Massacres à Beni en RDC: à Halungupa, les jeunes organisent leur propre défense
Les attaques de mi-février attribuées aux ADF ont fait au moins 15 morts parmi les civils dans la région de Beni. À Halungupa, les jeunes organisent des patrouilles nocturnes et diurnes pour ne pas être surpris par une nouvelle incursion.
De notre envoyé spécial à Halungupa, Patient Ligodi
9 heures du matin, la fumée s’échappe encore des bois de chauffe entretenus au beau milieu de la principale allée de Halungupa. Pendant que certains jeunes font des allers-retours, une dizaine, d’autres sont regroupés et discutent.
Kakule est cultivateur, mais il ne peut plus se rendre à son champ et veille avec les autres : « Ça fait deux semaines que les massacres ont eu lieu, nous passons la nuit dehors ici à Halungupa. Nous sommes fatigués de parler. Aujourd’hui, nous ne pleurons plus. Nous n’avons plus peur sinon ces assaillants viendront s’installer ici. »
« Nous nous demandons ce que fait l’armée »
Kasereka, également cultivateur, s’interroge, lui, sur le mode opératoire de l’armée : « En passant la nuit dehors, nous voulons aussi voir si réellement l’armée combat. Les gens meurent parfois à une distance d’environ 300 mètres des positions de l’armée. Nous nous demandons ce que fait l’armée. »
Pour sa part, l’armée évoque « le caractère terroriste des attaques » et affiche sa détermination. « Les FARDC [Forces armées de la République démocratique du Congo] doivent se déployer par rapport à la menace. Nous ne pouvons pas être partout dans un moment. Nous avions prévenu. D’ailleurs, il y aurait plus de massacres si les FARDC n’étaient pas à côté. Nous sommes intervenus à temps pour arrêter ces massacres », estime le commandant du secteur opérationnel « Sokola 1 » Grand Nord, le général de Brigade Jacques Ychaligonza.
Entre-temps, le dispositif sécuritaire a été renforcé, mais la peur règne encore dans la zone.