Affaire Aida Diallo : Eclairage sur l’entourage du khalife général des mourides ( Par Moustapha Fadilou MBACKE )
Depuis un certain temps, l’actualité est focalisée sur l’affaire de la veuve de Cheikh Béthio Thioune au sortir de sa visite nocturne et en catimini, à Porokhane, auprès de Serigne Mountakha Bachir Mbacké.
Cette rencontre a été confirmée par Serigne Modou Rokhiya Mbacké dans un entretien téléphonique enregistré à son insu et qui par la suite a largement circulé dans les réseaux sociaux. Dans cet audio, il justifie à tort ou à raison les motifs qui l’ont poussé à faciliter la visite de cette dame que le Khalife, dans un passé récent, avait publiquement désavouée et jetée à la poubelle.
Dès lors cette rencontre qui a pris de court les mourides dans leur écrasante majorité revêt un caractère incongru qui a soulevé naturellement l’ire des disciples et déclenché cette levée de boucliers à l’endroit de l’entourage immédiat du Khalife.
Certaines personnes, telles des meutes déchainées profitèrent de cette opportunité pour déverser sans retenue leur bile sur l’entourage du Khalife Général tenu responsable de cette forfaiture.
Fort de ce constat, il urge que des précisions objectives soient apportées pour mieux élucider le soubassement de cette affaire avec comme unique objectif d’éclairer la lanterne des talibés qui portent jalousement dans leur cœur la mouridiyya et adorent particulièrement Serigne Mountakha Bachir Mbacké.
TOUBA : VERITABLE PÔLE D’ATTRACTION Avant d’analyser la composition de l’entourage du Khalife et les missions spécifiques assignées à chaque membre auprès du saint homme, il me parait pertinent de rappeler que la proximité des membres de la famille religieuse détentrice pour un temps de la mission sacrée et sacerdotale de diriger la communauté mouride a de tout temps généré une multitude de récriminations et de critiques justifiés ou pas à leur encontre.
Cette réalité dont aucun Khilafat ne peut échapper peut s’expliquer par la multiplicité et la complexité des missions à la fois spirituelles, temporelles et éminemment sociales de cette haute charge divine qui draine et focalise toutes les forces d’intérêts et de convoitises du pays. De facto, Touba devenu carrefour de rencontres, d’échanges et de brassages de tous les segments de la société dans un contexte mondial agité se positionne en pôle d’attraction et centre vital de gravité du pays où tout se fait et se défait dans tous les compartiments de la vie.
Il convient de souligner qu’en dépit de ce bouillonnement dont la ville sainte est en permanence soumise, la préoccupation majeure du Khalife est de préserver et de sauvegarder l’intégrité des disciples contre tout errement face aux dangers et périls pouvant survenir de tout côté qui guettent et menacent la communauté mouride. Il faut relever également que dans cette permanente agitation et la confusion qui en découle , l’éclosion et l’épanouissement de forces obscures sont favorisées. Tapies dans l’ombre, elles mijotent leur sombre dessein, imaginant toutes formes de stratagèmes machiavéliques tendant à ternir voire mettre fin à la noble mission des familles religieuses celle de véhiculer et de propager les valeurs islamiques ancestrales de foi, de vertu et de piété dans le monde.
L’entourage proche de ces hommes de Dieu, malheureusement, ne maitrisant pas les réels enjeux de leur position, s’expose en cible de choix des pouvoirs d’argent toujours à l’affût de tels foyers religieux. Raison pour laquelle, Mame Cheikh Ibrahima FALL BABOUL MOURIDINA alertait en son temps : « Thia kanam touti, liye roure gnak bi, tchi bir gnak bi laye diogué » . ( Il est évident que dans un avenir proche les forces qui feront tomber la façade de protection proviendront de l’intérieur de la façade). Prémonition paraphrasée qui signifie que le danger attendu de l’extérieur proviendra juste de l’intérieur.
Dès après la disparition du regretté Serigne Sidy Moctar Mbacké (que DIEU lui accorde toute sa miséricorde), Serigne Mountakha Bachir Mbacké, installé nouveau Khalife Général des mourides, prit soin dans ses premières décisions d’écarter les membres de la famille de son père Serigne Bassirou Mbacké de toutes les responsabilités sensibles liées à la gestion de la ville sainte . J ‘aborderai plus en détails ce sujet proprement dit dans les passages qui suivent.
