage américain
devrait presque doubler et dépasser les 6%. On le saura très vite dans
la mesure où rompre un contrat de travail aux États-Unis est très
facile.
Très cher confinement
Le
président américain, inquiet des répercussions économiques de la
pandémie, s’interroge sur la pertinence des mesures de confinement.
Donald Trump envisagerait la réouverture des entreprises, d’ici la fin
de la semaine prochaine, et ce, malgré les avis des experts qui estiment
qu’un retour à la normale risquerait d’entraîner une explosion des cas
dans un pays déjà lourdement affecté par la pandémie.
«
Nous ne pouvons pas laisser le remède être pire que le problème
lui-même. Après une période de quinze jours nous prendrons une décision
», a tweeté Donald Trump, avant de relayer une série de messages qui
plaident en faveur d’un retour au travail des Américains.
La
réouverture des entreprises, dès la fin du mois, a aussi été approuvée
par Larry Kuddlow, le conseiller économique de la Maison Blanche. « On
ne peut pas fermer l’économie, a-t-il déclaré. Le coût économique pour
les individus est trop important. Donc voyons comment les choses
tournent. Il est essentiel de faire plus de tests de dépistage, on
progresse là-dessus, cela va aider. Mais le président a raison : le
remède ne doit pas être pire que la maladie ».
Vu
l’insuffisance de tests de dépistage et le manque de matériel de
protection, le retour au travail des Américains risquerait d’aggraver de
manière catastrophique la propagation de la maladie, qui n’a pas encore
atteint son pic aux États-Unis, précise notre correspondante à
Washington, Anne Corpet.
« La semaine à venir
sera pire que la précédente », a prévenu le médecin chef du gouvernement
fédéral. Les mesures de confinement continuent, d’ailleurs, à se mettre
en place dans le pays, à l’initiative des autorités locales. Mais le
discours du président pourrait pousser les Américains à se dispenser de
ces précautions élémentaires.