Coronavirus : comment la France se prépare à la phase 3 de l’épidémie
En prévision de l’afflux de malades, le système de santé s’organise. Pour éviter tout risque de contamination de patients entre eux, de nombreux hôpitaux ont mis en place des centres de consultation dédiés.
Ce n’est désormais plus qu’une question de jours. Plus rapidement sans doute qu’anticipé, la France se prépare à passer au stade 3 de l’épidémie de coronavirus. Ce cap sera atteint « dans quelques jours, une ou deux semaines maximum », a estimé, jeudi 5 mars, le professeur de médecine Jean-François Delfraissy, à l’issue d’une réunion d’experts avec le président Emmanuel Macron à l’Elysée. Lire aussi Coronavirus : 1, 2 et 3… que veulent dire les différents stades de l’épidémie ?
Jeudi 5 mars à 16 heures, 423 cas étaient recensés, dont 138 nouveaux cas confirmés et trois nouveaux décès rapportés, soit la plus forte augmentation de cas et de décès en une journée depuis le début de la crise. Il devrait donc bientôt être impossible de retracer les chaînes de transmission, et d’identifier des « clusters » (des cas groupés) précis, ce qui marquera l’entrée en phase 3. « Il y a un moment où, nous le savons tous (…), une épidémie est de toute façon inexorable », a déclaré le chef de l’Etat jeudi soir.
Ce ne sera pour autant pas un « grand soir ». A ce stade, aucune mesure nationale de quarantaine, de fermeture d’écoles ou de restriction de circulation n’est envisagée, comme le prévoit, de façon très théorique, le Plan de prévention et de lutte rédigé en 2011 en cas de pandémie grippale. Les mesures devraient être décidées région par région. « On ne paralysera pas la vie économique et sociale du pays », promet le ministre de la santé, Olivier Véran, dans un entretien à Libération vendredi 6 mars. « Quand l’épidémie est là, il s’agit surtout d’organiser le système d’alerte et de soin, et d’assurer la continuité des services de l’Etat, sans empêcher les citoyens de vivre. »
Eviter trop de victimes
En matière de prise en charge des patients, il ne s’agira plus de contenir le virus mais d’éviter qu’il ne fasse trop de victimes. « En phase épidémique, la priorité sera la protection des personnes fragiles et le maintien des capacités de réanimation », insiste Aurélien Rousseau, le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, où 91 cas ont été confirmés. A ce stade, personne n’arrive cependant à mesurer l’ampleur de la vague à venir. « On s’attend à recevoir des patients plus nombreux et plus graves, mais on ne sait pas combien, et on ne sait pas à quel degré de gravité », reconnaît François Crémieux, le directeur général adjoint de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Pour éviter tout risque de contamination de patients entre eux, de nombreux hôpitaux ont mis en place des centres de consultations dédiés, autonomes des services d’urgences habituels. A l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil, des tentes ont été installées à l’extérieur de l’hôpital.
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