AL MOUNTAKHA LE SELECTIONNE L’éternel Diawrigne, bras droit et homme de confiance de plusieurs Khalifes de Serigne Touba devenu Guide suprême de la mouridiyya accepta le pacte d’allégeance de toute la communauté mouride.
Très tôt dénommé le Khalife de la continuité, l’homme de Dieu imbu de ses qualités humaines, de son érudition, de ses vastes connaissances mais surtout de son charisme imprima à son magistère le sceau de la droiture, de la dévotion, de la piété mais surtout de l’anéantissement total à Dieu. Ces atouts et prédispositions naturelles, doublés de son aura personnel pétillant de majesté, lui valent aujourd’hui l’admiration et l’amour profond de tous les musulmans en général et particulièrement des mourides.
Dans le but de dissocier sa famille originelle de tout soupçon d’ingérence dans l’exercice de ses nouvelles prérogatives, sa première décision fut de désigner la Résidence Khadimou Rassoul, comme Siège officiel de son califat. A ses jeunes frères Serigne Fallou Bachir Mbacké et Serigne Issakha Bachir Mbacké il confia la charge de la gestion de tout l’ensemble du patrimoine de la famille de Darou Minane.
Également le nouveau Khalife se ,déchargeait par la même occasion de tous les évènements jadis organisés et pilotés par la famille de Serigne Bassirou Mbacké. En guise d’illustration, je n’en citerais que deux à savoir le FULK de Diourbel durant le mois de ramadan et le Maouloud à Diourbel.
Le Magal de Porokhane était prévu de figurer dans cette liste d’événements à supprimer de son agenda particulier n’eût été l’insistance pressante de certains dignitaires mourides qui le persuadèrent de garder au moins dans ses prérogatives régaliennes cette haute responsabilité qui intéresse et interpelle toute la communauté mouride entière.
A noter que ces nouvelles mesures prises par Serigne Mountakha Mbacké ne manquèrent pas de susciter un goût amer dans la famille de Darou Minane et surtout à Diourbel. Mais au bout du compte, la raison finit par gagner tout le monde convaincu que le Khalife souhaitait par ces sages mesures atteindre un double objectif.
Premièrement celui de préserver sa famille originelle de toute séquelle souvent survenir à la fin de chaque khilafat (que DIEU lui accorde encore longtemps une longue vie). Dans un second plan, inaugurer une ère nouvelle, une nouvelle démarche participative qui lui permettrait de se concentrer exclusivement sur la gestion des affaires de la Cité religieuse.
Dès après la célébration des cérémonies de funérailles de Serigne Cheikh Sidy Moctar Mbacké, Serigne Mountakha Bachir a instruit tous ses fils, neveux et petits fils de Serigne Bassirou Mbacké de ne jamais interférer dans la gestion de son Khilafat et chacun de retourner dans son fief respectif. Il est reconnu aux descendants de la lignée de Darou Minane de ne jamais discuter un quelconque ndigel de leurs guides et que par conséquent tout le monde était convaincu que ces instructions du Khalife allaient être respectées à la lettre.
A analyser de près la configuration des membres immédiatement proche du Khalife et qui détient les principales responsabilités d’où repose le socle du pouvoir de décision de Touba, aucun fils ou autre quelconque neveu que ce soit n’y figure. A ce propos, il faut souligner que rares sont les mourides qui peuvent reconnaître le fils ainé du Khalife.
Fidèle à sa ligne de conduite d’écarter tout membre de sa famille , contrairement dans le passé où des membres proches de la famille (fils ou autres) étaient soit désignés comme interlocuteurs officiels ou officieux auprès des autorités étatiques soit se proclamaient d’un tel statut. Serigne Mountakha Bachir a laissé Serigne Bass Abdou Khadre cette mission.
D’ailleurs à ce propos, ce dernier ne me démentira pas car il est particulièrement à l’aise dans la famille de son homonyme ( Serigne Bassirou ) en dépit des craintes qu’il nourrissait pour évoluer aisément dans cette famille réputée pour son orthodoxie basée sur l’éducation, le savoir, le travail et l’adoration de Dieu .
En prenant ces mesures, Serigne Mountakha apportait une preuve supplémentaire de son engagement à revêtir son magistère d’un caractère neutre et général où toute empreinte ou indice d’accointance familiale est occultée.