Municipales 2020 : participation de 18,38 % à midi sur fond de craintes de contagion du coronavirus
En dépit des craintes sanitaires liées à la progression du coronavirus en France, les bureaux de vote sont ouvert, dimanche, pour le premier tour des municipales. À la mi-journée, le taux de participation était de 18,38 %, soit près de cinq points de moins qu’en 2014, alors que quelque 47,7 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire leurs maires.
Aux urnes malgré tout mais en rangs clairsemés. Les Français votent, dimanche 15 mars, pour le premier tour des municipales dans un pays à l’arrêt à cause de la crise sanitaire du coronavirus. Quelque 47,7 millions d’électeurs, dont 330 000 ressortissants de l’Union européenne, sont appelés à élire leur maire dans un contexte sans précédent, alors que la France a fermé à minuit tous les « lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays ».
Ouverts depuis 8 h, au prix d’un respect scrupuleux des consignes de distanciation et de priorisation des personnes âgées et fragiles, les bureaux de vote fermeront à 18 h, 19 h ou 20 h selon les communes.
Le risque d’une abstention massive est dans tous les esprits. À midi, la participation s’élevait à 18,38 %, en baisse de cinq points par rapport à 2014, avec de forts contrastes entre les territoires.
L’Oise, l’un des premiers foyers de contamination du territoire, a vu la participation perdre près de dix points (18,47 % contre 27,95 % il y a six ans). La baisse atteint ou dépasse 8 points également dans le Nord par exemple, la Charente ou l’Eure (18,73 % contre 26,39 %).
La chute n’est toutefois pas uniforme. Et en Seine-Maritime, où le Premier ministre Édouard Philippe est candidat au Havre, la participation rebondit, passant de 18,34 % en 2014 à 22,74 % ce dimanche.
Emmanuel Macron a, quant à lui, voté au Touquet. Il a justifié le maintien du premier tour des élections municipales au nom de la vie démocratique du pays, appelant les Français à respecter les consignes basiques de prévention contre le coronavirus.
« Je suis garant de la sécurité, de la santé de nos concitoyens mais également de la vie démocratique de notre pays », a déclaré le chef de l’État. « Je pense qu’il est important de voter dans ces moments-là en prenant cette discipline, en respectant ces règles parce que je pense qu’il est important de continuer à rester des citoyens dignes, libres ».
Quelles issues en cas de report du second tour des municipales ?
La progression de l’épidémie, qui a désormais fait 91 morts en France, pose déjà la question de la tenue du second tour, le 22 mars prochain. Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a estimé dimanche que le virus toucherait « probablement » plus de la moitié de la population française.
Jusqu’à tard samedi soir, plusieurs élus, dont pas moins de six présidents de région – Valérie Pécresse (Île-de-France), Xavier Bertrand (Hauts-de-France), Gilles Simeoni (Corse), Carole Delga (Occitanie), Renaud Muselier (PACA), et Hervé Morin (Normandie) –, ont plaidé pour un report du premier tour.
« Ce sont les mêmes qui ont réclamé le maintien à tout prix jeudi, sur un ton parfois menaçant, qui demandent à présent l’annulation à la veille… Il faut être sérieux, à défaut d’être cohérent », a riposté auprès de l’AFP un proche du président Emmanuel Macron. Le chef de l’État avait sérieusement envisagé jeudi d’annuler le scrutin, suscitant l’opposition de nombreux responsables politiques.
Selon le constitutionnaliste Didier Maus, un report du second tour conduirait à annuler le résultat du premier tour, et obligerait les électeurs à revoter pour les deux tours. Face à une situation qui ne s’est encore jamais présentée, l’incertitude des experts demeure pour le cas des nombreuses communes, notamment les plus petites, qui auront élu leur conseil municipal dès le premier tour.
Alors que de nombreux maires faisaient part samedi soir de démissions en masse des assesseurs prévus pour le scrutin, la plupart des bureaux ont pu ouvrir normalement dimanche, au prix parfois de quelques minutes de retard. Des mesures ont été prises pour éviter les files d’attente et faire respecter les distances de sécurité.
Le gouvernement a préconisé de voter de préférence avec un bulletin reçu par courrier, d’émarger avec son propre stylo – bleu ou noir –, et de privilégier les horaires de moindre affluence, entre 9 h et 11 h et de 13 h à 16 h.
Des consignes sanitaires ont aussi été prises par le gouvernement pour que les millions d’électeurs évitent toute contamination. Dans les bureaux de votes, poignées de porte, tables, isoloirs… ont été nettoyées, les files d’attente évitées et les distances de sécurité respectées, notamment à l’aide d’un marquage au sol. À l’entrée des bureaux, du gel hydroalcoolique était mis à disposition des votants dimanche matin.